Marine Ganio

Don Quichotte avec Mathilde Froustey et Pierre-Arthur Raveau

La salle n’était pas pleine hier soir à Bastille. Pourtant les balletomanes ne s’y sont pas trompés en venant assister à la première représentation de Mathilde Froustey en Kitri. On peut dire qu’hier soir Mathilde Froustey a eu sa revanche sur le concours. Le public a été conquis par sa technique, brillante, et son interprétation, intelligente. Ce que Froustey a et qui charme tout le monde, c’est son amour du partage en scène. Elle donne sans relâche. La soirée fut en crescendo et la belle danseuse m’a eue là où je ne l’attendais pas.

L’acte I est sans doute un des plus difficiles du répertoire car il nécessite une bonne endurance. On a senti les deux protagonistes un peu stressés, notamment dans les portés. L’entrée en scène de Kitri est réussie, le premier temps levé est puissant, imposant, et la place entière de Barcelone ne peut que la suivre des yeux.

L’espièglerie de Froustey n’est plus à démontrer. Elle joue à merveille cette chipie amoureuse et séductrice. Les passages vifs sont piquants et enlevés. Le couple formé par Pierre-Arthur Raveau apporte beaucoup de fraîcheur à ce ballet.

J’ai beaucoup ri de voir Takeru Coste en Sancho Pança. Il avait une pantomime claire et semblait bien s’amuser à jouer ce personnage gourmand et ivrogne.

Époustouflante, Kora Dayanova en danseuse de rue, qui de ses yeux de biche, séduit tous les toréros. Elle a vraiment un style plein d’élégance et de finesse qui s’accordait à merveille avec Christophe Duquenne, débordant de virilité.

Au deuxième acte, la première scène est l’occasion d’admirer une fois de plus les talents d’Allister Madin. Son chef gitan est un régal. Il mange la scène et s’impose avec beaucoup de facilité.

Je suis en revanche toujours perturbée par ce début de deuxième acte qui est sur la même musique que le premier acte de Bayadère, mais ce passage avait le mérite de revoir le couple Kitri Basilio dans un adage bien mené et plein de tendresse.

La surprise et l’émotion sont venues pour moi à la scène du rêve de Don Quichotte. Au milieu des dryades, Kitri devient Dulcinée et c’est avec une grande élégance que Mathilde Froustey est passée de l’une à l’autre. Je n’aime pas trop ce passage chorégraphique, je préfère de loin la version Bolchoï qui est plus lisible pour le spectateur. Chez Noureev, on se perd un peu entre Cupidon, la reine des Dryades et Dulcinée. Mathilde Froustey a réussi à être au-dessus avec beaucoup de grâce. Ainsi, Don Quichotte ne pouvait voir qu’elle. Sa variation est un délice, elle est très musicale et enchaîne de très beaux équilibres. Le chef d’orchestre la suit, leur complicité est rare en danse et nous avons eu le droit à une très belle interprétation musicale. Cet acte II devient magique, quand il a d’ordinaire l’habitude de m’ennuyer.

Au troisième acte, on atteint des sommets. Froustey est déchaînée, elle profite de toute la scène et domine la chorégraphie. Elle offre au public de la danse et non un simple enchaînement de variations vues et revues. Elle nous donne à voir un équilibre arabesque magnifique qui dure, qui dure, qui dure… Le public en devient fou ! Le chef d’orchestre ne la quitte pas des yeux pour relancer la note suivante. Battement de cils de la belle et l’audience crie bravo ! Elle risque des fouettés difficiles ( 4-3-4) et se joue des ratés, enchaîne les tours. Elle danse, danse, danse encore et garde cette audace de la scène.

Le public est aux anges, moi la première. Ovation et pluie de bravos pour la belle danseuse. De ma place je la vois remercier chaleureusement chef d’orchestre et musiciens. Une très belle soirée.

NB : ne plus accepter le premier rang de Bastille. Contrairement à Garnier, on ne voit pas les pieds.

