Nicolas Paul

Soirée Paul Rigal Millepied Lock

Du 3 au 20 février 2015, le ballet de l’Opéra de Paris présente une soirée mixte avec quatre chorégraphies. Retour sur cette soirée vu à la générale et le 6 février.

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Il va falloir s’habituer aux soirées mixtes pour appréhender la prochaine saison à l’Opéra de Paris. Qu’est-ce qui fait du lien entre les chorégraphes convoqués lors d’une même soirée ? Souvent le style d’écriture, l’époque, l’origine, ou encore un même compositeur. Cette soirée mixte réunit quatre chorégraphes vivants. On ne peut pas dire que ce soit cela qui fasse sens dans la soirée. Néanmoins les pièces se répondent pas par la chorégraphie, mais plutôt par les choix scénographiques. La lumière est travaillée d’une manière particulière dans chaque pièce ; elle crée des espaces pour danser, les referme, cache ou montre les danseurs.

Dans Répliques, la lumière crée des effets de miroir. Elle isole peu à peu les quatre couples et transforme les corps en formes fantômatiques. La pièce de Nicolas Paul est parfaitement construite pour que l’œil du spectateur y voit les mouvements répétés et refletés dans les corps des autres. La pièce m’avait pourtant laissée un souvenir de complexité et de longueur, mais cette fois, sans doute parce que connue, elle m’a au contraire fait l’impression d’une belle lisibilité. Si l’exécution technique est difficile, c’est pour mieux rendre encore cette chorégraphie graphique. Les lignes des corps forment des obliques face au quadrillage de l’espace par les panneaux de mousseline et de la lumière. Dans les deux distributions, on retrouve des danseurs qui ont toutes les qualités pour une telle pièce. Chez les filles, j’ai particulièrement apprécié Letizia Galloni et Ludmila Pagliero. Leurs corps ont une fluidité sans pareille. Quant aux garçons, on admire leur puissance dans les portés et leurs dos dans les contractions du début de la pièce. Seul bémol de la pièce, la musique ; Ligeti n’est pas toujours aisé par son abstraction et ne se mêle pas facilement avec la danse.

Répliques Paul

Brigitte Lefèvre avait invité Paul Rigal à faire une création pour le ballet. Le titre Salut pouvait évoquer de nombreuses choses et me faisait rêver à des instants mystiques. Le rideau s’ouvre sur une scène jaune et un soleil lumineux. La pièce démarre avec une idée amusante : les danseurs saluent le public sur fond sonore d’applaudissements. Les danseurs sont comme des pantins, avec des mouvements très mécaniques. Quelques rires et applaudissements se mêlent au fond sonore qui se transforme peu à peu en musique électronique. De la lumière il y en a chez Rigal, mais le propos reste creux. Les tableaux se succèdent, le soleil change de couleur, le stromboscope nous laisse apercevoir quelques sauts, mais la scénographie ne fait pas tout. Côté chorégraphie, c’est assez pauvre. Les déshabillages et rhabillages semblent durer une éternité ; les courses à l’envers n’ont beaucoup de force dans cette semi-obscurité. Les danseurs semblent noyés dans ce marasme chorégraphique qui ne dit rien et dont l’esthétique est tout même assez vilaine. Le public s’est partagé en bravos et sifflets. Je suis vraiment restée à côté les deux fois.

Salut Rigal

Après l’entracte, on pouvait voir le pas de deux ajouté par Benjamin Millepied à cette soirée. Ecrit pour Aurélie Dupont et Hervé Moreau à l’origine, ce dernier s’étant blessé au bicep, il fut remplacé au pied levé par Marc Moreau. Sur une partition de Philip Glass, le pas de deux chorégraphié par Millepied, spécialiste es Pas de deux, marque par sa fluidité. Les corps s’enchevêtrent, se séparent, se rassemblent. Les deux artistes sont lumineux, c’est sans doute la force de la pièce. C’est joli et bien dansé, mais pas transcendant, ni mémorable.

