Léonore Baulac

Concours interne ONP Femmes 2014

Les 3 et 6 décembre ont lieu le concours de promotion interne du ballet de l’Opéra de Paris. Cette année le jury était présidé par Stéphane Lissner. Il était composé de Benjamin Millepied (directeur de la danse), Clotilde Vayer (maître de ballet associée à la direction), Maria Kochetkova (Principal au San Franscico Ballet),Ethan Stiefel (Principal au NYCBallet à l’ABT), Lionel Delanoë (maître de ballet), Aurélie Dupont (danseuse étoile), Benjamin Pech (danseur étoile), Aurélia Bellet (sujet), Myriam Kamionka (sujet), Alexandre Carniato  (quadrille) et Juliette Gernez (coryphée). Retour sur le concours femmes. La chronique ne reflète que mon avis tout personnel. Si vous décidez de laisser un commentaire, le concours étant toujours un sujet « bouillant » et objet de controverse, merci de rester cordial.

  • Quadrilles 10h30

Nombre de postes à pourvoir : 5

Sont promues : 1. Ida Viikenkoski 2. Jennifer Vissocchi

Variation imposée : Le Lac des cygnes, Acte I, Pas de trois, 1ère variation, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa. En vidéo, clic (à 2’51)

Ida Viikinkoski Jennifer Visocchi

Variations libres

Amélie Joannidès, Le Corsaire, variation lente, Marius Petipa
Lucie Mateci, L’histoire de Manon, Acte II, variation de Manon, Kenneth Mac Millan
Sophie Mayoux, The Four Seasons, variation de l’Automne, Jerome Robbins
Caroline Osmont, Don Quichotte, Acte I 1ère variation de Kitri, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Ninon Raux, Emeraudes/Joyaux, 1ère variation, George Balanchine
Roxane Stojanov, Paquita, variation de Paquita, d’après Marius Petipa
Gwenaëlle Vauthier, Giselle, Acte I, Variation de Giselle, Mats Ek
Ida Viikinkoski, The Four Seasons, variation du printemps, Jerome Robbins
Jennifer Visocchi, Grand Pas, Twila Tharp
Laura Bachman, Giselle, Acte I, Variation de Giselle, d’après Marius Petipa
Alice Cantonnet, Grand Pas classique, Victor Gsovsky
Julia Cogan, Don Quichotte, Acte II scène de la vision, variation de Dulcinée, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Camille de Bellefon, Arepo, Maurice Béjart
Emma d’Humières, The Four Seasons, variation du printemps, Jerome Robbins
Leïla Dilac, Dances at the gathering, la danseuse en vert, Jerome Robbins
Lucie Fenwick, In the Middle, somewhat elevated, William Forsythe
Claire Gandolfi, Raymonda, Acte II, variation d’Henriette, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Clémence Gross, Paquita, variation de Paquita, d’après Marius Petipa

Mes impressions : Il fallait d’abord ne pas lâcher son attention dans cette série pour découvrir ces jeunes femmes et ne pas passer à côté d’une. Au final, beaucoup d’efforts pour 2 jeunes artistes récompensées. La variation imposée semblait au niveau des quadrilles et pourtant, nombreuses sont celles qui ont vacillé dans la diagonale finale. Il fallait jouer de son haut du buste tout en restant très solide dans les chevilles pour tenir la variation jusqu’au bout. A ce jeu-là, Amélie Joannidès tire son épingle du jeu. Elle est à la fois pétillante et très appliquée et termine la variation avec un brillant équilibre. Ninon Raux est sans doute la plus musicale de sa classe, et, à l’instar de sa collègue, elle a tenu son arabesque avec brio. Ida Viikinkoski est charmante et montre aussi de la solidité dans l’équilibre tout comme Gwenaëlle Vauthier. Jennifer Visocchi signe une très belle variation et se distingue par son style et sa maturité artistique. La palme de l’élégance revient à Alice Catonnet, qui illumine la scène de sa grâce : son port de tête et ses bras font d’elle une très belle danseuse. Les filles se succèdent et on tremble à la descente de la diagonale. Il faut donc attendre les variations libres pour confirmer ou infirmer des intuitions.

