Ce soir à 18h45 sur Arte, vous pourrez découvrir Les enfants de Scaramouche, un film de François Roussillon librement inspiré du ballet de José Martinez, créé pour les élèves de l’école de danse. Vu la semaine dernière, je vous livre quelques impressions sur ce film qui ravira petits et grands à Noël.
Le film commence avec Jade et Enzo, deux élèves de l’école de danse. Jade est à l’école et attend Enzo qui est externe. Aujourd’hui, il y a le grand José Martinez, danseur étoile, qui va faire une audition pour son ballet. Enzo ne se réveille pas, alors qu’il est le favori pour le rôle du danseur. Jade, affolée, tente de le réveiller. Il part en catastrophe de chez lui et faute de bus, il erre dans Paris, danse avec un violoniste, dévale les quais de Seine, poursuit sa course vers Nanterre. Enzo arrive enfin à l’école, mais ne parvient pas à accéder au studio. Fuyant sa directrice de la danse, il se réfugie dans un studio plus haut, où un rideau rouge est installé. Ce rideau est en fait une porte secrète vers l’Opéra Garnier. Fasciné par les petites souris, Enzo va les suivre dans les moindres recoins de l’Opéra Garnier tandis que Scaramouche et sa bande de la commedia dell arte vont petit à petit envahir l’Opéra. Poussé par Scaramouche, il attendra enfin l’audition pour son rôle. On entre alors dans une autre atmosphère, celle des ballets romantiques, où les petits rat se transforment peu à peu en danseurs étoiles (magnifique passage dansé par Isabelle Ciaravola et Mathieu Ganio). Puis, après ce passage qui nous fait verser une larme, on replonge dans la grande fête, avec tous les petits rats, qui dansent la grande farandole de Scaramouche. Poursuivis par l’homme de la sécurité, ils disparaissent par le même rideau magique qui mène à l’école de danse.
Les scènes dansées du film sont très belles, notamment celles sur la scène de Garnier. Il y a moments d’humour charmants ; la scène du marché de Nanterre (Allister Madin, Takeru Coste et Alice Cantonnet en guests, spécialistes du passage de balai), ou celle des petits rats dansant sous la neige. Dans l’ensemble, la réalisation du film n’est pas à la hauteur du ballet de José Martinez. Les envois de sms qui apparaissent sur l’écran, une photographie presque proche de certaines séries télévisées, des regards un peu clichés, loin du talent des interprètes font le film dénature un peu l’esprit si génial du ballet de José Martinez. Une réalisation qui pêche un peu, mais qui n’enlève pas tout le talent des petits rats et qui donne très envie de revoir Scaramouche, un ballet qui pour une fois, n’est pas plein de sucre et de niaiseries pour enfants, mais qui voit juste et montre le monde des enfants avec poésie, humour, beauté et fantaisies. Un film à regarder en famille pendant ces fêtes de fin d’année.
Et voilà la saison s’est terminée à l’Opéra de 15 juillet dernier avec les adieux de José Martinez. Une soirée très forte en émotions dans la salle, un peu guindée dans le grand foyer pour la remise de la médaille de Commandeur des arts et des Lettres, ainsi que deux très beaux cadeaux, un siège d’Opéra à son nom et un costume Christian Lacroix offert par tous les danseurs, techniciens, machinistes et habilleuses (je dois en oublier), et très festive et dansante pour la dernière partie de soirée. La saison se finit en beauté, il faut maintenant assurer la relève, renouveler les danseurs, car José Martinez ouvre la voie du départ pour bien d’autres après lui… Osta, Letestu, Le Riche (ahhhhh), Dupont, Ciaravola..C’est un grand artiste qui nous quitte, un homme au cœur généreux. Je repense à cette soirée fabuleuse et j’ai encore des paillettes dans les yeux.
Il y a encore des choses à faire à Paris heureusement cette semaine ! Le Miami city ballet est là pour encore une semaine au Châtelet, il faut aller les voir, ça vaut vraiment le coup. Voilà le programme de la semaine.