Distribution du 5 décembre

Kitri Mathilde Froustey
Basilio Pierre Arthur Raveau
La Reine des Dryades Héloïse Bourdon
Espada Christophe Duquenne
La Danseuse de rue Sarah Kora Dayanova
Cupidon Marine Ganio
Le Gitan Allister Madin

Concours de promotion Opéra de Paris 2012 femmes

Aujourd’hui a eu lieu le concours interne de promotion de l’Opéra de Paris. J’y ai assisté, je vais vous donner mes impressions qui n’engagent que moi. Merci de rester cordial si vous laisser un commentaire, cet évènement provoque souvent les passions.

Le jury était composé de Brigitte Lefèvre, Laurent Hilaire, Clotilde Vayer, Karen Kain, Christian Puck, Fabrice Bourgeois, Dorothée Gilbert, Ludmila Pagliero, Nolween Daniel, Céline Palacio, Ghyslaine Reichert, Karl Paquette.

  • Quadrilles à 9h30

3 postes à pourvoir

Classement :
1. Sae Eun Park, promue
2. Emilie Hasboun, promue
3. Marion Barbeau, promue
4. Léonore Beaulac
5. Gwenaëlle Vauthier
6. Jennifer Visocchi

Variation imposée : La Bayadère chorégraphie Rudolph Noureev d’après Marius Petipa, Acte III, variation de la Première Ombre, montrée par Clothilde Vayer. Vidéo, clic.

Mes impressions : La variation imposée était très difficile techniquement. Elle présente de nombreux passages périlleux, notamment la diagonale de grand développé. Ne pas finir en cinquième dans les sysonnes du début est impardonnable. Le changement de rythme et d’humeur de la variation n’est pas non plus aisé. On passe de quelque chose de très retenu à une explosion de joie. Qui dit variation très technique, dit malheureusement élimination facile.
Emma D’Humières signe une jolie variation, elle allonge ses mouvements, on la croit immense. Claire Gandolfi est très fluide dans sa variation. Sophie Mayoux est quant à elle très délicate, et pleine d’éclat dans cette première variation. Jennifer Visocchi se distingue par son port de tête majestueux. Miho Fuhji est très belle au début de la variation, mais au changement de tempo, elle semblait plus crispée. Emilie Hasboun et Sae -Eun Park dansent une variation techniquement impeccable.
Côté variations libres, Sae-Eun Park a dominé le concours avec un Grand Pas impeccable. Elle a eu beaucoup d’aisance, de grâce, il n’y a avait pas à débattre ! Emma D’Humières montre de nouveau de belles qualités dans Robbins. Claire Gandolfi s’attaque à Forsythe avec poigne ; elle aurait pu y mettre encore plus de puissance. Jeniffer Visocchi semble prendre beaucoup de plaisir dans sa Juliette, très mutine, elle charme l’audience. Amélie Joannidès m’a séduit par sa fraîcheur et son élégance. J’ai beaucoup apprécié la Giselle de Miho Fuhji, j’aime la retenue de cette danseuse, qui est décidément tout en finesse. Marion Barbeau affirme sa personnalité dans la Flûte. Emilie Hasboun est drôle et pétillante dans Arepo.

Mes cinq favorites : Sae Eun Park, Claire Gandolfi, Emma d’Humières, Emilie Hasboun, Miho Fuhji.

Variation libres :

Gwenaëlle Vauthier, Le Corsaire, variation lente, d’après Marius Petipa.
Jennifer Visocchi, Roméo et Juliette, Acte I variation du bal, Rudolf Noureev.
Marion Barbeau, Suite en Blanc, La Flûte, Serge Lifar
Léonore Baulac, Le Lac des Cygnes, acte III Cygne noir, Rudolf Noureev
Julia Cogan, Casse-Noisette, acte II, variation de Marie, John Neumeier.
Emma D’Humières, The Four Seasons, l’automne, Jerome Robbins.
Leila Dilhac, Dances at the Gathering, la danseuse en vert, Jerome Robbins.
Lucie Fenwick, Bakhti III, Maurice Béjart
Miho Fujii, Giselle, Acte I, Marius Petipa
Claire Gandolfi, In the Middle somewhat elevated, William Forsythe
Emilie Hasboun, AREPO, Maurice Béjart
Amélie Joannidès, Sylvia, Pas de deux, George Balanchine
Lucie Mateci, Suite en Blanc, La cigarette, Serge Lifar
Sophie Mayoux, The Four Seasons, le printemps, Jerome Robbins
Caroline Osmont, Paquita, variation de l’étoile, Marius Petipa
Sae Eun Park, Paquita, Grand Pas, Pierre Lacotte
Ninon Raux, L’histoire de Manon, variation de la maîtresse de Lescaut, Kenneth Mc Millan.