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La soirée s’achève par la pièce magistrale d’Edouard Lock. Des cercles de lumières apparaissent et disparaissent sur le sol. Dans ces espaces lumineux, une danseuse apparaît, puis deux, puis trois. Habillées de tuniques noires au buste laissant deviner les poitrines, les danseuses débordent de féminité. Les longues jambes se dessinent, les bras rapides tranchent l’espace, les pointes font trembler le sol comme les doigts des deux pianistes sur les touches noires et blanches. Si il y a certes quelques longueurs, la pièce est sans conteste la plus forte de la soirée. Les pas de deux, pas de trois, et les ensembles s’enchaînent. C’est assez hypnotisant. Les hommes se montrent en costume noir et chemise blanche dans des danses pleines de virtuosité. La musique répond à la danse et les deux pianistes s’intègrent dans la chorégraphie. La pièce s’achève sur un pas de deux d’Alice Renavand et Stéphane Bullion majestueux. Les regards, la force de Stéphane Bullion face à la sensualité d’Alice Renavand, c’est tout cela qui prend le spectateur à la fin de ce chemin tracé dans les cercles de lumière. Les pointes vibrent sur le sol, les cheveux d’Alice Renavand se balancent. On est emporté dans ce tourbillon, qui laisse force et fragilité se confronter.

André Auria

Cette soirée mixte ne fonctionne pas très bien malgré une bonne pièce en ouverture et une excellente en fermeture. Au milieu, on oscille entre rejet et indifférence. Dommage car les interprètes ne manquent pourtant pas de personnalités. On attend de les voir dans d’autres pièces plus intéressantes.

Orphée & Eurydice avec Nicolas Paul et Alice Renavand

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Quelle grande joie de voir Orphée et Eurydice pour la deuxième fois mardi soir. Dans ma deuxième loge de face, je suis entourée par une famille de touristes américains. Sympathiques mais ignorant le mythe d’Orphée, cela nous donne une occasion de discuter un peu avant le spectacle. Garnier, c’est aussi mieux que Bastille pour cela. Les loges sont un lieu d’échange souvent intéressant.

Pour la deuxième fois, j’ai passé un moment délicieux devant cet opéra-ballet. Je pense même avoir préféré cette distribution, car je l’ai trouvée plus équilibrée. Dans la première
(MAG/Paul/Zusperreguy), Marie-Agnès Gillot s’imposait tellement avec une interprétation si juste, qu’on en oubliait son partenaire, trop introverti à mon goût.

Ce soir-là, j’en ai encore pris plein les yeux. Au premier tableau, DEUIL, les danses de groupe sont tout ce qu’il y a de plus beau. Les prières et les lamentations des
pleureuses puisent leur énergie dans le sol, ce qui rend les mouvements très intenses. Ainsi, allongés sur le sol, les corps s’élèvent par une force qui semble venir du plus profond de leurs entrailles, aidés par le sol. Les danseurs sont habités par les chants du coeur, comme si des voix intérieures les guidaient. Les corps viennent se réfugier contre le mur blanc, la tête penchée vers le sol. C’est quelque chose qu’on retrouve beaucoup dans Café Müller, notamment. D’entrée, Nicolas Paul est un Orphée qui retient beaucoup mon attention.Il choisit de danser avec beaucoup de nuances. Il passe par plusieurs émotions, ce que je trouve très cohérent avec le chant qui l’accompagne. entre désespoir, colère et profonde tristesse, l’Orphée de Nicolas Paul prend une couleur intéressante. Je m’enthousiasme aussi beaucoup pour ce décor sobre et élégant. L’alliance du plexiglas avec les feuillages morts se marie à merveille avec les mousselines noires des robes. On voit déjà dans ce ballet, le goût de Pina pour les robes longues qui mettent en
valeur la féminité des danseuses.

