Le Sacre du Printemps

Nouvelles de 2013 n°14

Cette soirée au T.C.E. fut sans doute la plus belle depuis plusieurs mois. Quels sacres ! Voir celui de Nijinsky, a provoqué une émotion particulière, qui n’était rien face à celle ressentie devant le Sacre de Sasha Waltz… Relire ma chronique, clic

Ma semaine fut plutôt studieuse, et j’ai fui les salles de théâtre (si, si c’est possible). Je voulais aller au cinéma, je n’ai pas pris ce temps j’espère en avoir le temps cette semaine. Allez cette semaine va être explosive, voilà trois spectacles que je vais découvrir, faîtes en donc de même !

  • Les sorties de la semaine

On poursuit le Centenaire du TCE  avec la venue à Paris du Tanztheater wuppertal de Pina Bausch, qui vient danser le Sacre du printemps. Sans doute une des plus belles chorégraphies sur cette musique, celle en tous les cas qui ne peut vous laisser indifférent. Au sol, de la terre noire, sur laquelle la danse devient transformée. Les corps semblent sortir de terre, elle leur colle à la peau. On est emporté jusqu’à une danse de l’élue qui vous prend au coeur.
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Sacre Pina

Dans un tout autre genre, on va à la Villette pour découvrir un spectacle tout à fait original, We were horses de Carolyn Carlson et Bartabas. Pendant un mois et pour fêter le 10ème anniversaire de l’académie équestre de Versailles, Bartabas s’installe à la Grande Halle de La Villette pour un mois du 7 au 30 juin. Le spectacle est né de la rencontre des deux artistes. 16 danseurs, 9 écuyers pour vous emmener dans une féerie toute particulière. Autour du spectacle, des matinées sont organisées pour découvrir le travail des écuyers, qui comme celui des danseurs, est une discipline quotidienne. Des ateliers pour les enfants et des soirées sont organisés. Les cinéma MK2 Seine et Loire organisent eux aussi des séances autour du travail du plus célèbre des écuyers.
A noter, sur Twitter, vous pouvez gagner 2×2 places en « retweetant » le tweet du concours. Tirage au sort, mercredi.
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Enfin direction Rueil Malmaison pour découvrir ou redécouvrir la compagnie 3ème étage de Samuel Murez, danseur de l’Opéra de Paris. Il a eu ce besoin vital de créer cette troupe pour prendre le temps de chorégraphier, de faire des choses différentes du travail à l’Opéra. Entouré de danseurs de l’Opéra, Ludmila Pagliero, Josua Hoffalt, Jérémy Loup Quer, Takeru Coste, François Alu, Laura Hecquet, Léonore Baulac, Lydie Vareilhes, Hugo Vigliotti, Fabien Révillion. Le spectacle Désordres est donné au théâtre André Malraux du 8 au 12 juin. On y découvrira des pièces déjà dansées par la compagnie et de nouvelles créations. A noter, cet été la compagnie participera au très prestigieux Jacob’s Pillow Festival.
Réservations www.3e-etage.com/tam ou 01.47.3.24.42.

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  • La photo de la semaine : Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard par Christian Lartillot

Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard par Christian Lartillot

  • La vidéo de la semaine

Digression toute personnelle, un très bel anniversaire cette semaine, à la femme que j’aime le plus au monde, ma maman.

 

Pina de Wim Wenders, hommage haut en couleurs

Pina 3D

Pina est un film merveilleux qu’il faut courir voir au cinéma le 06 avril. J’ai été éblouie par de la beauté jetée en touffe ce soir.

J’avais ratée l’avant-première au Théâtre de la ville le 02 mars (quelle idée de mettre une avant-première à l’heure à laquelle je danse?). Amélie et Fab s’y étaient rendues. Quant à moi j’avais obtenu 2 invitations pour voir le film ce jeudi. Après une introduction par Wim Wenders assez forte en émotion (depuis Les ailes du désir… moi j’adore Wenders) il est temps de chausser les lunettes (peu pratiques par  ailleurs quand on en porte déjà, le petit rat a des tendances de taupe).