  • Coryphées à 11h40

3 poste à pourvoir

Classement :
1. Marine Ganio, promue.
2. Eléonore Guérineau, promue
3. Pauline Verdusen, promue
4. Laurène Lévy
5. Charlotte Ranson
6. Letizia Galloni
Variation imposée : Don Quichotte chorégraphie Rudolph Noureev d’après Marius Petipa Acte II, scène 2, variation de Dulcinée, montrée par Aurélie Dupont. Vidéo clic.

Mes impressions : Dans cette variation, tout est dans la suspension. Elle compte de nombreux passage délicats. Les fouettés du début bien sûr et aussi les ronds de jambes à la seconde sur pointes avec la jambe pliée. Il faut bien sûr être très aérienne, Dulcinée étant la femme rêvée de Don Quichotte.
Dans cette variation, je suis bluffée par l’incarnation de Letizia Galloni. Je la trouve aérienne, touchante, inaccessible, bref une vraie ombre dans un rêve. Eléonore Guérineau est égale à elle-même, juste dans tout ce qu’elle touche. Charlotte Ranson rayonne, cette danseuse a quelque chose de magnétique dans le regard. Laurène Lévy semble très à l’aise techniquement, elle a aussi de très jolis bras. Laure-Adélaïde Boucaud montre une grande maîtrise lors de la diagonale relevée sur pointes. Marine Ganio est très juste dans cette variation, aussi bien dans la technique que dans l’interprétation.
Dans les variations libres, malgré le fait que je n’aime pas cette variation, Marine Ganio est très belle dans Les Mirages. Très musicale, elle étire le temps et ses mouvements. Elle met beaucoup de nuances dans sa danse. La variation de la danseuse en vert est un bon choix pour Pauline Verdusen. Galloni finit de me convaincre avec sa Gamzatti. Guérineau a tout compris de la sensualité exigé par Roland Petit. Sa Carmen est érotique, tout comme celle de Laurène Lévy, qui séduit par ses longues jambes. L’Esmeralda de Laure-Adélaïde Boucaud est trop sage à mon goût, cela manque de fougue. Malgré un léger déséquilibre  la fin de sa variation, Charlotte Ranson est convaincante dans la variation de l’automne.

Mes cinq favorites : Letizia Galloni, Eléonore Guérineau, Laurène Lévy, Marine Ganio, Charlotte Ranson. 

Variations libres

Lydie Vareilhes, As time goes by, Twyla Tharp
Pauline Verdusen, Dances at the Gathering, la danseuse en vert, Jerome Robbins
Laure-Adélaïde Boucaud, Notre-Dame de Paris, Acte I, Roland Petit.
Letizia Galloni, La Bayadère, acte II, Gamzatti, Rudolf Noureev
Marine Ganio, Les Mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Eléonore Guérineau, Carmen, variation de la Taverne, Roland Petit
Laurène Levy, Carmen, variation de la Chambre, Roland Petit
Aubane Philbert, Le Lac des Cygnes, acte II, Cygne blanc, Rudolf Noureev.
Charlotte Ranson, The Four Seasons, l’automne, Jerome Robbins.

  • Sujets :

1 poste à pourvoir

Classement :
1. Valentine Colasante, promue
2. Amandine Albisson
3. Aurélia Bellet
4. Héloïse Bourdon
5. Laura Hecquet
6. Sarah Kora Dayanova

Variation imposée : Le Lac des cygnes chorégraphie de Rudolph Noureev d’après Marius Petipa, Acte II, variation d’Odette, montrée par Agnès Letestu. Vidéo, clic.