Lundi 18 juillet
à 20h
Projection du film West Side Story
au Théâtre du Châtelet
en présence de GEORGE CHAKIRIS
Mardi 19 juillet
à 20h
Nine Sinatra Songs (Tharp-Arlen/Mercer/Cahn)
Afternoon of a Faun (Robbins-Debussy) Liturgy (Wheeldon-Pärt) Ballet Imperial (Balanchine-Tchaikovski)
Mercredi 20 juillet
à 20h
Theme and Variations (Balanchine-Tchaikovski)
Promethean Fire (Taylor-Bach)
Nine Sinatra Songs (Tharp-Arlen/Mercer/Cahn)
Jeudi 21 juillet
à 20h
Theme and Variations (Balanchine-Tchaikovski) In the Night (Robbins-Chopin) In the Upper Room (Tharp-Glass)
Vendredi 22 juillet
à 12h
Cours en public
Vendredi 22 juillet
à 20h
Western Symphony (Balanchine-Kay)
In the Night (Robbins-Chopin)
In the Upper Room (Tharp-Glass)
Samedi 23 juillet
à 15h
Western Symphony (Balanchine-Kay)
Afternoon of a Faun
(Robbins-Debussy)
Liturgy (Wheeldon-Pärt)
Nine Sinatra Songs (Tharp-Arlen/Mercer/Cahn)
Samedi 23 juillet
à 20h
Square Dance (Balanchine-Corelli/Vivaldi)
Afternoon of a Faun
(Robbins-Debussy)
Liturgy (Wheeldon-Pärt)
Ballet Imperial (Balanchine-Tchaikovski)
Sinonle Festival Paris d’été a commencé depuis jeudi 14 et se termine le 09 août. Il y a une belle programmation et beaucoup de manifestations gratuites. De la danse avec :
Fanny de Chaillé le 23 juillet (gratuit)
La compagnie Trafic de Style/ Sébastien François Obstacle du 26 juillet au 02 août (gratuit).
Compagnie Toujours après minuit/ Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna El como quieres du 17 au 26 juillet (gratuit).
Compagnie Toujours après minuit/ Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna Avant propos du 31 juillet au premier août (8€-14€-18€).
Ballet Preljocal/Angelin Preljocaj Empty moves (part I & II) du 22 au 24 juillet (8€-14€-18€).
Ballet Preljocal/Angelin Preljocaj Annonciation du 21 au 22 juillet (8€)
Emanuel Gat Dance/ Emanuel GatBrilliant Corner du 3 au 6 août (8€-14€-18€).
Malandain Ballet Biarritz/ Thierry Malandain Roméo et Juliette du 27 au 30 juillet (8€-14€-18€).
Côté expo le festival met à l’honneur Agathe Poupeney qui est la photographe officielle du festival. C’est l’oeil et la mémoire du festival. Le soirée de vernissage de l’expo a
lieu le 22 juillet et vous pourrez voir les photos jusqu’au 9 août. Je ne serai pas à la soirée de vernissage, mais je ne manquerai pas d’aller voir les photos d’Agathe.
Il y a aussi une belle programmation théâtrale et de musique alors ne manquez pas d’aller voir la programmation complète sur le site du festival. Il y a beaucoup de manifestations gratuites.
En vrac…
La création de Ratmansky a l’air super spéciale… Les garçons seront déguisés en animaux et les filles en fleurs.. Petite pensée pour un joli mouton… espérons que la chorégraphie soit géniale pour relever tout ça !
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Si vous êtes en province, vous pouvez aller voir Mathilde Froustey and friends aux Arènes du vieux Boucau ce soir. Au programme
En 1ère partie : Who Cares du chorégraphe américain Georges Balanchine Direction New York ! Les danseurs nous font vibrer sur les rythmes jazzy des années folles !
