Opéra de Paris

Play ?

Play, jouer en français dans le texte. Jouer à quoi ? Jouer à la balle, jouer au spationaute, jouer sur scène, jouer aux animaux, jouer au chef d’orchestre, jouer à être amoureux, jouer à se déguiser, jouer sa vie, jouer à être un adulte, jouer, juste pour jouer. Le jeu de séduction, le jeu de l’oie, le jeu de la vie. Qui joue ? Ça veut dire quoi jouer ? Peut-on jouer quand on est un adulte ? Et si le jeu n’était qu’un divertissement, donc un leurre ? Il ne faudrait donc pas arrêter de jouer ?

Beaucoup de questions, peu de réponses. Ou toutes faites. Alexander Ekman m’a déçu plus que plu. Ce Play m’a laissée assez indifférente, avec beaucoup de frustrations. Le premier sentiment, vient de la « non-surprise » de la création. De ne pas être à la première était sans doute une erreur, voilà donc quinze jours que mon instagram est rempli d’images de Play. Il faut dire que la pièce est fortement « instagramesque ». Plus qu’un chorégraphe Ekman est un créateur d’images. C’est joli, ça fonctionne, ça fait de belles photos. Mais le plateau très (trop ?) grand est finalement peu exploité, et quand les danseurs vont se nicher dans les coins profond du côté cour, on ne voit plus rien. A croire que les chorégraphes et metteurs en scène en oublient la salle en fer à cheval (est-ce que ce n’est pas une contrainte intéressante ?). Les images d’Ekman sont très belles : on retiendra particulièrement Aurélien Houette en immense robe blanche, le joli duo Vincent Chaillet/Sylvia Saint-Martin, le défilé de rennes, et la pluie de balles vertes formant peu à peu une piscine à balles dans la fosse d’orchestre. Les danseurs commencent ce diaporama avec une succession de jeux, habillés comme de jeunes bambins en culottes courtes. Regarder des gens jouer, cela me laisse assez indifférente. Je ne ris pas à voir les danseurs plonger dans la piscine (à vous dire vrai cela me provoque la même frustration que lorsque que je vais à Ikéa et que je passe dans l’espace enfant…). Ce jeu, enfantin, c’est ce qu’Ekman appelle le mode « on ». Au milieu de cette foule de joueurs, il y a the « off lady », incarnée par Caroline Osmont. Tailleur gris, chignon tiré, petites lunettes et escarpins. Elle est la maitresse, l’adulte, celle qui range, qui gronde, celle qui ne joue pas.

Passé ce mode « on » on passe en « off ». Les danseurs sont donc tous en tailleur gris, avec cheveux grisonnants et lunettes. Ils miment des gestes de travail, qu’ils répètent inlassablement. Heureusement, on s’accroche à la musique, qui est vraiment merveilleuse tout au long de la pièce. Puis Ekman nous livre un discours surtitré le long de la fosse (sérieusement ? et la visibilité ?) dont on se serait bien passé. Il nous explique à quel point nous courrons après un succès hypothétique et que lorsque nous y parvenons, nous ne savons pas en jouir. Il continue avec un discours sur la nécessité qui serait une illusion, y compris dans la danse et la musique…Là j’ai atteint le summum de l’agacement (je vous passe mes pensées intérieures qui ressemblaient à « mec sérieux va lire Spinoza… ou Meillassoux, peut être que tu trouveras une définition de la nécessité qui a du sens et par la même occasion celle de la contingence… Je m’excuse auprès de Félix qui a subi toute la démonstration avec beaucoup de patience et de sourire. J’ai des amis formidables !). Avait-on vraiment besoin d’un discours ?! On n’est pas non plus à la FIAC on n’a pas besoin du déroulé du processus de création. Dans la tension qui naissait du haut de ma colonne vertébrale jusqu’au coccyx, l’apaisement est arrivé avec la séance qui me semble vraiment être le beau moment du ballet. La danse sur les cubes m’a rappelé le très beau Cacti. Redoutablement efficace, cette contrainte du cube pousse la créativité d’Ekman et on se réveille enfin un peu. Le mode off se termine avec un public un peu endormi.

Après les saluts, le dernier chant ouvre la place pour transformer Garnier en espace de jeu. Enfin Garnier, c’est vite dit. Le parterre en somme. De gros ballons sont lancés, les danseurs lancent des balles jaunes dans le public, les danseurs jouent au ruban sur scène… Vous vouliez jouer ? On vous donne deux minutes de divertissement. On vous fait jouer. Enfin on vous lance la baballe. En rentrant de Play on a envie d’ouvrir Pascal pour se rappeler ce qu’est le divertissement.