L’amour apparaît sous les traits de Charlotte Ranson, qui vient apporter beaucoup de lumière à ce tableau. elle incarne l’idée qu’on peut se faire de l’amour à la perfection. Jeunesse, beauté, une danse aérienne et pleine d’espoir mènent Orphée vers la porte des Enfers avec une confiance renouvelée. Là encore Nicolas Paul montre une danse qui s’affirme, différente de celle du deuil, au début du tableau, plus triste.

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L’entrée dans les Enfers ne se fait pas sans VIOLENCE. Face à Cerbère, Orphée va devoir faire preuve de douceur.  Vincent Chaillet est la tête de ce chien qui s’impose le
plus. Il danse avec une énergie et une violence rare. Ses sauts écarts seconde se suspendent tellement, dans cet espace au plafond pourtant bas. Les trois danseurs à l’allure de bouchers sanguinaires tranchent par leurs mouvements avec les furies. Ces femmes vêtues de blanc, aveugles, reliées à des fils, comme pour ne pas se perdre, telles Ariane, traversent l’espace dans des courses qui s’arrêtent brusquement. Certaines tiennent des objets, d’autres dansent seules avec une douceur mélancolique. Quand Orphée passe la porte des Enfers, c’est avec de l’appréhension qu’il entre parmi ces personnages qui l’entourent. Elles s’approchent de lui, découvrant ce nouveau personnage, qui ne leur ressemble pas et à la danse si douce. Les bras d’Orphée sont plein de courbes, ils dessinent des vagues dans l’espace. Tout est très structuré dans ce décor, les chaises hautes, les fils des furies qui forment un quadrillage, le mur à jardin, le plafond très bas et, au milieu, danse cet être, plein de poésie.

Arrivé au plus profond des Enfers, Orphée va d’abord observer. On découvre un havre de PAIX, dans lequel dansent des créatures lentement. On retrouve une chorégraphie de groupe où les danseuses sont très proches, comme souvent dans le Sacre du Printemps. Puis, une danseuse s’échappe, on remarquera alors Ludmila Pagliero, absolument admirable. Les cercles se forment, réunissant les individus, montrant la force d’un groupe. On sent encore l’engagement du ballet dans cette oeuvre. C’est avec une autre âme qu’ils dansent cette pièce. Alice Renavand danse avec un engagement intense. Elle montre le dilemme d’Eurydice, arrivée enfin dans un repos, mais qui à la vue d’Orphée, renoue avec la passion qui l’habite. Ses bras s’ouvrent puis s’emmêlent. Je suis complètement absorbée par la proposition d’Alice Renavand. Elle rayonne dans ce rôle et on peut dire que le pari est réussi. La musique qui l’accompagne compte aussi beaucoup,
comme dans tout le ballet. On approche quelque chose de sublime dans ce troisième tableau. Tout est réuni, c’est un spectacle total, dont la danse est le langage visible.

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Sortir des Enfers est une opération périlleuse pour un couple qui n’a pas le droit à une regard. C’est chorégraphié avec une certaine minutie, les chanteuses étant très impliquées dans cette partie. Le couple Renavand/Paul  est bien accordé, elle suppliant Orphée d’une preuve d’amour, lui portant déjà la tragédie en lui. La MORT d’Eurydice est une des plus beaux moments de danse qui soit donné à voir. Si Marie-Agnès Gillot reste une Eurydice incroyable, Alice Renavand s’en sort avec une interprétation différente qui ne m’a pas déplu. Peut être plus intime sans doute, plus timide. J’ai adoré l’Orphée de Nicolas Paul, car je pense qu’il s’est vraiment approché de ce que doit être Orphée. Un héros, à la musique (et la danse) enchanteresse, dont l’amour pour Eurydice est indéfectible.

La scène finale qui fait revenir le groupe, habillé de noir, a un côté très solennel, marqué tout de même avec une certaine douceur. On ne peut pas échapper à la mort, même avec tout l’amour du monde. Pina Bausch montre malgré tout que l’amour est une forme d’espoir et d’espérance.