2ème partie : Don Quichotte ( 3ème acte ) en compagnie des danseuses de l’école Gillet-Lipszyc de biarritz et Choré-AM de Messanges ! Au cœur de Séville, DON QUIChOTTE et son fidèle Sancho Pança assistent au mariage de la malicieuse Kitri.
Si vous êtes encore à Avignon, faîtes un effort demain pour aller à 4h30 voir Cesana d’Anne Teresa de Keersmaeker.. Si si ça vaut le coup de se lever si tôt ! Vous
mangez ensuite à 14h vous enchaînez avec la projection de Rosa tanzt Rosas. Ce soir il y a Levée des Conflits de Boris Charmatz à 21h, ce week
end (24, 25, 26 juillet) encore du ATDK avec Fase. Il y a une expo de photos de danse à l’école des beaux arts. Ne manquez pas aussi cette semaine la performance de
William Forsythe, Unwort, tous les jours à 14h.
Voilà le lien vers le site, allez voir, il y aussi plein de supers pièces de théâtre, j’attendrais qu’elles passent à Paris pour les voir.
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A Montauban a lieu le festival DanseS en place du 19 au 24 juillet. La programmation est très belle, car vous pourrez y voirBoxe, Boxe de Mourad Merzouki, Roméo et
Juliette du Malandain Ballet Biarritz, Ensayos de Timeless d’Arantxa Sagardoy/Incidence Chorégraphique, un spectacle de clôture avec des extraits d’Esmeralda (Allister Madin/Kora Dayanova) , Delibes Suite, La Belle au bois dormant. Les élèves d’un stage organisé pendant la durée du festival danseront aussi lors du spectacle de fin de stage.
Bonus vidéo de la semaine : José Martinez remercie son public
Moment très émouvant et très fort…
Spotted, les blogueuses sont filmées… saurez vous les retrouver? Déjà la semaine dernière Le Petit rat était caché dans une des photos…
Ce fut une soirée très très émouvante, drôle, dansante, espagnole, bref une soirée à l’image de son étoile, José Martinez. Tous les balletomanes de la capitale et les amis de José Martinez s’étaient donné rendez vous pour le voir faire des adieux officiels à la scène de Garnier, car en réalité il reviendra y danser dès la saison prochaine.
Dès l’arrivée dans le grand escalier, les troubadours et autres acrobates annoncent le programme : « Entrez Mesdames et Messieurs ! Venez voir le spectacle ! Soirée d’adieux de José Martinez ». Le spectacle fut truffé de références à José Martinez, à son Espagne natale. Les funambules crient lors du début du premier acte de s’approcher pour voir José Martinez qui fait ses adieux ce soir. Les tutus de répétition au divertissement du début du 2ème acte qui sont d’ordinaire noir et blanc, les danseuses sont cette fois ci en rouge et jaune.
Et ce soir, bien sûr c’est José Martinez dans le rôle de Baptiste. Et c’est amusant de voir à quel point l’étoile chorégraphe s’est taillé un rôle sur mesure. Il est absolument parfait, les lignes mettent son corps en valeur. Quant à son jeu, les scènes de pantomime sont brillantes, les deux scènes de la chambre sont très émouvantes, est-ce parce qu’il danse avec sa partenaire favorite, Agnès Letestu? Agnès Letestu… ce soir elle avait mangé du lion ! Elle était belle, très à l’aise dans ses bottines, d’une complicité parfaite avec José Martinez. C’est une Garance pleine de délicatesse et très assurée de son pouvoir de séduction, qui ne se construit pas au fur et à mesure du ballet. Au contraire, plus l’amour la gagne plus elle doute de la frivolité de ses autres conquêtes. Sa danse devient plus fine à mesure, comme de la dentelle légère.