Amélie Joannidès n’a pas démérité pendant sa variation libre, malgré quelques fouettés un peu fragiles. Jennifer Visocchi est la perle de la série : elle danse brillamment son Grand Pas et redonne le sourire à toute l’audience. Caroline Osmont passe un peu à côté de son personnage, tout comme Lucie Mateci. Les variations « sans personnage » m’ont semblé dans l’ensemble plus réussies. Sophie Mayoux montre toute sa personnalité dans sa variation de l’Automne, j’ai beaucoup aimé son interprétation. Ida Viikinkoski danse le printemps avec un brin de romantisme, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Dans l’ensemble, la classe des quadrilles a semblé assez homogène, et seuls deux postes ont été pourvu. On regrette qu’ Amélie Joannidès ou encore Gwenaëlle Vauthier (très belle Giselle de Mats Ek) ne soient pas montées, d’autant que l’enjeu de quadrilles à coryphées n’est pas le même que pour la classe des sujets. Aussi il est étrange que le jury n’ait pas réussi à se mettre d’accord sur ce point.

 

  • Coryphées 13h00

Nombre de postes : 2

Sont promues : 1. Léonore Baulac 2. Hannah O’Neill (3. Letizia Galloni 4. Laurène Lévy 5. Fanny Gorse 6. Marion Barbeau).

Variation imposée : La Bayadère, Acte II, variation de Gamzatti, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa. En vidéo, clic

Hannah O'Neill   Léonore Baulac

Variations libres :

Laurène Lévy, In the Middle, somewhat elevated, William Forsythe
Hannah O’Neill, La nuit de Walpurgis, George Balanchine
Aubane Philbert, La Bayadère, Acte II, variation de Nikiya, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Charlotte Ranson, Apollon, Variation de Polymnie, George Balanchine
Marion Barbeau, Bhakti III, Maurice Béjart
Léonore Baulac, The Four Seasons, variation du printemps, Jerome Robbins
Laure-Adélaïde Boucaud, Le Sacre du Printemps, variation de l’Elue, Maurice Béjart
Letizia Galloni, Tchaïkovski pas de deux, George Balanchine
Fanny Gorse, Dances at the gathering, la danseuse en vert, Jerome Robbins
Emilie Hasboun, The Four Seasons, variation de l’Automne, Jerome Robbins
Juliette Hilaire, Raymonda, Acte III, variation de Raymonda, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa

Mes impressions : Peu de suspense dans cette classe, comme si tout était un peu joué d’avance. Bien sûr Léonore Baulac fut sublime dans ces deux variations et je n’ai rien à redire de sa promotion. La variation de Gamzatti a posé quelques soucis à la classe des coryphées à un endroit où l’on pourrait penser que c’est un passage facile et pourtant. Il s’agit du manège du milieu, où il faut enchaîner tour en dedans, puis en dehors avec les petites menées. C’est un passage où les chevilles sont à rude épreuve et la salle a cru plusieurs fois voir les jolies chevilles des candidates y passer. Hannah O’Neill ouvre le bal des couacs de chevilles, puis Marion Barbeau, Emilie Hasboun et Juliette Hilaire, qui s’est bien déséquilibrée. Laurène Lévy a maîtrisé la variation, tout comme Léonore Baulac ou encore Aubane Philbert (les tours attitudes ! superbes !). Letizia Galloni dont j’apprécie le style, a elle aussi été une belle Gamzatti.

Dans les variations libres, Laurène Lévy a choisi Forsythe, qui lui va très bien et dont elle a dansé le passage d’In The middle avec du style et une vraie personnalité. Hannah O’Neill montre qu’elle en a sous le pied avec sa variation de Balanchine et efface le petit accroc de Gamzatti. Aubane Philbert avait fait le choix d’un 100% Bayadère, et affirme son engagement artistique. Marion Barbeau se débrouille bien avec son Bhakti III, tout comme Fanny Gorse qui est une très belle danseuse en vert. Dans l’ensemble, toutes les variations libres se passent bien et c’est bien un choix de personnalité que le jury a du faire. A l’évidence Léonore Baulac en est une, tout comme Hannah O’Neill, mais si j’ai eu un pincement au coeur pour Laurène Lévy, car j’ai trouvé qu’elle était au-dessus, en terme de maturité sur scène.

  • Sujets 15h00

Nombre de poste à pourvoir : 1

Est promue : Laura Hecquet (2. Héloïse Bourdon 3. Sae Eun Park 4. Caroline Robert 5. Marine Ganio 6. Charline Giezendanner). 