Mes impressions : Outre la difficulté technique de la variation, les tours arabesques, les grands développés à la seconde, il fallait bien sûr assurer au niveau des bras !
Il y en a une qui excelle en la matière, C’est Héloïse Bourdon. Cette fille devait être un cygne dans une vie antérieure tant ses bras sont ailés. Amandine Albisson est un joli cygne, ses tours arabesques sont planés. Mathilde Froustey est un cygne comme celui de Baudelaire, avec une sorte de spleen dans le visage, ce qui la rend très touchante. Charline Giezendanner propose elle aussi une interprétation intéressante, tout comme Kora Dayanova, dont les bras n’en finissaient pas de s’allonger. Valentine Colasante est un joli cygne même si j’ai trouvé ses bras un peu raides dans la diagonale de fin. Laura Hecquet est très aérienne et évanescente, elle flotte sur la scène.
Les variations libres ne permettent pas vraiment de départager les candidates. Mathilde Froustey excelle en Carmen.  Aurélia Bellet envoûte avec Bakhti III. Les mirages d’Amandine Albisson sont comme un rêve éveillé. Héloïse Bourdon aurait peut être du choisir un autre registre de variation pour sa libre. On ne découvre pas d’autre aspect de sa personnalité dans cette variation d’Etudes. Kora Dayanova est pétillante dans cette variation de Robbins. Sa danse est fluide, elle impose son style. La Carmen de Valentine Colasante manque de piquant à mon goût. Le tutu de Sabrina Mallem nous réveille, mais je ne suis pas sûre que ce soit un bon choix de variation.
Le classement de cette classe est surprenant. Il a déjà fait couler beaucoup d’encre sur Twitter et Facebook. Je suis pour ma part un peu déçue, mais dans les règles de l’ONP le jury est roi et ce n’est pas demain la veille que cela va changer.

Mes cinq favorites : Ouh là exercice très difficile. Ce qui est sûr c’est que j’aurais promu Mathilde Froustey. Ensuite je dirais Kora Dayanova, Amandine Albisson, Héloïse Bourdon, Aurélia Bellet.

Variations libres

Séverine Westermann, The Cage, variation de la Novice, Jerome Robbins
Amandine Albisson, Les Mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Caroline Bance, Clavigo, variation de l’étrangère, Roland Petit
Aurélia Bellet, Bhakti III, Maurice Béjart
Héloïse Bourdon, Etudes, variation de l’étoile, Harald Lander
Lucie Clément, Other Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Valentine Colasante, Carmen, variation de la Taverne, Roland Petit
Sarah Kora Dayanova, Other Dances, 1ère variation, Jérôme Robbins
Mathilde Froustey, Carmen, variation de la Chambre, Roland Petit
Charline Giezendanner, Bhakti III, Maurice Béjart
Christelle Granier, Dances at the Gathering, la danseuse en vert, Jerome Robbins.
Laura Hecquet, Notre-Dame de Paris, Acte I, Roland Petit.
Sabrina Mallem, Sylvia, Pas de deux, George Balanchine
Caroline Robert, Other Dances, 1ère variation,Jérôme Robbins

D’autres impressions ailleurs : Danses avec la plume, Danse Opéra, A petits pas, Impressions Danse,

Gala Karl Paquette 2012

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Dimanche direction Saint Maur pour assister au Gala Karl Paquette où j’embarque avec moi Palpatine et fais connaissance avec son amie La Pythie.

Comme d’habitude un programme très classique, on ouvre le bal avec le pas de six de Raymonda. Pierre-Arthur Raveau est très en forme et me fait une belle impression
pendant ce pas de six. Grâce, fluidité et légèreté, il donne à voir de belles choses. La variation de la claque est un peu trop molle à mon goût et manque de séduction et de sensualité. J’apprécie la fin de ce pas de six avec les pas de caractère, mais de toutes façons, Raymonda et moi, cela n’a jamais été ça.