La distribution de ce soir est parfaite. Que dire de Clairemarie Osta, une Nathalie si juste, avec une émotion retenue, une pudeur, qui fait d’elle la meilleure interprète de ce rôle. Vincent Chaillet est un Lancenaire si perfide et calculateur, qu’il fait trembler tout le monde sur la scène. J’aime sa façon d’utiliser tout son dos, pour s’imposer dans ce personnage de dandy. La moustache lui va à ravir. Florian Magnenet m’a coupé le souffle à chaque fois que je l’ai vu. Technique époustouflante, je suis sous le charme de ses sauts et de ce qu’il a accomplit dans ce rôle. Je l’imagine très bien dans un rôle de Basilio, quelque chose de très viril, avec de belles variations , pleines d’envolées. Il est superbe en Frédéric Lemaître, tant dans la première période, qu’à l’entracte avec Charlotte Ranson (moment où j’ai dû ramasser la mâchoire de Palpatine, tombée sur le sol..) ou dans le ballet Robert Macaire. Son duo avec Sarah Kora Dayanova fonctionne très bien. Tous deux allient charme et séduction, pour le plaisir du public. Kora Dayanova est une ballerine, qui sait retenir ses mouvements, qui s’approprie la variation en y mettant son propre rythme. J’apprécie ses moments de suspension qu’elle installe dans le pas de deux ou dans ses passages en solo.
Yann Saïz en Comte, c’est l’accord parfait entre la rigueur et la maturité. Il assure dans ce rôle, pas si évident, hormis ce cri quand Garance part, qui je le répète est de trop.
Le spectacle est une vraie réussite ce soir. Pas de couac de rideau (hier j’ai oublié de vous raconter que le rideau de scène s’est malencontreusement baissé lors du 2ème acte… le responsable a du s’en mordre les doigts…), tout s’enchaîne, jusqu’à l’apogée finale. La séparation entre Baptiste et Garance sonne comme une vraie déchirure. Difficile d’imaginer Agnès Letestu sans Martinez… La chute du rideau laisse place à une grande émotion et 30 minutes d’applaudissements chaleureux. Les ballons rouges et jaunes tombent du ciel. José Martinez semble très heureux, si heureux qu’il saute dans la fosse d’orchestre, puis va au parterre pour saluer le public. Son regard passe dans toute la salle, pour dire merci, pour partager ce moment avec tous. C’est un moment très fort, très beau et surtout plein de joie.
Mes mains tremblantes après tant d’applaudissements, je me dirige vers le grand foyer pour voir la remise de médaille. Bernard Stirn fait un discours peu écouté, il faut dire que tout le monde attend les petits fours… le champagne ça hydrate, mais ça donne faim. Brigitte Lefèvre prend le relais, en décidant de s’adresser prioritairement aux danseurs, mais là encore, les oreilles ont l’air peu attentives. Elle rappelle la carrière du danseur, ses grands rôles, lui remet la médaille de commandeur des arts et des lettres. En cadeau, il reçoit un siège de l’Opéra à son nom, à défaut d’une loge, il pourra toujours venir s’y asseoir… Et un costume signé Christian Lacroix, une sorte d’Arlequin, je crois, car le petit Rat est petit… et ne voit pas bien derrière toutes ces grandes personnes. José Martinez prend enfin la parole et le silence se fait tout de suite. Il remercie la ministre de la culture espagnole pour sa présence, il remercie bien sûr tous ses camarades. Il rappelle l’importance du plaisir sur scène. Il fait beaucoup d’humour, et la fête peut enfin commencer ! La soirée est à l’image du danseur, joyeuse, généreuse, inoubliable.