Variation imposée : Le Lac des cygnes, Acte III, variation du cygne noir, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa. En vidéo, clic.

Laura Hecquet Laura Hecquet robbins

Variations libres :

Sae Eun Park, La Bayadère, Acte II, variation de Nikiya, Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
Caroline Robert, Other Dances, 2ème variation, Jerome Robbins
Héloïse Bourdon, Les Mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Marine Ganio, Other Dances, 1ère variation, Jerome Robbins
Charline Giezendanner, Clavigo, variation de Marie, Roland Petit
Laura Hecquet, The Four Seasons, variation de l’Automne, Jerome Robbins

 Mes impressions : Je pensais que le concours était plié et que Sae Eun Park passerait quoiqu’il arrive. Comme quoi, il est bon parfois de se tromper et le concours sert aussi à rebattre les cartes. La variation du cygne noir n’a pas posé beaucoup de problème aux candidates, tout juste quelques piétinements de Caroline Robert et de Charline Giezendanner lors des réceptions. Côté interprétation, il faut saluer Héloïse Bourdon, que j’ai tendance à trouver trop sage et qui là était furieusement juste. Je n’ai pas quitté son regard de mes jumelles. Sae Eun Park signe sans doute la variation la mieux dansée d’un point de vue technique mais passe à côté du personnage d’Odile. Laura Hecquet propose quant à elle un cygne tout en élégance, avec de très beaux ports de bras. A ce stade, je trouve qu’Héloïse Bourdon est la plus proche du poste de première danseuse. Place aux variations libres qui vont nous  faire passer un excellent moment. C’est Sae Eun Park qui ouvre le bal et qui là, montre qu’elle a aussi, au delà de ses compétences techniques, un vrai sens de la dramaturgie. Variation de Nikiya impeccable. J’ai beaucoup aimé la variation de Marine Ganio dans Other Dances, très vive et élégante. Charline Giezendanner est toute à son aise dans la variation de Marie. Héloïse Bourdon a choisi de reprendre Les Mirages qu’elle avait déjà dansé en concours : c’était bien, mais je n’accroche pas à cette variation qui a tendance à m’ennuyer. Laura Hecquet fut lumineuse dans sa variation de l’Automne et on comprend pourquoi elle a été promue. Une place de première danseuse bien méritée pour une artiste qui rayonne depuis des années sur scène.

Bravo à toutes les artistes et félicitations aux promues !

 

Prix de l’AROP 2014 : Léonore Baulac et Allister Madin

Comme chaque année, les adhérents de l’Arop récompensent les artistes qui les ont marqués lors de la saison précédente. Cette année, le prix récompensent deux artistes au talent incontestable : Léonore Baulac et Allister Madin. Nouveauté de l’année, les prix de la danse et les prix lyriques ont lieu le même soir et la remise des prix se fait sur la scène de Garnier.  Après Amandine Albisson et Pierre-Arthur Raveau, voilà que les deux jeunes danseurs, l’une Coryphée, l’autre sujet,  accèdent à ce prix décernés par les membres de l’AROP.

Daphnis-et-Chloe_Leonore-Baulac_Allister-Madin

Qui ne se laisse pas charmer par Léonore Baulac ? Cette blonde pétillante a marqué le public alors qu’elle n’est que coryphée depuis un an. Déjà quadrille, elle se voyait confier le rôle d’Olympia dans La Dame aux Camélias de John Neumeier. Et, elle était admirable ! Très à l’aise dans les rôles néo-classiques et plus contemporains, elle a été castée pour Rain par Anne Teresa de Keersmaeker, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle y était rayonnante. A la reprise de la pièce cette année, elle a montré une grande puissance et une force en scène. A Noël, elle tiendra le premier rôle dans Casse-Noisette aux côtés de Germain Louvet. Une belle opportunité pour montrer toute l’étendue de son talent !