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On poursuit avec Addagietto d’Oscar Araiz qui est un pas de deux sur la musique de Gustav Mahler. Très joli pas de deux, idéal pour un gala, il est dansé par Laure Muret
et Simon Valastro. C’est très aquatique, avec de jolis portés, mais ce n’est pas la chorégraphie du siècle non plus (cela se saurait).

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Karl Paquette arrive en grande forme avec Héloïse Bourdon pour danser le pas de deux du deuxième acte de la Bayadère. C’est toujours agréable de voir La Bayadère, qui reste un de mes ballets préférés. Sans le palais, le tigre et autre, c’est différent, mais Karl Paquette déploit une telle énergie à emporter le public avec lui, qu’on passe un bon moment. Héloïse Bourdon se montre une Gamzatti très noble, toujours avec ce port de tête élégant. Jolis série de fouettés pour elle, manège tout en légèreté pour lui.  Les deux danseurs sont très applaudis.

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Après un court entracte, retour de tous pour danser les acte I et III de Don Quichotte. Marine Ganio danse avec Fabien Révillon l’acte I. Elle est une Kitri pétillante,
et parvient, malgré le manque de décor à nous plonger un peu dans cet univers espagnol. Pleine de piquant et de malice, j’ai beaucoup aimé ses deux variations, celle des castagnettes et la première avec le grand développé/grand jeté.

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Le pas de deux du troisième acte est dansé par Héloïse Bourdon et Karl Paquette. Malgré une prestation un peu plus fragile on passe un très bon moment. Hâte de voir ce que donnera Héloïse Bourdon en décembre prochain dans le rôle de Kitri sur trois actes.

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Une belle après midi, merci encore à JMC pour les places.

 

Concours interne de l’Opéra femmes 2011

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Ce matin, je cours, je file, mais j’arrive avec un quart d’heure de retard pour les quadrilles. Je rentre discrètement dans ma loge, essoufflée et heureuse d’être là. J’entre dans ma loge, très bien placée, je vois parfaitement la scène.

  • Quadrilles, passage à 10h00

Variation imposée : La Belle au bois Dormant, Noureev, variation du 3ème acte Aurore.

Nombre de poste(s) à pourvoir : 4 postes de coryphées

Classement et promotion :

1. Marine Ganio, promue

2. Juliette Hilaire, promue

3. Lydie Vareilhes, promue

4. Letizia Galloni, promue

5. Jennifer Visocchi

6. Léonore Baulac

 

Les impressions du petit rat : La variation imposée était pour moi difficile, car longue, technique et sans oublier une interprétation qui doit être nuancée tout au long de la variation. Le rythme est changeant avec des sauts qui peuvent couper les jambes. Marion Barbeau a montré une belle technique, sans faire l’impasse sur une interprétation de qualité. Léonore Baulac m’a semblé tendue et crispée, dans cette variation, qui pourtant lui correspond bien. Leila Dihlac était aussi une des plus à l’aise techniquement, avec de belles nuances. Miho Fuhji était toute en délicatesse, avec un travail de bas de jambes
très propre. Letizia Galloni m’a semblé un peu trop sévère en comparaison de l’enthousiasme et de la générosité de Marine Ganio, qui a dominé sa classe. J’ai
découvert la jeune Amélie Joannidès qui m’a fait forte impression, par sa légèreté et son port de tête. Sophia Parcen a quant à elle produit comme tous les ans, une prestation de grande qualité.

S’en suivent les variations libres. Lydie Vareilhes met tout de suite la barre très haut avec un Forsythe impeccable. Très à l’aise, elle a fait le bon choix. On ne peut pas en dire autant de Marion Barbeau qui choisit de nouveau une variation extraite de La Belle au bois dormant. On ne voit donc rien de plus de ses qualités. Les rôles de séductrices, comme Esmeralda ou Carmen, sont trop durs techniquement, et l’interprétation passe souvent à la trappe. C’est bien dommage car les danseuses qui ont fait ce choix sont
souvent solides techniquement. Leila Dihlac  est très aérienne en printemps, tandis que Lucie Fenwick se perd malheureusement avec la musique. Il faut dire que le (ou la) pianiste est absolument désastreux et les mesures qui sautent, ou le rythme qui change est monnaie courante. Marine Ganio me fait la plus forte impression, on peut dire qu’elle ne badine pas avec la danse, mais flotte sur scène. Voilà une première place amplement méritée. Il était temps que cette jeune femme monte de classe, avec autant de talent, de
personnalité et de technique. L’autre danseuse qui m’a beaucoup marquée et que je ne vois pas ressortir du classement est Miho Fuhji. Sa variation des Mirages était
bouleversante et très poétique. Je ne comprends pas qu’elle ne soit pas, au moins, classée. Juliette Hilaire a présenté une variation impeccable, avec une très bonne énergie et un bel enthousiasme.  