Baptiste : José Martinez
Frederick Lemaitre : Florian Magnenet
Garance : Agnès Letestu
Nathalie : Clairemarie Osta
Lacenaire : Vincent Chaillet
La Ballerine : Sarah Kora Dayanova
Le Comte : Yann Saïz
Madame Hermine : Caroline Robert
Desdemone : Charlotte Ranson
Je commence par la fin.. par le final comme diraient certains ! Je commence par ce court moment. Court, humble et intense comme la danseuse. Miteki Kudo dansait pour la dernière fois ce soir, et c’était dans les escaliers de Garnier. J’adore cette artiste, élue merveilleuse dans le Sacre comment l’oublier ! Ce soir elle fut la Desdémone la plus aboutie, et la plus délicate que j’ai vue pendant toute la série des Enfants du Paradis. On la pousse un peu pour qu’elle s’avance et le corps de ballet la salue et l’applaudit chaleureusement. On aperçoit toute l’émotion de la danseuse. Le public la salue une dernière fois. Le ballet se sépare d’une superbe artiste.
Je ne vais pas dérouler à l’envers ma soirée, ce serait trop compliqué à suivre… Je remonte le temps et reviens vers 18h30, heure à laquelle je fais la queue pour les pass.. crotte de bique, je suis deuxième… Je trouve ça stressant cette histoire de queue pour les pass. On ne sait pas ce qu’il va se passer, va t-on en avoir… bref au moment où ma voisine et moi rageons en disant que de toutes façons il n’y a jamais de pass, voilà qu’il en tombe quatre et hop direction le balcon d’orchestre. Premier rang, place royale.. La soirée va être bonne.
Elle fut excellente pour tout vous dire. Je suis rentrée complètement dans le ballet et j’ai trouvée la distribution formidable. Le ballet commence, le rideau s’ouvre lentement, la lampe torche de Jean-Louis Barrault fouile dans ce lieu de tournage. On distingue à peine le décor. Le coffre qu’ouvre ce promeneur nocturne promet d’être plein de merveilles et de souvenirs pour la suite. Le violon vibre, rien n’a encore commencé. Plein feux sur la place, deux femmes se battent pour une corbeille de fleurs. Les musiciens en séduisent quelques autres. Les soldats font leur entrée avec de jolis grands jetés. Des badauds se bagarrent dans un coin.. pendant que les vendeurs de journaux cherchent des acheteurs potentiels. Lancenaire, un dandy, écrivain à ses heures perdues, fait son entrée sous les traits de Sébastien Berthaud. Quelle élégance, ce Sébastien Berthaud. Il est très fin et très léger. Il donne une couleur assez intelligente au personnage qui ne se contente pas d’être qu’un pervers. Il vole la montre d’un bourgeois, puis s’enfuit et c’est Garance qui se retrouve accusée du crime. Ludmila Pagliero est une superbe Garance. Dès le début du ballet elle
s’impose avec un sourire qui charme toute l’audience. Elle se fait malmener par les officiers qui veulent l’arrêter. C’est très beau, car elle est très légère, elle vole de mains en mains. Baptiste qui a tout vu depuis son tonneau sur la scène décide de mimer la scène pour démontrer que Garance est innocente. Ah Mathieu Ganio ! Génial Baptiste qui en fait des tonnes sur la pantomime et c’est tellement drôle. Il n’y a rien à dire sur sa prestation si ce n’est qu’il est génial. Garance lui offre une rose rouge pour le remercier.