Léonore Baulac concours de promotion

Allister Madin est né en 1986. Il a fait l’école de danse de l’Opéra de Paris. Son côté hildago ne laisse pas le public indifférent. Ainsi, on se souviendra de sa belle prestation dans le chef des gitans dans Don Quichotte, mais aussi dans le chef des voleurs de voleurs dans L’histoire de Manon. On se souvient aussi de lui excellent et drôlissime dans le rôle d’Alain dans La Fille mal gardée. Benjamin Millepied lui confie aussi le rôle de Dorcon dans sa dernière création, Daphnis et Chloé. Allister Madin est de cette catégorie de danseurs au ballon remarquable, comme on a pu le voir dans Zaël dans La Source ou l’idôle dorée dans Bayadère. Autant vous dire que ce jeune danseur a déjà une belle expérience et encore une longue carrière devant lui, avec un répertoire varié. Ce prix vient récompenser tout ce travail et cet investissement. On lui souhaite encore de très beaux rôles et une belle et longue carrière aussi brillante qu’elle a commencé.

Allister Madin par Julien Benhamou

Félicitations aux deux danseurs récompensés !

Prix de l’AROP précédents

  • 1987 : Karin Averty et Manuel Legris
  • 1989 : Elisabeth Maurin, Marie-Claude Pietragalla et Kader Belarbi
  • 1991 : Delphine Moussin, Lionel Delanoë et Gil Isoart
  • 1992 : Agnès Letestu, Eric Camillo et José Martinez
  • 1993 : Ghislaine Fallou, Nicolas Le Riche et Fabien Roques
  • 1994 : Aurélie Dupont, Yann Bridard et Emmanuel Thibault
  • 1995 : Miteki Kudo et Jean-Guillaume Bart
  • 1996 : Clairemarie Osta et Stéphane Phavorin
  • 1997 : Marie-Agnès Gillot et Benjamin Pech
  • 1998 : Nathalie Aubin et Yann Saïz
  • 1999 : Eleonora Abbagnato et Hervé Courtain
  • 2000 : Fanny Fiat et Emmanuel Thibault
  • 2001 : Émilie Cozette et Hervé Moreau
  • 2002 : Dorothée Gilbert et Christophe Duquenne
  • 2003 : Mathilde Froustey et Stéphane Bullion
  • 2004 : Myriam Ould-Braham et Florian Magnenet
  • 2005 : Laurat Hecquet et Jean-Philippe Dury
  • 2007 : Sarah Kora Dayanova et Mathias Heymann
  • 2008 : Alice Renavand et Simon Valastro
  • 2009 : Éléonore Guérineau et Josua Hoffalt
  • 2010 : Charline Giezendanner et Marc Moreau
  • 2011 : Héloïse Bourdon et Fabien Révillon
  • 2012 : Charlotte Ranson et François Alu
  • 2013 : Amandine Albisson et Pierre-Arthur Raveau

La belle au bois dormant, Ludmila Pagliero Josua Hoffalt

La belle au bois dormant de Rudolf Noureev est à l’affiche de l’Opéra de Paris depuis le 4 décembre et jusqu’au 4 janvier 2013. Ballet fleuve de 3h10, les étoiles se succèdent sur la scène pour assurer toutes les représentations. Ce conte bien connu, est une féerie sur scène qui saura contenter grands et petits. Retour sur la représentation du 10 décembre 2013 assurée pour le couple star par Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt.

Ludmila Pagliero et Josua Hoffalt

J’adore la danse classique. Elle m’émeut, elle me touche, elle me fait rêver. Mais je n’aime pas la Belle au bois dormant. Voilà un moment ceci dit qu’on ne l’avait pas vu à l’Opéra, il fallait donc que je persévère un peu. Je vous le dis tout de suite, je n’aime toujours pas La Belle au bois dormant. Et je n’aime pas l’Opéra Bastille ! On est loin, on ne voit rien. Quand il y a autant de petits détails que dans ce ballet, la frustration opère vite.

Ce sera donc une chronique courte, je vous épargne d’un compte-rendu qui serait aussi long que ce ballet. L’émotion n’était pas là pour moi. Je n’aime pas ces décors chargés, ces tutus clinquants, ces perruques (celle des garçons au premier acte on failli me provoquer un fou rire…) ce livret qui est un peu étrange tout de même et des détours chorégraphiques, avec une pantomime bien moins délicate que celle du Lac par exemple. Voilà, peut être ne suis-je pas sensible à ce conte de fée qui endort les jeunes filles pendant leur puberté…

En revanche, on dira comme Pierre Lacotte, que Ludmila Pagliero était « ludmilesque ». Elle montre une belle technique doublée une jolie interprétation de cette jeune princesse. Elle mange la scène avec une assurance sans pareille. Son partenaire Josua Hoffalt était lui aussi très en forme. Il livre de belles variations, il a tout d’un prince et c’est un excellent partenaire. Sa légèreté habituelle est un vent de bonheur ; son aisance n’est plus à démontrer.