Si vous ne me suivez pas sur Twitter, voici le classement que j’avais posté : Miho Fuhji, Marine Ganio, Lydie Vareihles, Sofia Parcen et Joanilles. J’aurais pu rajouter Hilaire
mais je n’avais pas été convaincue par son imposée.

Lydie Vareilhes, 22 ans
Pas/Parts de William Forsythe

Gwenaëlle Vauthier, 30 ans
La Maison de Bernarda
, Mats Ek, Variation de la soeur bossue.

Jennifer Visocchi, 22 ans
Carmen
, Roland Petit, variation de la Taverne

Anémone Arnaud, 28 ans
Bergamasque
, Jean-Guillaume Bart

Marion Barbeau, 20 ans
La Belle au Bois dormant
, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, Acte II vision d’Aurore

Léonore Baulac, 21 ans
Vaslaw
, John Neumeier

Julia Cogan, 19 ans
Suite en Blanc
, Serge Lifar, variation de la flûte.

Emma D’Humières, 19 ans
Grand Pas Classique
, Victor Gsovsky

Leila Dilhac, 29 ans
The Four Seasons
, Jerome Robbins, variation du printemps

Lucie Fenwick, 23 ans
The Four Seasons
, Jerome Robbins, variation de l’automne

Miho Fujhi, 31 ans
Les Mirages
, Serge Lifar, variation de l’ombre

Letizia Galloni, 20 ans
Diane et Actéon
, Agrippina Vaganova

Claire Gandolfi
Paquita
, d’après Marius Petipa, variation de Paquita

Marine Ganio, 23 ans
Magnificat
, John Neumeier, Badinerie

Emilie Hasboun
Notre-Dame de Paris
, Roland Petit, Acte I variation d’Esmeralda

Juliette Hilaire, 22 ans
In the middle, somewhat elevated
, William Forsythe.

Amélie Joannidès, 18 ans
Don Quichotte,
Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, Acte II, scène de la Vision, Kitri/Dulcinée

Lucie Mateci, 29 ans
Giselle
, Mats Ek, Acte II, variation de Giselle

Sophie Mayoux, 19 ans
Suite en Blanc
, Serge Lifar, La sérénade

Sofia Parcen, 32 ans
Notre-Dame de Paris
, Roland Petit, Acte I variation d’Esmeralda

Ninon Raux, 28 ans
Giselle
, Mats Ek, acte I variation de Giselle

 

  • Coryphées passage à 13h30

Variation imposée : Apollon, Balanchine, variation de Polymnie

Nombre de poste(s) à pourvoir : 3 postes de sujets

Classement et promotion :

1. Silvia Saint-Martin, promue

2. Lucie Clément, promue

3. Caroline Robert, promue

4. Eléonore Guérineau

5. Charlotte Ranson

6. Aubane Philbert

 