Léonore Baulac est nommée danseuse étoile !

A l’issue de la représentation du Lac des cygnes, où elle interprétait pour la première fois le rôle d’Odette/Odile, Léonore Baulac a été nommée danseuse étoile par Stéphane Lissner, sur proposition d’Aurélie Dupont. Voilà une deuxième étoile sur la série du Lac des cygnes. Aurélie Dupont surprend par le choix des dates (sur la deuxième pour Germain Louvet, sur la seule prise de rôle de Léonore Baulac en cygne).

 

Léonore Baulac est à l’instar de Germain Louvet, une danseuse siglée « génération Millepied ».Repérée à 11 ans dans un concours de danse à Caen, elle intègre à 15 ans l’école de l’Opéra de Paris. Après être entrée dans le corps de ballet en 2008, elle a une ascension fulgurante avec l’arrivée de Benjamin Millepied. Coryphée en 2014, puis sujet. Elle reçoit le prix de l’AROP et devient première danseuse en 2016. Ne lâchant jamais son rêve, elle déclare  dans un documentaire à France 2 : « Devenir danseuse étoile, évidemment que c’est un rêve, sinon je ne me lèverai pas le matin ». Elle décolle aussi grâce à Aurélie Dupont, qui la coatche pour son concours. Son cygne noir marque le jury, mais elle devient coryphée que plus tard, après une variation remarquée d’In the middle. 

A partir de ce moment-là, elle enchaine les rôles. On se souvient d’elle en Clara, mutine et enfantine aux côtés de Germain Louvet, mais aussi de sa Juliette. Benjamin Millepied la choisit dans toutes ses créations : Daphnis et Chloé, Clear Loud Bright Forward. Elle danse Forsythe, qui lui écrit un joli pas de deux avec François Alu, mais aussi Anne Teresa De Keersmaeker. Léonore Baulac était promise à ce destin d’étoile, souhaitons lui maintenant bonne route dans la voie lactée.

Concours de promotion femmes 2016

Les 4 et 5 novembre ont lieu le concours de promotion interne du ballet de l’Opéra de Paris. Cette année le jury était présidé par Stéphane Lissner. Il était composé d’Aurélie Dupont (directrice de la danse), Clotilde Vayer (Maître de ballet associé à la direction de la Danse), Ghislaine Thesmar (Danseuse étoile et pédagogue), Ana Lagune (Danseuse, chorégraphe et pédagogue), Fabrice Bourgeois (maître de ballet – suppléant), Amandine Albisson (danseuse étoile), Josua Hoffalt (danseur étoile), Charline Giezendanner (sujet), Aurélia Bellet (sujet), Alexandre Labrot  (quadrille). Retour sur le concours hommes. La chronique ne reflète que mon avis personnel.

  • 10h Quadrilles femmes 

1 poste de coryphée. Classement :

  1. Camille Bon, promue
  2. Claire Gandolfi
  3. Ambre Chiarcosso
  4. Caroline Osmont
  5. Camille de Bellefon
  6. Amélie Joannidès

Variation imposée : La Belle au bois dormant, prologue, variation de la 6ème fée, Rudolf Noureev

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Les variations libres des candidats :

Sofia Rosolini : In the middle somewhat elevated, William Forsythe
Victoire Anquetil : Don Quichotte, acte II, variation de Dulcinée/Kitri, scène de la vision, Rudolf Noureev
Camille Bon : Grand Pas classique, Victor Gsovsky
Ambre Chiarcosso : Raymonda, acte II, variation d’Henriette, Rudolf Noureev
Julia Cogan : The Four Seasons, variation du printemps, Jerome Robbins
Camille de Bellefon : Suite en blanc, la cigarette, Serge Lifar
Eugénie Drion : Suite en blanc, pas de cinq, Serge Lifar
Lucie Fenwick : Vertiginous Thrill of Exactitude, William Forsythe
Claire Gandolfi : La nuit de Walpurgis, George Balanchine
Marion Gautier de Charnacé : Grand Pas, Twyla Tharp
Clémence Gross : Diane et Acteon, Agrippina Vaganova
Awa Joannais : Le Sacre du printemps, variation de l’Elue, Maurice Béjart
Amélie Joannidès : Sylvia, pas de deux, George Balanchine
Héloïse JocquevielVertiginous Thrill of Exactitude, William Forsythe
Caroline OsmontIn the middle somewhat elevated, William Forsythe

