La Bayadère

Gala Noureev à l’Opéra de Paris

Un gala  Noureev était sans doute la façon la plus simple de lui rendre hommage même si la chose n’était facile. Peu des danseurs présents sur scène ont travaillé avec Noureev, ni même connu le grand maître. La transmission par la génération Hilaire Legris est certes efficace, mais on entend souvent dire, que depuis qu’il n’est plus là, les ballets ne sont plus aussi bien dansés ou dansés différemment. Je suis de celle qui pense que la danse évolue, que les techniques changent et que les ballets se transforment, que les interprètes se les approprient et que la danse n’est pas un art figé dans le temps.

Saluts Gala Noureev

Difficile cependant de rendre hommage à Noureev. Quoi de mieux que de montrer ses chorégraphies. On a donc vu les pas de deux des grands ballets classiques qu’il a remontés pour l’Opéra de Paris. On regrettera le peu de variations masculines, les garçons étaient un peu délaissés dans les choix faits pour ce gala, ce qui est dommage, dans un programme où l’on rend hommage à un danseur comme l’était Noureev. On comprendra aisément le choix du troisième acte de la Bayadère, mais pourquoi ne pas l’avoir dansé en entier ? De même pour Don Quichotte, on aurait pu se fendre d’un acte entier, ce n’est pas comme si les danseurs ne l’avaient pas les jambes.

Nicolas Le Riche et Laëtitia Pujol dans Roméo et Juliette

La soirée a commencé par un hommage en photos, pendant que l’orchestre jouait l’ouverture du Lac des cygnes. Du gala, on retiendra surtout le très joli duo Nicolas Le Riche et Laëtitia Pujol dans Roméo et Juliette. Elle m’avait déjà bouleversée il y a 3 ans(relire ma chronique, clic). C’est une pure technicienne, qui ne laisse rien au hasard. Les talons sont toujours bien posés, l’en dehors est exemplaire, le déroulement des pieds pour monter et descendre de pointe est élégant. Ce qui est remarquable ce sont ses qualités de comédienne. Elle se transforme en une charmante Juliette de 14 ans, adorable et follement amoureuse. Elle joue à merveille l’émoi du premier baiser. Il faut dire qu’elle a avec elle un partenaire à sa hauteur. Le Riche est toujours surprenant, même en le savant à l’avance. Comme pour elle, un joli travail technique, avec une série de saut en l’air très réussis. C’est surtout son visage qui a accroché le spectateur et cette sensation de rajeunissement. Son air de jeune minot, son sourire angélique, un vrai gamin dansait sur scène hier soir, avec beaucoup de pureté. C’est le seul moment de la soirée où l’on a réussi à se plonger dans l’esprit du ballet. Les applaudissements s’en sont ressentis et les bravos ont été nombreux.

Mathias Heymann dans Manfred 2

L’autre moment fort de la soirée fut le solo de Mathias Heymann. Il dansait Manfred, ballet moins connu que les grands classiques, donné la dernière fois en 1986, qui est inspiré d’une pièce de Lord Byron. Le jeune homme faisait son retour sur scène, après une très longue blessure (relire l’article d’Ariane Bavelier, clic). Danse pleine d’émotions avec beaucoup d’investissement, le public a acclamé le jeune homme qui en était ému aux larmes. Il était grand temps qu’il revienne !

Bayadère acte des ombres

J’ai apprécié de voir danser les petits rats dans Casse-Noisette, qui étaient tous à la hauteur et peuvent faire la fierté de leur directrice. Les équilibres d’Aurélie Dupont dans l’adage à la rose ont aussi beaucoup plu au public, même si je l’ai trouvée un peu effacée. Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio étaient très bien, mais sans décor, Garnier parait bien vide. Il manquait un soupçon de piquant dans tout cela. Marie-Agnès Gillot a fait une belle Cendrillon, avec beaucoup de charisme, comme à son habitude.
Dans son discours « post-spectacle », Brigitte Lefèvre a dit que Noureev détestait les hommages, en le citant « Hommage, fromage, dommage ». J’ai trouvé pour ma part que la soirée manquait de grandiose et de magie et cela, oui c’était dommage.

Mille mercis à JMC pour la place.

Casse-Noisette avec Myriam Ould-Braham et Christophe Duquenne et les élèves de l’école de danse.
La Belle au bois dormant (Adage à la rose) avec Aurélie Dupont avec Vincent Chaillet, Stéphane Phavorin, Yann Saïz et Audric Bézard.
Cendrillon avec Marie-Agnès Gillot et Florian Magnenet
Don Quichotte (Fandango) Eve Grinsztajn et Vincent Chaillet et le corps de ballet
Don Quichotte avec Ludmila Pagliero et Karl Paquette
Raymonda (Variation de la claque) avec Isabelle Ciaravola
Le Lac des cygnes (Cygne blanc) avec Emilie Cozette et Hervé Moreau, voir la vidéo, clic
Le Lac des cygnes ( Cygne noir) avec Dorothée Gilbert, Mathieu Ganio et Benjamin Pech, voir la vidéo, clic
Le pas de deux de Roméo et Juliette  avec Lætitia Pujol et Nicolas Le Riche voir la vidéo, clic
Manfred  avec Mathias Heymann voir la vidéo, clic
La Bayadère (les Ombres) Agnès Letestu et Stéphane Bullion et le corps de ballet, voir la vidéo, clic

Nouvelles du 26 mars

201103-024

© Sébastien Mathé

Pas de petit Rat ces deux dernières semaines, pour des raisons personnelles. L’actualité en danse fut riche et je sais qu’il y a plein de choses que j’ai manquées.