Baptiste rentre ensuite au théâtre des funambules où il trouve Nathalie en pleine rêverie, qui danse avec une robe de mariée. Christelle Granier a le rôle ce soir ; technique superbe, notamment une technique de pointes superbe mais d’un point de vue du rôle, je trouve qu’au début elle en fait un peu trop. Trop désespérée que Baptiste ne lui offre pas cette rose. Elle est déjà dans le tragique, le dramatique, alors qu’à mon sens, à ce moment là de la pièce, Nathalie est juste vexée, un peu blessée mais pas plus. Ils vont donner la pièce avec le lion qui permet à Frédéric, un ami de Baptiste de briller en tant que comédien. Karl Paquette est très bien dans ce rôle qu’il connaît bien, et qui lui sied. Les deux amis s’en vont fêter cette nouvelle gloire dans un café où Baptiste va revoir Garance. Charline Giezendanner et Charlotte Ranson séduisent Frédéric Lemaître et l’ambiance du café est caliente. Fête Nationale oblige, les premières notes de la musique ressemblent étrangement à La Marseille.Garance entre dans le café avec Lancenaire à son bras. C’est dans cette variation que Pagliero s’impose. Elle séduit Baptiste, non pas par des regards
soutenus comme peut le faire Letestu, ou Ciaravola, non elle propose autre chose, un grand sourire, et un regard franc, droit dans les yeux, pendant que sa jambe se déroule dans un développé, et Baptiste est conquis. Elle s’enfuit avec Baptiste abandonnant le vicieux Lancenaire, tandis que Frédéric décide d’inviter Mme Hermine, la tenante de la pension, quitte à ne pas passer la nuit tout seul. Caroline Bance en Mme Hermine c’est un petit bijou ! C’est une superbe danseuse et interprète, qui met tellement de joie dans tout ce qu’elle fait que sur scène elle attrape toute l’attention sur elle. Dans la chambre, les amoureux se découvrent, et Garance est prête à se livrer. Baptiste hésite, et là il faut voir le jeu de Ganio, assis sur ce lit, qui ne sait pas quoi faire, on dirait un jeune adolescent, mal à l’aise devant cette femme si sûre d’elle qui réapparaît nue, enveloppée dans un drap. Il s’enfuit et Garance reste. Plagiero est géniale à ce moment là car elle met beaucoup d’humour dans cette situation où elle se retrouve seule. Son haussement d’épaule suivi du sourire de voir un homme, Frédéric, débarquer dans la chambre, donne un peu de
légèreté à ce rôle.
La vie de Baptiste se reflète au théâtre et c’est désespéré qu’il constate l’amour entre Frédéric et Garance. Garance est au milieu de ce duo, Nathalie tente de protéger Baptiste, quand arrive le comte qui va venir compliquer l’affaire. Pendant la pièce, dans la loge de l’impératrice, un comte regarde Garance jouer et tombe amoureux d’elle. Garance se laisse séduire par cet homme puissant, envoie balader Frédéric, et reste sans voix et sans geste devant la colère de Baptiste. Garance reste seule dans sa loge, pour peu de temps seulement, car Mme Hermine, jalouse de l’amour de Frédéric pour la belle danseuse, a trouvé une condamnation pour un crime quelconque, afin de se venger. La belle Garance ne peut que se servir du comte pour sortir de cette situation.
A l’entracte, on fait un saut dans le temps, puisque Frédéric Lemaître a monté sa propre compagnie et donne dans le Grand Escalier, Othello. J’adore ce moment où tout le public se retrouve dans ce lieu, qui devient plus vivant qu’à l’ordinaire. Les personnages se baladent, saluent les spectateurs, les mimes, nous entraînent et nous guident vers ce spectacle. Miteki Kudo a une grâce que peu de ballerine ont. Sa fragilité lui confère beaucoup de délicatesse dans ses mouvements. Son regard tragique dans ce rôle, installe un silence dans les balcons tout autour de l’escalier. Danser pour la dernière fois dans cet espace est un moment de beauté, c’est un vrai partage avec tout le public. Beaucoup d’émotions dans ce moment, il est temps de retourner dans la salle après des bravos et applaudissements nombreux.