Mes impressions : La variation de la 6ème fée a plutôt convenu à cette classe de danseuses. Quelques tremblements dans la diagonale qui remonte avec les piqués et le tour en dedans, mais dans l’ensemble, les danseuses s’en sont bien sorties. Parmi les candidates solides, on aura remarqué Victoire Anquetil (une belle interprétation, de magnifiques ports de bras), Eugénie Drion (elle aussi de beaux bras, elle respire jusqu’au bout des poignets, c’est très élégant), Claire Gandolfi, très à l’aise dans l’exercice, et Amélie Joannidès, toujours aussi pétillante en scène. Camille Bon était la plus solide ce jour là techniquement. On sent un gros travail de préparation, qui a payé. Si jeune et déjà si assurée, avec un port de tête altier… A suivre !
Elle a voulu d’ailleurs confirmer ses qualités techniques avec son choix de variation libre : c’est propre, bien éxécuté et cela lui va bien. Victoire Anquetil passe à côté de Dulcinée, et c’est dommage, car son imposée était vraiment bien. J’ai trouvé Eugénie Drion très belle dans le Lifar, elle n’est pas classée, bon… Un peu comme si le jury l’avait oubliée. Nombreuses sont les candidates à avoir choisi Forsythe. Celle qui brille le plus dans le « style » Forsythe fut Lucie Fenwick. J’ai aussi apprécié la prestation d’Héloïse Jocqueviel ; un peu verte, mais cette fille a quelque chose de touchant, une espèce de délicatesse hors du temps.

Un poste de coryphée, cela doit être très dur pour bon nombre de danseuses qui commencent à avoir de l’ancienneté dans cette classe.

  • 11h40 Coryphées femmes

1 poste de sujet. Classement :

  1. Alice Catonnet, promue
  2. Letizia Galloni
  3. Roxane Stojanov
  4. Sophie Mayoux
  5. Jennifer Visocchi
  6. Juliette Hilaire

Variation imposéeLa Belle au bois dormant, acte I variation d’Aurore, Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa.

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Les variations libres des candidates :

Aubane Philbert : Roméo et Juliette, Acte I, variation du bal, Rudolf Noureev
Charlotte Ranson : La maison de Bernarda, variation de la soeur bossue, Mats Ek
Roxane Stojanov : Bhakti III, Maurice Béjart
Jennifer Visocchi : Carmen, variation de la Chambre, Roland Petit
Laure-Adélaïde Boucaud : Dances at a gathering, variation de la danseuse en vert, Jerome Robbins
Alice Catonnet : Emeraudes/Joyaux, 1ère variation, George Balanchine
Letizia Galloni : La nuit de Walpurgis, George Balanchine
Emilie Hasboun : Les mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Juliette HilaireLes mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Sophie Mayoux : La Bayadère, acte II, variation de Nikiya, Rudolf Noureev

Mes impressions : Le frisson a traversé la salle quand Letizia Galloni est tombée. Oui sur le papier, au vu de ses distributions, de son talent, c’était son année. A part sa chute, on peut tout de même dire que sa variation d’Aurore était parfaite. Quelle délicatesse ! Quelle personnalité ! Sa nuit de Walpurgis était aussi de toute beauté, quel dommage.

Alice Catonnet n’a pas démérité. Son concours était lui aussi très réussi. C’est une Aurore délicate, avec des qualités de ballerine indéniables. Dans Emeraudes, elle a proposé quelque chose de vraiment très intéressant. C’était précis, élégant et très agréable à regarder. C’est une jolie promotion.

Le reste de la classe a proposé des prestations intéressantes. Jennifer Visocchi danse une Carmen très autoritaire qui ne manque pas de sensualité. Roxane Stojanov est sublime dans Bhakti III (absolument sublime). Charlotte Ranson offre un beau moment de Mats Ek : c’est un répertoire qu’elle a beaucoup dansé et elle y est très à l’aise. Juliette Hilaire est émouvante et intrigante dans Les mirages.