Je n’ai pas tout manqué et j’ai tout de même vu plein de beaux spectacles que je vais m’empresser de vous raconter.Sylvie Guillem au Théâtre des Champs-Elysées, la soirée Robbins/Mats Ek, une rencontre avec Laurent Hilaire, une Bayadère avec nomination à la clef. Bref, encore du retard !

Je suis aussi allée voir jouer Emmanuelle Béart dans Se trouver au Théâtre de la Colline. Si la comédienne est excellente, d’une sensualité à faire pâlir plus d’un, la
mise en scène de Nordey dessert fortement le texte de Pirandello. La déclamation du texte met à mal plusieurs comédiens et tout cela n’est pas bien mis en valeur. Dans un décor qui ressemble à un vêtement trop grand, on se perd et on ne se retrouve pas. La réflexion sur le statut de l’artiste est pourtant passionnante. Qu’est qu’une comédienne? Est-ce sur scène qu’elle est elle même, est-elle femme ? Ou bien faut il oublier la scène et tomber dans l’amour passionnel, loin du monde, pour se découvrir… ou bien se perdre..

Cette semaine est chargée, je vais ce soir à la présentation de la saison junior de l’Arop (au grand hôtel, attention on nous sort le grand jeu !), voir Roméo et Juliette de Malandain à St Quentin en Yvelines mardi soir, voir une conférence dansée au CND jeudi soir autour de Trisha Brown, Nicolas Paul et Thomas Lebrun. Semaine chargée donc !

 

  • Les sorties de la semaine

Évidemment je n’ai pas eu le temps de vous en parler mais il vous reste une semaine pour aller voir la soirée Robbins Mats Ek à Garnier. Deux chorégraphes très différents,
pour une soirée éclectique. Le premier ballet Dances at the gathering est un ensemble de danses très fluides, et aériennes, sur la musique de Chopin. Le deuxième plus
rock’nroll présente les habitants d’un Appartement, qui évoluent avec des objets du quotidien, sur lesquels ils projettent leurs peurs, leurs angoisses, leurs personnalités. Dans une chorégraphie très riche, Mats Ek propose une pièce  formidable, un petit bijou qui regorge de détails qu’on découvre un peu plus à mesure qu’on la voit. Les distributions sont formidables, avec une belle série d’étoiles et premiers danseurs. Les danseurs sont très investis dans cette soirée et on y passe un beau moment.

Pour réserver et voir les distributions suivez le lien.

A lire dans la presse :  Le Huffington Post Des anciens très modernes

Le JDD Mats Ek sur deux scènes à la fois

Le Figaro Mats Ek et l’inspiration de l’aspirateur

Culturebox Mats Ek et Robbins entremêlent leur vision du couple

Paris Match Le Ek plus ultra

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Côté théâtre je vous conseille d’aller faire un tour au Théâtre du Rond Point voir la pièce musicale,  Belles soeurs. Cette pièce de Michel Tremblay raconte l’histoire
d’une femme qui a gagné des bons pour commander des objets dans des catalogues par correspondance. Elle fait appel à toutes les voisines, belles-soeurs et autres amies du voisinage. Ça chante, c’est drôle, c’est plein d’humanité et c’est jusqu’au 7 avril.

Pour réserver c’est par là.

A lire :  Les belles soeurs débarquent au Rond Point sur Culturebox.

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Et bien sur à voir et à revoir La Bayadère, toujours à Bastille dont les distributions ont quelque peu changé. Dorothée Gilbert s’est blessée, Mathilde Froustey aussi, du coup
Ludmila Pagliero, notre nouvelle étoile assure bon nombre de représentations et ne sera plus dans la soirée Robbins/Ek. Marie Agnès Gillot assure toutes les soirées Robbins/Ek et ne dansera pas Gamzatti aux côté de Zakharova. Elle sera remplacée par Emilie Cozette.

Pour plus d’infos et réserver, suivez le lien.

  • En vrac

Ce soir a donc lieu la présentation de la saison 2012-2013 pour les juniors AROP, ce sera l’occasion de faire un petit article pour vous expliquer comment cette association fonctionne, comment y adhérer, comment s’abonner, etc.

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Les représentations du spectacle de Sébastien Ramirez et la chorégraphe Hyun-Jung Wang sont annulées car la chorégraphe et danseuse est blessée. Il faut s’adresser au Théâtre de la Ville pour se faire rembourser. Dommage les extraits donnaient vie de
voir ce spectacle.

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Pour réécouter Marie Agnès Gillot qui était l’invitée de RTL dans le journal inattendu c’est par ici.

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Le New-York Times a lui aussi vu la nomination de Ludmila Pagliero.

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Portrait de Nicolas Le Riche dans Le Parisien : Danseur étoile, c’est du sport.

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  • La vidéo de la semaine

 

Aurélie Dupont et Josua Hoffalt dans le premier pas de deux de La Bayadère.