Le début du deuxième acte donne à voir Robert Macaire, un ballet où Frédéric Lemaître se met en scène avec une superbe ballerine dansée ce soir par Charline Giezendanner qui m’a complètement bluffée. Karl Paquette montre de beaux atouts, avec une noblesse dans le port de buste et de la force dans les jambes. Parmi le corps de ballet, Marc Moreau montre de belles choses notamment des sauts d’une propreté et d’une légèreté, qui le distingue des autres. Charline Giezendanner a des bras fabuleux, je l’ai trouvée d’une classe et d’un charisme que je ne lui connaissais pas. Après ce charmant ballet, plein de numéros de virtuosité, on se replonge dans l’univers de Garance qui est devenue une femme entretenue par le comte. Pagliero sait montrer l’enfermement de Garance, la
compromis qu’elle a choisit, l’argent à la place de l’amour et du théâtre. Elle danse comme si le sol devenait fragile, ses pas sont lourds, plein de peine, mais son visage reste le même. Le sourire radieux du premier acte a disparu. Son corps s’est rigidifié comme pour se protéger des mains de ce comte qu’elle n’aime pas. Elle met une vraie distance, avec une danse engagée et déterminée. Avant d’aller au bal, elle va revoir la troupe de Baptiste. Ce dernier l’aperçoit au balcon, et retombe dans ses pensées où les mimes viennent le hanter. Il danse la plus belle variation du ballet avec une élégance que seul Mathieu Ganio peut donner, pleine de nuances, comme si tous les souvenirs de Garance lui revenaient en tête, et venait se loger dans chacun de ses membres. C’est très beau, très émouvant, j’aurais aimé que la fin ne soit pas applaudi et qu’on reste un peu dans cette tristesse.
Au bal Garance retrouve ses anciens amants, Frédéric et Lancenaire. Ludmila Pagliero y est majestueuse. Elle est habitée par une grande noblesse, avec un port de tête qui n’est plus du tout le même qu’au premier acte. J’aime l’énergie du bal, je trouve ça efficace, les costumes sont superbes, et l’espace ne cesse d’évoluer à mesure des danses. Baptiste débarque en courant, comme un cri d’espoir. Garance ne peut être qu’à lui, mais la jeune femme est réservée, elle est prisonnière du comte d’une certaine façon. C’est Lancenaire, qui calme le jeune héros et qui propose aux deux amants de s’isoler. C’est lui aussi qui les met en lumière, en montrant au comte qu’il n’aura jamais le coeur de Garance. Berthaud brille en Lancenaire, mais le comte lui devient un peu insignifiant et surtout le cri final est vraiment ridicule.
La scène de la chambre est très émouvante. Je trouve que le couple fonctionne bien. Ganio est un partenaire attentif et Pagliero semble d’une facilité à manier si je peux m’exprimer ainsi. Elle se laisse complètement emmener dans les bras de son partenaire pour se concentrer sur son personnage. Ce couple se retrouve après les années, Garance a changé, Baptiste quant à lui a toujours cet amour innocent, sauf que cette fois il ne veut pas la laisser filer comme la première fois. Ils vivent une première nuit d’amour, comme si l’amour devait forcément être consommé pour devenir réel. Je suis vraiment absorbé par Pagliero, que j’ai toujours trouvée géniale techniquement, mais qui ne m’avais jamais émue à ce point (il y avait déjà un excellent début dans la soirée Mats Ek). Là elle est bouleversante d’émotions… Je suis clouée à mon siège. Avec Mathieu Ganio, quel partenariat ! Il faut remettre ça vite. Nathalie qui est désormais la femme de Baptiste interrompt cette nuit d’amour, et Garance fuit, poussée par la gêne et la honte. Dans
la rue, c’est journée de carnaval et 14 juillet, donc des petits drapeaux tricolores s’agitent ça et là. Au milieu de la foule, Garance se fraye un chemin et s’en va dans l’obscurité du la salle. Baptiste court mais la perd de vue. Il reste là, à lavant scène, le regard vide et triste. A l’arrière Jean-Louis Barrault retrouve la rose d’origine de Garance.