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© Neue Road Movies GmbH, photograph by Donata Wenders

Le film est une sorte de film hommage à la chorégraphe. Ici pas de larmes ou de regrets, que du bonheur et de la joie. Le film tourne autour de plusieurs axes et sa structure est régulière, et c’est peut être là le seul reproche que l’on peut faire au film.

Quatre ballets, quatre pièces. Pour chaque pièce, une manière particulière de filmer. Quelques phrases sur Pina d’un danseur filmé en gros plan avec sa voix en off. Puis un
extrait de la pièce dans un lieu en extérieur, le métro, la forêt, un carrefour, la place devant le théâtre.

Le film s’ouvre sur la scène du Wuppertaltheater avec dans le fond une photo de Pina. Discrète, elle va observer, d’où elle est, ce joyeux remue ménage.

On commence avec Le Sacre du Printemps. Je n’aime pas les classements mais Le Sacre doit être dans mon top 10 . Je n’ai jamais vu Le Sacre comme cela
et la 3D a produit sur moi un effet merveilleux. On est sur scène avec les danseurs, tout y est encore plus sensuel que d’ordinaire. La barrière toile/spectateurs y est brisée. La tension est à son comble, seul regret Wenders ne met pas la danse de l’Elue, il arrête le ballet à la saisie de la sacrifiée par le soliste.

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© Neue Road Movies GmbH, photograph by Donata Wenders

On poursuit avec Café Müller qui est présenté sous forme d’une maquette par Dominique Mercy et Malou Airaudo. Ils regardent la scène remplie de chaises et les personnage apparaissent sur cette petite maquette. Les deux danseurs se rappellent de Pina dansant Café Muller. Elle apparait et rappelle l’importance de comment placer son regard malgré les yeux fermés. On y voit différents extraits de cette superbe pièce. La troisième dimension nous fait nous aussi voyager les yeux ouverts à travers ces chaises. On est happé par les personnages, les extraits sont choisis avec habileté, et on jongle en permanence avec les entretiens des danseurs ou les scènes filmées dans un espace urbain ou naturel. Dans ces espaces, j’ai tout particulièrement aimé ceux
tournés dans une espèce de studio aux lignes épurées, fait de vitres et de bois, le tout en pleine nature. Les extraits dans le métro avec Dominique Mercy avec de grandes oreilles ou sa version de la ballerine classique dans un tunnel sont irrésistibles.

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© Neue Road Movies GmbH, photograph by Donata Wenders

Kontakthof est la troisième pièce présentée, qui constitue un fil rouge tout au long du film, car on voit par moments les danseurs de Pina faire cette fameuse file indienne avec
des mouvements de bras. Là Wim Wenders choisit de mêler les trois pièces de Kontakthof, celle de la compagnie, celle des juniors de 2008 et celle des seniors de 2000. C’est assez bien fait et le tout est harmonieux. J’ai aimé revoir danser Cristiana Morganti, Nazareth Panadero et  Anna Wehsarg. Quand un des personnages prend ses camarades de jeux en photo, on nous emmène vers une scène hors les murs accompagnée de nouveau par un portrait court à travers les mots de Pina. Ils se souviennent tour à tour de ce que Pina leur disait. Peu de choses, globalement. Mais toujours des choses juste qui les faisaient avancer, qui les faisaient grandir, qui les aidaient à affronter la vie et ses épreuves. Elle leur disait des choses qui leur permettaient de se libérer de tout carcan pour pouvoir s’exprimer en scène. Quand on voit la diversité de ses danseurs, de leurs caractères, de la couleur de leur danse, de leurs regards, on se dit que Pina avait
un sens hors norme pour sentir le potentiel des gens, pour faire ressortir ces talents plein d’émotions et de sentiments.