Les fées

Parmi les fées du prologue on notera la pétillance de Charline Giezendanner, même cela commence à devenir agaçant de la voir toujours dans ce type de rôle, je suis sûre qu’elle serait brillante dans la fée lilas ou la fée blanche. Fanny Gorse est parfaite en fée violente. Lydie Vareihles et Léonore Baulac sont épatantes. Valentine Colasante est très solide techniquement. La production est très belle, le corps de ballet est très en place.

Au troisième acte, j’ai beaucoup apprécié la prestation d’Aurélia Bellet, qui est décidément une danseuse qu’on ne pas rater sur scène. Son diamant était étincelant tant par l’interprétation que par la solidité technique. Eve Grinsztajn et Axel Ibot forme un joli couple d’oiseaux. Eve illumine et la finesse de sa danse est toujours un plaisir pour les yeux. Le couple de chats est un succès ; Aubane Philbert et Daniel Stokes y sont excellents.

Si vous aimez ce genre de gros chou à la crème allez-y parce que c’est vrai que c’est bon, parce que c’est bien dansé, que le corps de ballet est très en place, que les rôles de solistes sont intéressants et qu’ils changent beaucoup sur toute la série, ce qui va permettre au public de découvrir de nombreux danseurs talentueux. Si comme moi trop de sucre tue le sucre, une soirée est amplement suffisante !

A voir, La belle au bois dormant sur France 3 à 22h40, clic
La belle au bois dormant est en direct au cinéma le 16 décembre, plus d’infos, clic
Plus d’infos et réservations pour La Belle au bois dormant, clic

Les photos sont de  © Sébastien Mathé / ONP.

Extrait vidéo, retour sur quelques années en arrière…

Concours interne ONP 2013 Femmes

Retour sur le concours de promotion femmes qui a eu lieu samedi 9 novembre. Les promues entreront dans leur nouveau grade au 1er janvier. Le jury était composé de Brigitte Lefèvre, Laurent Hilaire, Clotilde Vayer, Benjamin Millepied, John Neumeier, Lionel Delanöé (suppléant), Eleonora Abbagnato, Josua Hoffalt, Alessio Carbone, Lucie Clément, Pascal Aubin et Benjamin Pech (suppléant).

  • Quadrilles

Variation imposée : Célébration de Pierre Lacotte. En vidéo, clic.

Nombre de poste à pourvoir : 2

Résultats :

1. Hannah O’Neill, promue
2. Léonore Baulac, promue
3. Leïla Dilhac
4. Laura Bachman
5. Jennifer Vissochi
6. Alice Cantonnet

Camille de Bellefon, Les Noces fantastiques, variation de l’Océanide, Serge Lifar
Emma D’Humieres, Don Quichotte, Acte I, 2ème variation de Kitri, Rudolph Noureev
Leila Dilhac, L’histoire de Manon, acte II, variation de Manon, Kenneth Mac Millan
Peggy Dursort, La belle au bois dormant, acte III variation d’Aurore, Rudolph Noureev
Lucie Fenwick, Pas.Parts, William Forsythe
Miho Fujii, Raymonda, acte II, variation de Raymonda, Rudolph Noureev
Claire Gandolfi, La Bayadère, acte II, variation de Nikiya, Rudolph Noureev
Amélie Joannides, Les quatre saisons, variation de l’été Kenneth Mac Millan
Lucie Mateci, In the Middle somewhat elevated, William Forsythe
Sophie Mayoux, Delibes suite, José Martinez
Hannah O’Neill, La Bayadère, acte II, variation de Gamzatti, Rudolph Noureev
Caroline Osmont, Suite en blanc, variation de la Cigarette, Serge Lifar
Ninon Raux, Vaslaw, John Neumeier
Gwenaëlle Vauthier, AREPO, Béjart
Jennifer Visocchi, Notre Dame de Paris, Acte 1, variation d’Esmeralda, Roland Petit
Laura Bachman, Coppélia, Acte II, Danse espagnole, variation de Swanilda, Patrice Bart
Léonore Baulac, In the Middle somewhat elevated, William Forsythe
Alice Catonnet, Don Quichotte, Acte II, variation de Dulcinée, Rudolph Noureev