  • 14h30 Sujet femmes

1 poste de première danseuse. Classement :

  1. Sae Eun Park, promue
  2. Marion Barbeau
  3. Eléonore Guérineau

Variation imposée : Don Quichotte, Acte II, scène de la vision, variation de Dulcinée/Kitri, Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa.
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Variations libres des candidates :

Sae Eun Park : Paquita, acte II, variation du Grand Pas, Pierre Lacotte
Silvia Saint Martin : Other Dances, 1ère variation, Jerome Robbins
Ida Viikinkoski : Notre-Dame de Paris, acte I, variation d’Esmeralda, Roland Petit
Séverine Westermann : La bayadère, acte II, variation de Nikiya, Rudolf Noureev
Marion BarbeauOther Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Héloïse Bourdon : La Maison de Bernarda, variation de la servante, Mats Ek
Fanny GorseOther Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Eléonore GuérineauOther Dances, 1ère variation, Jerome Robbins

Mes impressions : Un certain nombre de passionnés atttendaient la promotion d’Héloïse Bourdon. Mais c’était sans compter sur la prestation techniquement brillante de Sae Eun Park, qui un peu à la manière d’Alice Renavand, a voulu montré ce qu’elle avait dans le ventre.
Héloïse Bourdon est descendu de pointes pendant la diagonale, ce qui lui coûte une éventuelle promotion. D’autres diront que c’est sa variation libre. Je ne crois pas à cette hypothèse, dans la mesure où elle a fait un vrai choix, a voulu montrer qu’elle savait faire plusieurs choses.
Pour ma part, j’ai adoré le concours d’Eleonore Guérineau : je trouve cette danseuse passionnante. Elle dégage quelque chose qui me plait beaucoup, elle a un regard qui capte le public et son travail technique est impressionnant. Toute la classe a signé de belles variations : les Robbins étaient bien éxécutés. Marion Barbeau montre une nouvelle fois son charisme en scène et ses belles lignes. Fanny Gorse est aussi à l’aise dans l’exercice, je trouve étonnant qu’elle n’ait pas été classée.

Bravo à toutes les artistes, promues ou non, qui font la beauté et la grandeur de cette compagnie !

Concours de promotion hommes 2016

Les 4 et 5 novembre ont lieu le concours de promotion interne du ballet de l’Opéra de Paris. Cette année le jury était présidé par Stéphane Lissner. Il était composé d’Aurélie Dupont (directrice de la danse), Clotilde Vayer (Maître de ballet associé à la direction de la Danse), Ghislaine Thesmar (Danseuse étoile et pédagogue), Ana Lagune (Danseuse, chorégraphe et pédagogue), Fabrice Bourgeois (maître de ballet – suppléant), Amandine Albisson (danseuse étoile), Josua Hoffalt (danseur étoile), Charline Giezendanner (sujet), Aurélia Bellet (sujet), Alexandre Labrot  (quadrille). Retour sur le concours hommes. La chronique ne reflète que mon avis tout personnel.

  • Quadrilles Hommes 10h

2 postes de coryphées à pourvoir. Classement :

  1. Francesco Mura, promu
  2. Thomas Docquir, promu
  3. Axel Magliano
  4. Chung-Win Lam
  5. Simon Le Borgne
  6. Isaac Lopes Gomes

Variation imposée : Don Quichotte, Basilio, 2ème variation de l’acte I, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa.

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Les variations libres des candidats 

Jean-Baptiste Chavignier : Tchaikovski, pas de deux, George Balanchine
Cyril Chokroun : Grand Pas Classique, Victor Gsovsky
Antonio Conforti : Manfred, Rudolf Noureev
Thomas Docquir : Suite en blanc, la Mazurka, Serge Lifar
Julien Guillemard : Giselle, acte I, variation d’Hilarion, Mats Ek
Chun-Wing LamLa Belle au bois dormant, troisième variation du Prince de l’acte II, Rudolf Noureev
Simon Le Borgne : Le rire de la lyre, José Montalvo
Isaac Lopes Gomes : Le Lac des cygnes, variation lente de Siegfried, Rudolf Noureev
Axel Mogliano : La Bayadère, Solor Acte II, Rudolf Noureev
Antonin Monié : Pas./Parts, William Forsythe
Francesco Mura : Esmeralda, Variation du pas de deux, Marius Petipa.