Les impressions du petit rat : La variation imposée était courte, ce qui est plutôt agréable en concours, quand on la voit plusieurs fois de suite. Balanchine est toujours un exercice difficile, les danseurs de l’Opéra étant souvent mal formés à ce style si particulier. Outre la difficulté technique, la danseuse doit danser avec un doigt levé pendant toute la variation. Si pour certaines, cela ne pose pas problème, pour d’autre elles sont embarrassées d’avoir ce coude plié et ce doigt levé. Eléonore Guérineau est celle qui ressort de toute évidence. Au-dessus de toutes ses camarades techniquement, elle propose une interprétation très personnelle, qui montre sa compréhension du rôle. Sylvia Saint-Martin est ensuite celle qui s’impose. Son travail est très propre, elle s’est parfaitement appropriée le style balanchinien. Ce n’est pas tellement le cas de Charlotte Ranson, qui malgré quelques appuis fragiles, fait une prestation honorable. Fanny Gorse me semble bien en dessous de son niveau, surtout quand je repense à ce qu’elle avait proposé l’an passé. Laurène Lévy fait quelques petites erreurs techniques mais son interprétation est remarquable. Aubane Philbert propose quant à elle quelque chose de très propre, mais il manque un petit quelque chose, comme si elle n’osait pas prendre un risque. Lucie Clément danse de façon inégale, si le début est prenant, la fin se délite peu à peu.

Pour les variations libres, une fois encore Eléonore Guérineau est au dessus du lot. Il n’y a rien à redire sur son passage qui m’a laissée sans voix. Sylvia Saint-Martin donne le bon ton à son Esmeralda. Elle dose la séduction et le mystère avec intelligence et mis à part, une erreur technique, le reste est impeccable. Pauline Verdusen est une jolie ballerine mais elle manque de brillance, de surprise. Lucie Clément choisit l’humour de Béjart pour séduire le public et cela marche plutôt bien, on en oublie les approximations techniques face à son interprétation juste. Je ne suis pas convaincue par la Nikiya de Laure-Adélaïde Boucaud, je n’adhère pas à cette tristesse faussement jouée. Laurène Lévy use d’un large sourire et de son enthousiasme pour mettre un brin de légèreté dans cette compétition tendue. Aubane Philbert s’est choisi une variation trop difficile, même si elle s’en sort plutôt bien, je ne crois pas que cela mette toutes ses belles qualités en valeur. Charlotte Ranson à l’inverse s’est pris le rôle sur mesure, mais rencontre quelques difficultés. Fanny Gorse semble de nouveau tendue, on voit ses qualités mais c’est parfois un peu raide.

Je ne suis pas d’accord avec le classement. Si Saint-Martin mérite de passer, Guérineau devrait être première. Laurène Lévy n’est même pas classée, alors que Caroline Robert m’a laissé de marbre lors de ses deux passages.

Mon classement sur Twitter : Guérineau, Saint-Martin, Lévy, Ranson, Gorse

Silvia Saint-Martin, 20 ans
Notre-Dame de Paris
, Roland Petit, Acte I variation d’Esmeralda

Pauline Verdusen, 28 ans
Les enfants du Paradis
, José Martinez, variation de la Ballerine

Laure-Adélaïde Boucaud, 22 ans
La Bayadère
, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, Acte II,variation de Nikiya

Lucie Clément, 36 ans
AREPO
, Maurice Béjart

Fanny Gorse, 23 ans
Suite en Blanc
, Serge Lifar, variation de La Sérénade.

Eléonore Guérineau, 23 ans
Diane et Actéon
, Agrippina Vaganova

Laurène Levy, 26 ans
The Four Seasons
, Jerome Robbins, variation du printemps

Aubane Philbert, 22 ans
Raymonda
, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, Acte II,variation d’Henriette

Charlotte Ranson, 26 ans
Roméo et Juliette,
Rudolf Noureev, Acte I variation du bal

Caroline Robert, 29 ans
Carmen
, Roland Petit, variation de la chambre.

  • Sujets, passage à 15h10

Variation imposée : Suite en Blanc, Serge Lifar, variation de la cigarette

Nombre de poste(s) à pourvoir : 1 poste de première danseuse

Classement et promotion :

1. Alice Renavand, promue

2. Amandine Albisson

3. Héloïse Bourdon

4. Aurélia Bellet

5. Charline Giezendanner

6. Laura Hecquet

 

Les impressions du petit rat : La classe des sujets, si attendue, celle qui dont on n’avait pas réussi à départager les candidates l’an passé. Cette année, on voulait une première danseuse ! Et je vous le dis tout de suite je suis ravie! J’adore Alice Renavand, je trouve que c’est une superbe artiste. On peut dire ce que l’on veut, dire que son compagnon était dans le jury, pour moi c’est elle qui s’impose avec évidence. Tant dans l’imposée, que dans sa libre, elle a calmé toutes les mauvaises langues qui disaient que c’était seulement une danseuse contemporaine. Sa Kitri était impeccable et le public a eu le souffle coupé. Faire la diagonale des pirouettes avec des cinquièmes impeccables, ne jamais lâcher son personnage espagnol, vraiment ce fut un beau final !