A lire, Danses avec la plume, Joël Riou, Palpatine, Mimy la Souris

Merci mille fois à JMC pour la place.

  • Distribution du 14 février 2012

 

Orphée Nicolas Paul
Eurydice Alice Renavand
L’Amour Charlotte Ranson

 

Maria Riccarda Wesseling Orphée
Yun Jung Choi
Eurydice
Zoe Nicolaidou L’Amour

 

Christoph Willibald Gluck Musique
Pina Bausch Chorégraphie et mise en scène
Rolf Borzik Décors, costumes et lumières

 

Danses partagées au CND 2011

Echauffement des danses partagées

© CND

Malgré la douleur de mon orteil récemment coupé, je me décide à aller à Pantin. Je retrouve M*** que je connais depuis l’enfance, nous étions dans la même école de danse. Direction l’échauffement avec Nicolas Paul, qui remplace José Martinez, ce dernier étant blessé. Géraldine Wiart l’assiste. Il explique, elle montre. L’échauffement commence en douceur. Tours de tête, arrondi du dos en
tailleur, position du chat pour assouplir le dos, étirements des jambes, le début est au sol. Nicolas Paul passe entre les gens, et semble attentif et bienveillant. Une fois debout, on attaque un échauffement des bras, puis de la synchronisation jambes et bras. Quelques équilibres, que je ne peux malheureusement pas expérimenter, trop mal au pied. Le tout se termine par une marche qui mêle différents déplacements.

Echauffement des danses partagées avec Nicolas Paul et Géraldine Wiart

© CND

Les années passées, Nicolas Le Riche avait proposé un cours classique et l’apprentissage d’une variation (Siegfried, acte 2 du Lac il me semble). Marie-Agnès Gillot et Vincent Chaillet avaient eux aussi proposé un cours très classique, qui avait mis la pêche à tout le monde. Pas évident pour Nicolas Paul de prendre la place de José Martinez, l’étoile que tout le monde attendait. Il a donc décidé de proposer complètement autre chose, un atelier chorégraphique. Si les soupirs se font entendre et même l’impolitesse de certains les poussent à râler, c’est avec aisance que le danseur-chorégraphe met ses élèves au travail. L’idée est simple mais efficace. Partons d’une photographie, pour commencer Nicolas Le Riche dans Le fils prodigue. Il s’agit en premier de reproduire la pause. Pas évident je dois dire, en équilibre, accroupi, la main droit sur le côté gauche de la tête, le bras gauche passant dans le droit, la main gauche tendue devant (oui ce serait plus simple si je retrouvais la photo me direz vous mais je ne l’ai pas trouvée). Il faut respecter la direction, l’orientation par rapport à un public. Après une
correction dans la bonne humeur, voilà tous les danseurs dans la bonne position. L’exercice consiste à présent à trouver à partir d’une position debout, le chemin le plus naturel pour aller dans cette position. Naturellement, presque toutes les personnes font le même trajet et placent leurs bras et leurs jambes au même moment. Il faut maintenant que chacun avec son langage chorégraphique, avec son vocabulaire, et avec son corps, trouve un chemin pour aller dans cette position, mais en contrariant le chemin naturel. Un fois ce chemin trouvé, Nicolas Paul nous demande d’y mettre des nuances, de varier les rythmes. Peu à peu, les corps se libèrent et se lâchent. Ceux qui ne parvenaient pas à créer, se mettent à écrire des phrases dans l’espace, à se trouver à l’aise dans leurs gestes. Quand chacun a fini d’écrire sa phrase chorégraphique pour aller dans cette pose, nos deux professeurs proposent de passer de cette pose à une position allongée. De nouveau, les apprentis chorégraphes essayent des chemins, des mouvements pour aller d’une pose à une autre. Voilà qu’arrive la deuxième photo.