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Mes impressions : La variation imposée était particulièrement difficile avec des assemblés qui ont causé bien des déséquilibres aux candidats. Les réceptions étaient délicates. Néanmoins, la force de cette classe c’est sa grande énergie, sa volonté d’être en scène seul et de ce côté-là, les candidats ont été excellents. Je ne connais pas eu peu tous ces jeunes danseurs, le concours est pour cela génial, car il nous permet de les découvrir un peu plus.
Parmi eux, j’ai été particulièrement sensible aux personnalités de Simon Le Borgne et Julien Guillemard. J’avais déjà été frappée par le charisme du premier dans Les applaudissements ne se mangent pas et là, seul en scène, il confirme une forte présence qui ne manque pas d’une belle technique. Il a de très belles lignes, et ses assemblés étaient plutôt réussis. Quant à Julien Guillemard, j’ai trouvé son Hilarion très intéressant. Dommage qu’il ait raté son tour final dans la variation imposée car je l’avais trouvé à la hauteur de la tâche.
Thomas Docquir danse assez grand et cela lui permet de présenter une variation imposée plutôt propre. Dans sa libre, il confirme ses belles qualités techniques. A ce jeu-là, il y en a un qui impressionne, c’est Chun-Wing Lam. C’est un danseur très appliqué. Il n’aurait pas fait pâle impression si il avait dansé sa libre avec les coryphées. Francesco Mura montre beaucoup de détermination et lui aussi, est un de ceux à qui la variation imposée pose le moins de difficulté.

  • Coryphées hommes 11h30

1 poste de sujet à pourvoir. Classement :

  1. Paul Marque, promu
  2. Pablo Legasa
  3. Antoine Kirscher
  4. Mathieu Contat
  5. Yvon Demol
  6. Mickaël Lafon

Variation imposéeLa Belle au bois dormant, troisième variation du Prince de l’acte II, Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa.

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Variations libres des candidats

Matthieu Botto : Sept danses grecques, Maurice Béjart
Mathieu ContatLa Bayadère, Solor Acte II, Rudolf Noureev
Yvon Demol : Appartement, Séquence de la télévision, Mats Ek
Antoine Kirscher : Etudes, Mazurka, Harald Lander
Mickaël Lafon : MC 14/22, Angelin Preljocaj
Pablo LegasaDon Quichotte, Basilio, 1ère variation de l’acte I, Rudolf Noureev
Paul Marque : Marco Spada, Acte II, Pierre Lacotte

Mes impressions :  Hugo Vigliotti était blessé, vous imaginez ma déception ! Lui qui nous fait toujours de si beaux concours et puis, il serait temps qu’il devienne sujet. Passé ma déception, c’est juste 7 danseurs qui se sont présentés au concours. Peu, en somme. Là aussi, une imposée pas facile : Aurélie Dupont a fait le choix du 100% Noureev, donc des variations difficiles, qui permettent de voir tout de suite, qui s’en sort et peu monter.
Techniquement, Paul Marque a dominé sa classe. Un prince impeccable, suivi d’un Marco Spada, très maîtrisé. Il continue sur sa lancée de Varna, il est très en forme et le démontre encore une fois. Rien à dire sur cette promotion très logique. J’ai personnellement un petit faible pour Pablo Legasa, qui a une belle prestance en scène et des arabesques infinies. Mention spéciale à Mickaël Lafon qui a offert un très beau moment de danse au milieu du stress du concours.

  • Sujets hommes 13h45 

1 poste de premier danseur. Classement :

  1. Germain Louvet, promu
  2. Marc Moreau
  3. Jérémy-Loup Quer
  4. Fabien Revillion
  5. Yann Chailloux
  6. Sébastien Bertaud

Variation imposée : La Belle au bois dormant, variation lente du Prince, acte II, Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa.

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 Variations libres des candidats 

Jérémy-Loup Quer : Carmen, variation de Don José, Roland Petit
Fabien Revillion : Etudes, Mazurka, Harald Lander
Daniel Stokes : Other Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Sébastien Bertaud :  Push comes to shoves, Twyla Tharp
Yann Chailloux : Dances at the Gathering, 1ère variation de l’homme en brun, Jerome Robbins
Germain LouvetEtudes, Mazurka, Harald Lander
Allister Madin : Speaking in Tongues, Paul Taylor
Marc MoreauDances at the Gathering, 1ère variation de l’homme en brun, Jerome Robbins

Mes impressions : Au défilé, j’étais surprise de voir Germain Louvet sur la ligne des sujets. N’ayant pas vu cette classe l’année dernière, je n’avais pas enregistré l’information que Germain Louvet était encire sujet. Rien d’étonnant à ce qu’il soit promu : il brille dans tous ses rôles depuis l’année dernière. Son Roméo était fascinant, dans Forsythe, il était remarquable aux côtés de Ludmila Pagliero. Je ne doute pas qu’il sera un Siegfried parfait. Il signe un concours impeccable, résistant à la difficile variation lente du prince de La Belle. Sa Mazurka renforçait sa virtuosité technique et son approche artistique de la danse classique. C’est là aussi une belle promotion.
Les danseurs ont survécu à la variation du prince… le public aussi ! J’ai particulièrement aimé le concours de Daniel Stokes, que j’ai trouvé très romantique, teinté d’une forme de mélancolie. Sébastien Bertaud a apporté un grain de folie au milieu de tous ces princes.