Léonore Baulac

Mes impressions : 16 Célébrations, et bien c’est trop ! A la fin on ne regarde plus bien… C’était tout de même réjouissant de voir cette classe de quadrilles, toutes très douées, pleines de qualité, avec un niveau assez élevé et une grande diversité artistique.
La variation imposée était pleine de subtilités. Les bras varient beaucoup, il faut passer de choses très académiques à d’autres plus délicates. La difficulté résidait surtout dans la descente de scène de fin, avec des développés seconde en tournant qui devaient s’enchaîner sur un joli tour sans se désaxer. Dans cet exercice, Léonore Baulac s’en sort mieux que tout le monde, avec une assurance évidente. La jeune quadrille a déjà eu des rôles de solistes (Olympia récemment dans La Dame aux Camélias) et cette expérience est lisible dès son entrée en scène. Hannah O’Neill, que j’avais trouvé brillante lors de son passage à Lausanne, montre aussi une grande maîtrise. La variation est impeccable. Camille de Bellefon a une jolie présence sur scène. Claire Gandolfi réussit à merveille la fameuse descente de fin, avec des tours plein de légèreté, qui se terminent dans de belles 5ème. Gwenaëlle Vauthier signe elle aussi une belle imposée, tout comme Miho Fuhji, encore oubliée du classement, alors qu’elle a des atouts techniques indéniables. Emma D’humières a de belles qualités, notamment un en dehors remarquables, une technique de pointe délicate et elle suspend et nuance la chorégraphie de façon élégante.

Hannah O'Neill

Après 16 Célébrations, c’est un soulagement de passer aux variations libres ! La plupart des quadrilles font le choix d’une deuxième variation classique, car il leur faut montrer toute l’étendue de leur technique, dans la mesure où, comme coryphées elles continueront de danser dans le corps de ballet, mais pourront accéder à des petits rôles. C’est ainsi que l’on voit défiler Kitri, Nikiya, Gamzatti, Esmeralda, Raymonda et Manon. Parmi ces héroïnes on remarquera la très jolie Nikiya de Claire Gandolfi (je m’étonne qu’elle ne soit pas classée), à laquelle répondait à merveille, l’imposante Gamzatti d’Hannah O’Neill. Emma D’Humières est piquante en Kitri et se donne à fond. Alice Cantonnet est une charmante Dulcinée, bien qu’on ne puisse pas encore compter les 5 temps d’équilibre sur le début de la variation, elle sait y mettre au chose qui est très séduisant pour un premier concours. Amélie Joannidès est comme on l’a découverte l’an dernière, pleine de vie et étincelle le public. On remarquera le retour de Peggy Dusort après une grosse blessure qui s’en sort très bien dans sa variation d’Aurore. Forsythe était à l’honneur avec trois variations. Léonore Baulac se montre au dessus du lot avec In the Middle très réussi ! Quelle présence. On aurait voulu que ça continue ! Lucie Fenwick avait quant à elle choisi Pas./Parts qui fut aussi un bon choix et une belle réussite.
Dans mes « pronostics » sur Twitter j’avais mis Baulac, Gandolfi, O’Neill.

  • Coryphées :

Variation imposée : Suite en blanc, la flûte, Serge Lifar. En vidéo, clic

Nombres de postes : 2

Résultats :

1. Sae Eun Park, promue
Aucune majorité n’étant dégagée à l’issue du 4ème tour de vote pour la deuxième place, le classement n’est pas effectué au delà de la première place.

Letizia Galloni, The Four Seasons, variation de l’Automne, Jerome Robbins
Fanny Gorse, Notre Dame de Paris, Acte 1, variation d’Esmeralda, Roland Petit
Emilie Hasboun, L’histoire de Manon, acte II, variation de Manon, Kenneth Mac Millan
Juliette Hilaire, La Bayadère, acte II, variation de Nikiya, Rudolph Noureev
Laurène Levy, Don Quichotte, Acte I, 2ème variation de Kitri, Rudolph Noureev
Juliane Mathis, Raymonda, acte III, variation de Raymonda, Rudolph Noureev
Sae Eun Park, The Four Seasons, variation de l’Automne, Jerome Robbins
Aubane Philbert, Clavigo, variation de Marie, Roland Petit
Charlotte Ranson, Le Sacre du Printemps, variation de l’Elue, Maurice Béjart
Marion Barbeau, Grand Pas Classique, Victor Gsovsky
Laure-Adélaïde Boucaud, Les Mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar

Sae Eun Park

Mes impressions : La variation imposée comportait des difficultés techniques qui permettaient d’éliminer plus facilement des danseuses. Encore une fois le niveau était assez élevé et ce n’était pas évident de choisir. Il faut briller dans cette variation ; être légère, suspendre ses équilibres, laisser le dos bailler dans les grands développés. A ce jeu là, Letizia Galloni est brillante. Elle ouvre le bal avec beaucoup d’élégance et impose son style. Fanny Gorse propose aussi quelque chose de solide avec de très beaux équilibres. Sae Eun Park danse avec beaucoup d’aisance et de légèreté. Elle glisse comme les notes sur la partition sans accroc. Charlotte Ranson et Lydie Vareilhes dansent elles aussi cette variation avec du style et de la personnalité.

Les variations libres étaient un vrai moment de réjouissance. Letizia Galloni rate la fin de sa variation en se plaçant mal et c’est dommage, car définitivement cette danseuse a quelque chose de fort dans la danse et dans sa personnalité que j’apprécie beaucoup. Charlotte Ranson a fait la plus belle variation libre du concours, toutes classes confondues. Son Elue du Sacre du Printemps de Béjart était remarquable, à couper le souffle. Elle montre une fois de plus une vraie personnalité, qui danse le contemporain comme peu. Lydie Vareilhes est parfaite dans le Grand Pas de Twyla Tharp. Plus les variations passent, plus on a la sensation que cette classe présente des artistes qui ont un style à défendre. Sae Eun Park montre de nouveau qu’elle a toutes les qualités pour être sujet. Grande maîtrise technique et une personnalité qui a un éventail très large. j’ai hâte de la voir dans des propositions contemporaines. Fanny Gorse est une jolie Esmeralda ; sensualité, domination et ses jolies jambes qui se déploient comme un sort jeté. Julianne Mathis manque un peu de balancé dans le dos dans sa variation de la claque. C’est un peu trop lisse, cela manque de caractère, mais on y entrevoit de belles qualités. Aubane Philbert propose une Marie admirable. Elle a ce quelque chose de très juste dans le regard qui est touchant.
Vu la qualité de la classe, on comprend la difficulté à délibérer. Je vous fais part de mon jugement tout personnel, à chaud, après le concours :
1. Park 2. Galloni 3. Vareihles 4. Ranson 5. Gorse

  • Sujets

Variation imposée : Raymonda, acte I, valse fantastique, Noureev. En vidéo, clic

Nombre de postes : 1

Résultats :

1. Amandine Albisson, promue
2. Laura Hecquet
3. Aurélia Bellet
4. Charline Giezendanner
5. Héloïse Bourdon
6. Sabrina Mallem

Sarah Kora Dayanova,  Les Mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Charline Giezendanner, The Four Seasons, variation du Printemps, Jerome Robbins
Christelle Granier, Raymonda, acte III, variation de Raymonda, Rudolph Noureev
Laura Hecquet,  Les Mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Sabrina Mallem, Notre Dame de Paris, Acte 1, variation d’Esmeralda, Roland Petit
Caroline Robert, Les Mirages, variation de l’Ombre, Serge Lifar
Séverine Westermann, Paquita, variation de Paquita, d’après Marius Petipa
Amandine Albisson-Pivat, La Bayadère, acte II, variation de Nikiya, Rudolph Noureev
Aurélia Bellet, Carmen, variation de la chambre, Roland Petit
Héloïse Bourdon, Other Dances, 2ème variation, Jerome Robbins.