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© Neue Road Movies GmbH, photograph by Donata Wenders

On finit avec Vollmond, pièce de 2006, que j’ai confondu au début avec Sweet Mambo, (crée en 2008) car dans cette dernière pièce elle y reprend des éléments de la première. C’est une pièce avec beaucoup d’éléments naturels, la pluie, la pierre. Les scènes hors les murs vont donc être dansées de façon naturelle dans la forêt par une autre danseuse que j’aime beaucoup et qui tenait le rôle principal dans Sweet Mambo, Regina Advento.

Ce film c’est comme une grande bouffée d’air frais (de mes montagnes que j’aime tant, pour rester dans un esprit de nature…), c’est festif comme la B.O. de Chat noir, Chat
blanc, c’est comme une gorgée de bière à une terrasse de café parisien quand il fait beau, c’est comme si on découvrait la danse pour la première fois. C’est un instant de bonheur très coloré, superbement filmé et orchestré. Et ça danse, ça danse, ça ne s’arrête jamais car sinon, nous sommes perdus.

Sortie en salles le 06 avril.

Le site de la production est . Vous y trouverez des vidéos du making off, le dossier presse en PDF intéressant à lire et d’autres infos.

3B, 3 soirées, 3 Sacres

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Nicolas Le Riche, Marie-Agnès Gillot, Ludmila Pagliero et Aurélia Bellet.

 

Les trois B, troisième ! Bon alors pas vraiment 3ème vu que j’ai assisté à la couturière, puis à la générale et là enfin une représentation ! Qui dit représentation, dit place pourrie et j’étais au dernier rang de l’amphi (arrêter de prendre des places à la dernière minute, résolution 1), alors je scrute la salle et F*** me dit que la deuxième loge 11 est vide, il est 19h58 et je file. Ah on est mieux, j’aperçois même de ma place Palpatine et son chapeau, ainsi que plus au centre du balcon Claude Bessy et son éternel chignon.

Nicolas Le Riche m’a permis de ne pas m’ennuyer pendant Apollon et ce n’est pas rien. Le Riche c’est quand même une autre dimension. Pas un bruit à la réception des
sauts, de la légèreté, de l’amplitude, de la nuance, enfin de la danse en somme ! Marie-Agnès Gillot remplace Agnès Letestu qui est blessée et ça c’est pas mal non plus. Les jambes de Marie Agnès, longues à l’infini, transforment le rôle de cette muse et me rendent cette chorégraphie intéressante. Nicolas Le Riche donne à voir un Apollon très enfantin au début. Il a sur le visage ce sourire qu’il nous donne souvent aux saluts. Quant à MAG, elle s’éclate, elle joue avec la musique, s’impose facilement dans ce rôle de remplacement. Ludmila Pagliero est très bien aussi, je n’aime pas la variation qu’elle danse, mais elle donne quelque chose qui me touche beaucoup.

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Arrive ensuite le très poétique O Zlozony/O composite et là une fois encore le charme opère. Je revois le trio Zusperreguy/Carbone/Bélingard. Il y a beaucoup d’air dans ce ballet, c’est ce qui me marque le plus ce soir. Les danseurs flottent dans une matière, qui les fait danser en apesanteur. Jérémie Bélingard caresse l’espace avec ses bras, Alessio Carbone avec son dos, et Muriel Zusperreguy avec ses jambes. Cette dernière, transportée des bras de l’un aux bras de l’autre, nage avec aisance dans cet espace aérien. Tout semble naturel dans ce ballet, les portés, les chutes au sol, les sauts, tout y est doux mais attention pas gnangnan, car il y a une palette de nuances et de pas dans ce ballet qui en font sa richesse. Ajoutez à cela la musique (j’adore les brrrrrr
qui déclenchent des mouvements) dont la poésie n’est plus à démontrer et vous êtes enchanté.