Ce sentiment de joie s’est assombri à la vue du classement. En effet, deux grosses incompréhensions. Si pour moi Renavand s’imposait, deux danseuses ont proposé quelque chose de très personnel, d’engagé, de techniquement impeccable et manquent à l’appel : Sarah Kora Dayanova et Mathilde Froustey. Kora a proposé une cigarette avec beaucoup de personnalité, pleine de nuances. Elle dansait comme au milieu d’un nuage de fumée agréable. Mathilde quant à elle était très affirmée et engagée dans sa danse. Elle impose son style. Si on peut penser que cette dernière a fait un mauvais choix pour sa variation libre (on l’a trop vue dans cette variation, c’est un choix facile), pour Dayanova, c’est l’incompréhension. Sa Carmen est sensuelle, mutine et dominatrice. Elle tape des pieds avec rythme et danse avec caractère. Quand à la danse, il n’y a rien à ajouter. La jeune ballerine avait déjà eu la malchance de n’être nommée dans aucun rôle depuis la rentrée (contrairement à la majorité des sujets), voilà que son talent et son travail ne sont pas récompensés.

Héloïse Bourdon a fait beaucoup de petites erreurs dans la variation imposée, comme si elle bégayait des pieds. Je n’ai pas adhéré à son interprétation de l’Ombre, je lui ai
préféré celle de Valentine Colasante. Charline Giezendanner propose dans ses deux variations quelque chose d’honorable mais parfois un peu trop scolaire. Elle ne
m’a mise aucune claque dans Raymonda, et on aurait aimé qu’elle prenne plus de risque. Laura Hecquet danse toujours avec autant de propreté mais je ne suis pas touchée et par son choix de libre, et par l’interprétation qu’elle propose. Amandine Albisson est une danseuse que j’apprécie beaucoup, mais je trouve qu’aujourdhui elle est en dessous de son niveau. J’ai l’impression que le stress a eu raison d’elle.

En résumé une première place méritée, mais la suite est un incompréhension totale. Je sais bien que les notes ne sont pas attribuées que par les prestations au concours, mais
tout de même ! je porte des lunettes, mais je crois que certains membres du jury auraient mieux fait d’en porter aujourd’hui…

Mon classement sur Twitter : Renavand, Dayanova, Froustey, Hecquet, Albisson.

Amandine Albisson, 22 ans
Carmen
, Roland Petit, variation de la Taverne

Aurélia Bellet, 31 ans
Notre-Dame de Paris
, Roland Petit, Acte I variation d’Esmeralda

Marie-Solène Boulet, 34 ans
Other Dances,
Jerome Robbins, 2ème variation

Héloïse Bourdon, 20 ans
Les Mirages
, Serge Lifar, variation de l’ombre

Valentine Colasante, 22 ans
Les Mirages
, Serge Lifar, variation de l’ombre

Sarah Kora Dayanova, 27 ans
Carmen
, Roland Petit, variation de la chambre.

Mathilde Froustey, 26 ans
Delibes Suite
, José Martinez

Charline Giezendanner, 27 ans
Raymonda
, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, Acte variation de Raymonda

Laura Hecquet
Other Dances,
Jerome Robbins, 1ère variation

Sabrina Mallem, 31 ans
Notre-Dame de Paris
, Roland Petit, Acte I variation d’Esmeralda

Alice Renavand, 31 ans
Don Quichotte
, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, Acte I, 2ème variation de Kitri

Allez demain place aux garçons ! Bonne chance et bonne nuit à tous !