amandine-albisson par Agathe Poupeney

Mes impressions :  On pouvait déjà noter l’absence des « nouvelles » sujets, pour d’heureuses raisons. Pauline Verdusen, Eléonore Guérineau n’étaient pas de la partie. La classe des sujets est celle qui pose le plus de tensions. Une place pour beaucoup de talents. Amandine Albisson était pressentie pour le poste, elle l’a eue. Je n’ai pas trouvé, que ce jour là, juste pendant ce concours ce soit elle qui a brillé le plus. Elle sera une très belle première danseuse et elle a montré sa capacité à tenir des rôles avec brio (sa Sylphide, notamment). Dans la variation imposée, il m’a semblé que Sarah Kora Dayanova était celle qui avait les plus belles suspensions en équilibre. Toujours expressive, transmettant une émotion au public, elle a ouvert le bal des Raymondas avec brio. Son ombre était là aussi d’un très haut niveau ; elle racontait une histoire. Aurélia Bellet continue bien son ascension. On l’a vue très à l’aise dans la variation imposée et sa Carmen montrait une technique solide, doublée d’une interprétation sans fioriture, une belle gitane. Amandine Albisson était superbe dans sa Nikiya, j’ai plus de réserves sur ce qu’elle a proposé dans l’imposée, où j’y ai vu des petites erreurs techniques et des tremblements. Laura Hecquet est très musicale dans son imposée, son ombre me touche moins que celle de sa camarade Dayanova. Séverine Westermann se montre toujours aussi à l’aise techniquement, dans son imposée, comme dans sa libre. Sabrina Mallem est une belle Esmeralda. Héloïse Bourdon fait un joli concours avec une libre très romantique.
Mon classement tout personnel : 1. Dayanova 2. Bellet 3. Albisson 4. Bourdon 5. Hecquet

 

Les adieux à la reine

Une soirée d’adieux est toujours un grand moment, surtout dans la maison qu’est l’Opéra de Paris. Vingt minutes de standing ovation, l’étoile Agnès Letestu, seule en scène, affiche un visage ému devant l’hommage que lui rend le public. Elle le dit d’ailleurs lors de sa remise de médaille d’Officier des arts et des lettres – remise par Hugues Gall – que c’est comme ça qu’elle voulait ses adieux, dans le rôle de Marguerite Gautier, avec le public. Sur la scène, elle va chercher ceux qu’elle aime ; Clothilde Vayer, qui, dès son arrivée dans le ballet, l’a aidée, dans le rôle du Sacre du Printemps de Nijinski notamment ; Aurélie Dupont ; son compagnon, qui fut administrateur de la danse dans cette grande maison ; Brigitte Lefèvre qui lui a permis tant de choses, et bien sûr celui qu’elle appelle sa « moitié artistique », José Martinez, qui la couvre de roses blanches. Les paillettes n’en finissent pas de tomber, certaines émotions n’en finissent pas de durer.

Agnès Letestu seule en scène

 

La Dame aux Camélias est un ballet néo-classique très théâtral, sur la musique de Chopin, dont on garde en tête les préludes de l’opus 28. J’adore la musique de Chopin, dramatique et narrative qui sied parfaitement à ce ballet. J’aime les robes toutes plus belles les unes que les autres. Ce ballet me fait rêver, car le personnage de Marguerite Gautier me touche profondément. La chorégraphie pourtant est inégale, les passages avec Manon et Des Grieux m’ennuient souvent, même très bien dansés par Eve Grinsztajn et Christophe Duquenne. Pourtant, j’ai l’impression d’être au cinéma, de suivre cette passion amoureuse, de vibrer comme son héroïne. Sans doute, cela vous semblera un peu puérile, mais les émotions sont là et bien réelles.

Agnès Letestu était superbe jeudi soir. Je ne l’avais pas revue dans La Dame aux Camélias depuis bien longtemps. Le raffinement de sa danse, et la pertinence de son jeu ont emmené le public dans l’histoire. Son partenaire, Stéphane Bullion, était lui aussi excellent et sa danse était très intense. Les trois pas de deux révélaient la communion des deux danseurs, leur complicité était sans pareille.

Standing ovation pour l'étoile

J’ai beaucoup pleuré, surtout pendant ces pas de deux. Agnès Letestu m’a bouleversée, et ce, depuis longtemps. Son cygne est sans doute un de mes préférés, avec ses bras remplis d’une matière qu’on voit trop peu chez les danseuses. Sa bayadère reste gravée dans mon esprit. C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai quitté la salle. Beaucoup de souvenirs aussi, car cela fait partie des étoiles que j’ai pu suivre depuis leur nomination jusqu’à leurs adieux. Une soirée partagée avec celles avec qui je fais de la danse depuis longtemps, et avec qui, postée en grand écart contre un mur, je pouvais parler pendant de longues heures d’Agnès Letestu, toujours admirable en tout et pour tout. La danse est un partage, cette soirée en fut remplie.

Standing ovation pour l'étoile

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