Ulyana Lopatkina La mort du cygne

Il faut passer de la position allongée à cette pose. Géraldine Wiart qui semble aimer s’amuser des contraintes, propose que cela se fasse sans que les mains touchent le sol. Tout le monde va plus vite pour écrire, car Nicolas Paul suggère qu’il faut se créer un langage, pour qu’il y ait une cohérence entre ce que l’on a écrit au début et ce que l’on a écrit auparavant. Peut être des mouvements de bras qui se ressemblent, ou une énergie qui reste la même. La fin de la séance ne tarde pas à venir et il nous est proposé de montrer le travail réalisé. Les timides comme moi restent en retrait tandis que d’autres se lancent pour le plaisir de toute l’assemblée. Nicolas Paul propose de mettre quelques danseurs en musique. Les cordes de Purcell se marient très bien avec ce que chacun a chorégraphié. La fin du cours est très applaudi.

L'atelier chorégraphique proposé par Nicolas Paul et Géraldine Wiart

© CND

Si les regrets de certains de ne pas avoir un cours classique pur et dur se sont laissés sentir, j’ai, pour ma part, trouvé ce moment fabuleux. C’était des vraies danses partagées, tout le monde pouvait danser. On était pas là pour se montrer, pour faire une démonstration classique. Chacun a pu s’exprimer et danser dans son langage. Un vrai moment de plaisir et de joie.

 

Rain, pluie de lumière sous la coupole de Garnier

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© Laurent Phillipe / Fedephoto.com

C’est avec une grande joie que je suis retournée voir Rain, d’Anne Teresa de Keersmaeker dans une autre distribution que la première fois. J’ai essayé d’emmener Pink Lady avec moi, celle-ci a préféré tenter un Pass pour les Noces de Figaro, qui s’est soldé par un échec (ahaha rire maléfique!). J’ai tout de même réussi à convaincre mon photographe et sa pétillante petite soeur, qui venait à Garnier pour la première fois. Attendant désespérément un Pass, en bonne deuxième je n’en ai pas eu et ai filé à 19h59 au première étage pour me replacer. Après une ouvreuse particulièrement mal aimable à qui j’aurai bien mis un coup de griffe de rongeur après sa phrase pincée « Ah non Mademoiselle, vous ne pouvez pas être debout dans le fond de la grande loge, certainement pas, et en plus vous avez une trrrès bonne place! (fond de l’amphi..) « , sa collègue plus jeune et plus sympa, m’a de suite replacée sans dispute.

Entre la séance de travail et cette représentation j’ai eu le temps de lire le programme et de beaucoup repenser à ce ballet. C’est avec un regard différent que j’ai abordé la pièce ce soir là. Une fois encore je suis emballée par la scénographie. Ces cordes sont un jeu de transparence qui me plaît, car un doute persiste. Pleut-il dehors ou les danseurs dansent-ils sous la pluie? J’avais parlé la première fois d’un enclos et cela m’est apparu encore plus comme une évidence. Cette image de l’enclos comme un lieu rassurant est renforcé par les lignes au sol. On ne le voit pas immédiatement, mais les lignes forment des rectangles dans lesquels peuvent aller les danseurs, comme une sorte de maison.

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© Laurent Philippe/Fedephoto.com

La chorégraphie est plus lisible cette fois-ci, je vois clairement la phrase chorégraphique qui se démultiplie. Je vois les courses et les marches qui sont des silences face au mouvement. Je vois l’engagement sur la scène de ces danseurs merveilleux. Vincent Chaillet n’a plus rien à prouver, mais il montre une fois encore une danse incroyablement libre, fluide et nuancée. Nicolas Paul semble lui aussi très à l’aise sur cette scène et ses qualités sont mises en valeur. Son charisme lui donne une place bien particulière parmi les danseurs. Quant à Daniel Stokes, j’avais découvert ses qualités dans Kaguyahime de Jiri Kylian, il se confirme être un excellent danseur contemporain. Sa personnalité s’affirme aussi plus dans ce ballet. Je trouve qu’il a de très beaux sauts.