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Encore une fois le Sacre, encore une fois des frissons, encore une fois je ne peux plus bouger. Le noir qui envahit la salle après la mise en terre de la scène plonge le
spectateur dans une première angoisse (oui j’ai peur du noir et j’assume!). Alice Renavand est allongée sur la robe rouge, la lumière rasante l’éclaire d’un coup. Puis Eleonora Abbagnato court et s’installe dans un grand plié. L’énergie se diffuse et la danse s’enivre de cette terre qui alourdit les jambes, qui obligent les danseurs à aller au delà de soi, à entrer dans cette transe si particulière. Je suis collée à ma rambarde et je ne peux décoller mon regard de cette frénésie.

Eleonora est la plus belle « Elue » qui m’ait été donnée à voir. Elle fut animale, le regard absorbé par une vision d’angoisse ou d’horreur. Ses mouvements sont habités par la
transe, elle me fait frissonner, son regard est de plus en plus angoissé, voire fixe comme si l’image de la mort ne flottait plus devant elle, mais s’était incrustée dans ses yeux. La connexion avec Wilfried Romoli est très forte dès l’instant où il la soulève, jusqu’à la danse pendant laquelle au sol, les bras en l’air qui sont l’énergie qui permettent à l’Élue de rester debout. Les autres danseurs ne bougent plus, le souffle de l’Élue rythme sa danse. Dernière note, les bras de Romoli tombent et l’Élue avec. Il n’y a de mots pour qualifier l’émotion qu’elle vient de me faire passer. Encore bravo. Je n’oublie pas la musique, bravo à l’orchestre dont les musiciens restent dans la fosse pour les saluts.

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Eleonora encore sous le choc de sa transe

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Félicitations pour le Sacre !

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Eleonora retrouve le sourire après 5 minutes d’applaudissements.

A la sortie je rencontre Palpatine, avec son chapeau et ses balletomanes numérotées. Il a la charge à présent de me présenter sa souris.

La critique de Rosita Boisseau dans Le Monde.

A lire sur les blogs, la soirée de Cams, d’Amélie, de Mimylasouris.

APOLLON

Igor Stravinsky Musique
George Balanchine Chorégraphie

O zLozony/O composite

 

Laurie Anderson Musique
Trisha Brown Chorégraphie
(Opéra national de Paris, 2004)
Vija Celmins Élément de Scénographie
Elizabeth Cannon Costumes
Jennifer Tipton Lumières

Le Sacre Du Printemps

Igor Stravinsky Musique
Pina Bausch Chorégraphie
Rolf Borzik Scénographie, costumes et lumières

 

  • Distribution du 19 décembre à 20h00

 

Apollon Musagète
Apollon Nicolas Le Riche
Terpsichore Marie Agnès Gillot
Calliope Aurélia Bellet
Polymnie Ludmila Pagliero
O zlozony / O composite
DANSEUSE Muriel Zusperreguy
DANSEURS Jérémie Belingard
Alessio Carbone
Sacre du printemps (Le)
L’ELUE Eleonora Abbagnato

 

Je vous rajoute la liste complète des danseurs car il faut tous les nommer !

Eleonora Abbagnato, Muriel Zusperreguy, Amandine Albisson, Caroline Bance, Aurélia Bellet, Christelle Granier, Miteki Kudo, Laurence Laffon, Laure Muret, Alice Renavand, Severine Westermann, Géraldine Wiart, Amélie Lamoureux, Charlotte Ranson, Caroline Robert, Camille de Bellefon

Wilfried Romoli (étoile invitée), Alessio Carbone, Vincent Chaillet, Josua Hoffalt, Bruno Bouché, Aurélien Houette, Julien Meyzindi, Pascal Aubin, Sébastien Berthaud, Matthieu Botto, Adrien Couvez, Daniel Stokes, Alexandre Carniato, Alexandre Gasse, Samuel Murez, Francesco Vantaggio.