Très belle soirée, très belle distribution, parfaitement équilibrée. Il faut dès à présent se trouver un lieu pour voir le feu. J’étais un peu loin certes, mais je l’ai trouvé très beau. Et avec un très beau final…
Hier fut un jour très triste pour le monde de la danse. Alors que j’allais prendre le cours d’Allister Madin à Châtillon, mon téléphone sonne et ma mère m’annonce que Roland Petit est mort. Quelle tristesse j’ai ressentie à ce moment là, comme un moment de flottement. Non, pas encore un grand nom de la danse qui s’en va, pas Roland Petit qu’on a vu si en forme en septembre dernier à Garnier.. Il est mort à Genève, chez lui, à 87 ans. Roland Petit, fils de Rose Repetto et d’un père patron de café qui le pousse à entrer à l’école de danse de l’Opéra, où il va y faire ses premières classes de danse. Là il y rencontre Zizi Jeanmaire, l’amour de sa vie pour qui il créera le sublime Carmen et d’autres shows de cabaret, dont le célèbre Mon truc en plumes. Parmi les chefs-d’œuvre qu’il a créés, on ne peut s’empêcher de penser au poignant Jeune homme et la mort, à son Arlésienne, à Notre-Dame de Paris, à Proust ou les Intermittences du coeur, à Clavigo, la Dame de Pique et j’en oublie. Sans compter la quarantaine de ballets créés pour le Ballet de Marseille, mais dont malheureusement la compagnie n’a plus les droits. Roland Petit savait raconter des histoires, ses ballets narratifs pouvaient emmener tout le monde car sa danse était simple et lisible. Il savait prendre les meilleurs danseurs pour donner de l’émotion. Un ballet de Roland Petit ne pouvait pas vous laisser indifférent, il se passait quelque chose de fort.
Mon ballet préféré reste le Jeune Homme et la mort, vu encore trois fois à l’automne dernier avec Le Riche, si merveilleux dans ce rôle. Je vous mets l’extrait avec Le Riche, mais n’hésitez pas à regarder la version dansée par Noureev et Zizi, à écouter Jean Babilée en parler, à voir la version Jérémie Bélingard/Alice Renavand.
Ce soir à 00h50 Le Rendez-vous avec Nicolas Le Riche
L’au revoir de la semaine : José Martinez fait ses adieux à Garnier
Difficile aujourd’hui d’utiliser le mot « adieux » quand Roland Petit vient de nous quitter. Vendredi 15 juillet, un hommage sera rendu au danseur étoile et chorégraphe José Martinez. Après la dernière représentation des Enfants du paradis, José Martinez fera ses adieux à la scène. Il deviendra désormais le directeur de la compagnie nationale de danse à Madrid. Il reviendra danser à Garnier dès la rentrée comme étoile invitée.
Plein de choses à faire ! Aujourd’hui, vous pouvez vous faire une journée cinémathèque, à partir de 12h jusqu’à 22h diffusion de films autour de Balanchine. Et voilà le programme :
12h00
Dancing for Mister B, Six Balanchine Ballerinas
14h00
Jerome Robbins, Something to Dance About
16h30
Baryshnikov by Tharp
18h00
Fancy Free
20h00
Interview de Balanchine / My Funny Balanchine / Man Who Dances: Edward Villella
22h00
A Midsummer Night’s Dream
Bien sûr, il faut aussi aller voir le Miami City Ballet, que j’ai vu deux fois la semaine dernière et dont j’ai un souvenir génial. J’ai hâte d’y retourner demain (merci Amélie). Cette compagnie est un petit trésor, qui danse du Balanchine comme personne, courrez-y !
Pensez à aller assister au cours public qui a lieu le vendredi à midi (loupé la semaine dernière pour moi, donc cette semaine j’y serai ! )
On peut aussi aller à Garnier voir ou revoir les Enfants du Paradis. J’y retourne le 14 et le 15. Vous pouvez aussi aller voir la dernière création de Wayne Mc Gregor à Bastille. Oui il y a encore des choses à faire à Paris !
La vidéo de la semaine : Notre-Dame de Paris de Roland Petit
Pourquoi cette vidéo ? Parce que Nicolas Le Riche, parce que j’adore la variation d’Esmeralda, celles de Frollo, j’aime la musique de ce ballet et ses couleurs. A voir et à revoir…