La répétition qui s’opère tant dans la musique que dans la danse. Les notes de xylophones résonnent sur les corps des danseurs. Les courses et les marches se font en miroir par rapport aux musiciens qui changent eux aussi de places. C’est d’accord le seul parallèle qu’il existe dans cette pièce, car les danseurs sont toujours dans des constructions irrégulières. Trois qui dansent, un assis, deux qui courent, etc. La répétition est poussée à l’extrême, tout comme la lumière qui passe du jaune au rose en passant par un sable argenté, la danse se remplit de nuances, change de rythme. Ainsi de la même manière, les costumes varient du chair au fushia, on ose même les paillettes sur une chemise pour rappeler les touches argentées qui émanent des lumières. Dans cette répétition permanente, il y a des point d’orgues, qui permettent de lier tous les éléments. Léonore Baulac, par ailleurs merveilleuse dans ce contre-emploi, est le point central, qui lie tous les éléments. Ses courses sont différentes, son énergie semble être la même pendant tout le ballet, ce qui tient pour moi de la véritable performance.

La simplicité de ce ballet réside dans la complexité de sa construction. Le fait de retrouver toujours les mêmes éléments familiarise peu à peu le spectateur avec le langage d’ATDK. Passionnée de mathématiques et de constructions géométriques, obsédée par le nombre d’or, la chorégraphie a l’air tellement difficile dans sa construction que je reste béate d’admiration devant le travail accompli. Et pourtant, la simplicité du langage, la facilité d’exécution des danseurs, est profondément bouleversante. Une fois encore, l’émotion est entière, toute comme celle des danseurs sur scène. Ce soir, la salle applaudit longtemps, le sourire des danseurs et celui de la chorégraphe laisse apparaître une joie sincère et partagée.

A lire dans la presse : Libération, Le JDD, Le Monde, Le Nouvel Obs, Telerama, Marianne, La Croix. Le nouvel Obs deuxième.

A lire sur les autres blogs : Le clapotis clapotas de Palpatine, l’épisode unique
d’Amélie, l’avis de Fab, les mikados et billes de la souris, les photos de Syltren, l’avis de Joël.

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© JMC

  • Distribution du 28 mai 2011 20H00

Ludmila Pagliéro
Muriel Zusperreguy
Vincent Chaillet
Aurélia Bellet
Valentine Colasante
Miteki Kudo
Nicolas Paul
Daniel Stokes
Amélie Lamoureux
Léonore Baulac

 

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© JMC

Programme Millepied/Paul/Mc Gregor à Garnier


Quinze jours se sont écoulés entre la répétition à laquelle j’avais assistée (

Un avant goût de danse contemporaine… ) et le spectacle. J’avais changé mes places du 14/11 pour le 21/11 pour ne pas avoir la même distribution.  Beaucoup de choses ont donc mûri dans mon esprit depuis. J’ai aussi beaucoup lu sur chacun des trois chorégraphes et j’ai un avis quelque peu différent de ma première impression. 


Amoveo est définitivement le ballet que j’ai le plus apprécié. Très belle distribution ce soir. Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche, parfaits. J’avais des places en 2ème loges de côté
n°2. C’est intéressant car on est très proches de la scène et à tout au plus trois mètres des visages des danseurs. La visibilité n’est pas réduite. J’ai pu admirer avec aisance le jeu théâtral d’Aurélie Dupont et de Nicolas Le Riche. Ils avaient été choisis par Millepied pour la création de la pièce. La chorégraphie va de soi pour eux comme pour les danseurs du corps de baleet qui étaient remarquables. Alice Renavand est définitivement mon coup de coeur, ; rayonnante, fluide, légère. Elle prend un plaisir fou à partager sa danse avec le public, et cela se sent.
Un bémol toutefois… les nouveaux costumes de Paul Cox. Ceux dessinés par Marc Jacobs en 2006 étaient bien plus beaux et apportaient bien plus au ballet. Ils prenaient un sens dans la création de Millepied de part les rainures qui comme des vagues parcouraient le corps des danseurs, mais qui selon Brigitte Lefèvre, ils grossissaient les danseurs. Les couleurs et les formes des nouveaux costumes sont non seulement moches (excepté le justaucorps de la danseuse soliste) mais sont une redondance de la musique et du décor. 