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Bravo à tous les artistes, promus ou non, qui font la beauté et la grandeur de cette compagnie !

Soirée Ratmansky Robbins Balanchine Peck

Sur le papier, je n’étais pas convaincue. C’est terrible d’aller au spectacle avec des aprioris. Cela vous empêche de se faire emporter par la chorégraphie. J’ai dû beaucoup lutter donc pour me les enlever, mais la partie entre moi et moi-même n’était pas gagnée. Ce qui est plus intéressant c’est sans doute si ce type de danse, si chère à Benjamin Millepied, trouve son public et son adhésion.

J’ai commencé par voir la générale de cette soirée. J’ai été agréablement surprise, la soirée est passée comme une lettre à la poste, avec un grand ravissement, celui de Other Dances, dansé par Ludmila Pagliero et Mathias Heymann. C’était remarquable. Robbins séduit par la finesse de sa chorégraphie, par ses allusions, par cette touche d’humour, par ce presque rien mais qui bien dansé change tout. Ludmila Pagliero était fantastique : sa brillante technique et la subtilité de ses regards, de ses ports de bras  se marient à la musique, sans être une simple illustration. Tout se passe comme si on voyait la musique et la danse devenir un mouvement sonore. Mathias Heymann est comme à son habitude admirable. Revu avec Mathieu Ganio et Amandine Albisson, le plaisir fut semblable et le couple a trouvé lui aussi une manière très subtile de danser cette chorégraphie.

MH LP Other Dances Robbins ONP

Photo (c) Opéra de Paris

J’ai eu beaucoup de mal  avec le reste de la soirée. Le Ratmansky m’a semblé interminable. C’est joli, c’est très bien dansé, je vois bien qu’il y a une écriture qui a quelque chose à dire, mais ça ne le fait pas pour moi. Je reste complètement en dehors de ce type de pièces, où se succèdent des tableaux dont les compositions sont aussi attendues que vaines. La musique accompagne de manière plaisante la chose, sans véritable adhésion.

Le Duo concertant de Balanchine me ferait presque le même effet (peut-être encore une fois, une histoire d’apriori… sans doute). Les deux couples – Laura Hecquet & Hugo Marchand, puis Myriam Ould-Braham & Karl Paquette – sont très bien assortis et dansent avec d’implication cette pièce dont la musique a plus d’intérêt que la danse. D’ailleurs c’est peut-être bien pour cela que les danseurs sont postés derrière le piano un long moment et y reviennent régulièrement. La scénographie avec un jeu de lumière qui plonge dans le noir les danseurs et ne laisse apparaître tantôt que leur visage ou leurs mains, m’a fait l’effet de quelque chose de très daté…

Photo (c) Opéra de Paris

Photo (c) Sébastien Mathé/ Opéra de Paris

La soirée se termine par la fougueuse création de Justin Peck, In creases. La première fois que je l’ai vue, j’ai trouvé ça très agréable, court (ouf) et très dynamique. Les danseurs – 100% génération Millepied – y montre l’étendue de leur talent, la cohésion du groupe et leur engagement dans la danse néo-classique. Cela m’a réconciliée avec ce que j’avais lors d’une soirée LA Dance Project au Châtelet et qui m’avait fortement déplu. En le voyant une deuxième fois, mon enthousiasme est retombé comme un soufflé. Les références sont là, pas dissimulées mais modernisées. Philipp Glass, again, un peu le Vivaldi de la danse néoclassique. Cela m’a fait l’impression d’un vidéo-clip, comme on en verrait sur Vimeo (ou sur la 3ème scène…). C’est bien fait, on admire assurément le talent des danseurs, parmi lesquels Hannah O’Neill, Letizia Galloni et Eleonore Guérineau marquent par leur style et leur technique. Qu’en reste-t-il ? Une ou deux images bien faites grâce à ces pianos qui se font face, à des lumières mettant en valeur les corps (à défaut des costumes, surtout ceux des garçons)  des poses qui marchent graphiquement et surtout la puissance d’un groupe qui danse en belle harmonie. Agréable, divertissant et à la mode.