Les éclairages de Répliques avaient bien changé depuis la séance de travail. J’ai alors vu toute la dimension du travail sur le miroir et le mimétisme. J’y ai aussi vu l’écho la répétition vous allez me dire que ce sont des synonymes et que tout cela se rejoins et pourtant j’y vois une nuance qui me semble capitale. Il y a non seulement ce jeu de reflet qui est sublime grâce aux tulles et aux éclairages mais aussi la répétition des mouvements qui s’inscrit dans le corps des danseurs et qui se complexifie ou se simplifie au fur e t à mesure de la création. C’est cela que je trouve intéressant d’un point de vue chorégraphique. Nicolas Paul signe avec Répliques sa première chorégraphie
pour sa propre maison. Je crois qu’il aurait pu aller plus loin. La copie est propre est soignée. J’attends avec impatience la suite de ses créations. 

 

J’ai découvert une très belle Ciaravola ce soir. Je ne l’avais jamais vue en contemporain et je dois dire que je l’ai trouvée merveilleuse. Fluide, nuancée dans ses énergies, complètement entrée dans la chorégraphie et le vocabulaire de Nicolas Paul. Bravo!A revoir Genus, si adulé par le monde médiatique et par les critiques j’ai essayé d’avoir un regard plus neutre. Bien difficile quand on sent que tout la salle attend ce ballet. Le style
de Wayne Mc Gregor est tout particulier et je trouve que pour traiter le sujet ( Darwin et son ouvrage L’origine des espèces) ce style complètement déstructuré va très bien. Le problème réside dans le fait que c’est toujours ce que fait Mc Gregor dans ses créations. Le mouvement qui existe dans la nature est souple pas déstructuré. Veut il nous montrer que l’évolution et la révolution technologique que nous connaissons et qui va de plus en plus vite va nous mener à une robotisation, une mécanisation extrême qui touchera même le corps? On peut en faire cette lecture. Je crains que Mc Gregor n’ai pas traité le sujet de façon juste. Veut-il nous dire que l’on va aller vers une sélection naturelle dont la technologie sera la cause? Je ne sais pas. Je n’ai pas trouvé mes réponses dans les interviews et le programme. Ce qui est sûr c’est que les danseurs signent une prouesse technique en signant ce ballet. Tous sont parfaits il n’y a rien à dire. Petite déception pour Agnès Letestu que je n’ai trouvé en forme et bien classique.



Très belle vidéo sur le travail de création de Benjamin Millepied avec Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche

 

Amoveo extrait de 2006 avec DUPONT/Le RICHE.Malheureusement, le code vidéo a été enlevé donc je vous mets le lien:
http://www.youtube.com/watch?v=DnaYhPa9Wc4&feature=related

Distribution:

Amoveo

 

Aurélie Dupont
  Nicolas Le Riche


Répliques

isabelle Ciaravola
Muriel Zusperreguy
Christelle Granier
Charlotte Ranson
  Stéphane Bullion
Josua Hoffalt
Bruno Bouche
Jean-Christophe Guerri


Genus

 

COUPLE Agnes Letestu
Audric Bezard
COUPLE Marie-Agnes Gillot
Benjamin Pech
SEXTET Simon Valastro
SEXTET Mathias Heymann
SEXTET Julien Meyzindi
SEXTET Dorothée Gilbert
SEXTET Myriam Ould Braham
SEXTET Laurene Levy