Bruxelles

Nouvelles de 2013 n°9

Quinze jours sans nouvelles, vite un récapitulatif !

Après la plage du sud, j’ai atterri il y a quinze jours, à Bruxelles, sous la neige, pour le plaisir des yeux, mais pas celui du reste de mon corps. Cela ne m’a pas empêché pour autant de me balader partout dans la ville. Pas de spectacle, mais de belles découvertes, à commencer par mon coup de cœur pour la maison de Victor Horta. Cette maison, entièrement dessinée par son propriétaire, regorge de trésors. On s’émerveille pour les lustres, en tulipes, délicats et très élégants ; ou encore pour le magnifique escalier de marbre qui rétrécit à mesure qu’on monte dans les étages. Mon coup de cœur va à la chambre de sa fille, petit havre de paix et de lumière, avec un très joli jardin d’hiver. Un chef d’œuvre. Je suis retournée au musée Magritte, qui reste un vrai plaisir, tant les œuvres sont bien mises en valeur. J’ai pris le temps aussi de découvrir le musée des instruments de musique. Le bâtiment vaut à lui seul le détour. A l’intérieur on découvre une collection magnifique d’instruments venant du monde entier. On les écoute grâce à un casque. J’ai été éblouie par la collection de piano et clavecins, tous plus beaux les uns que les autres. Balade au Parc du Cinquantenaire, au Parlement Européen, parcours BD, parcours art nouveau, je n’ai pas chômé et j’ai été charmée par cette ville, très agréable et aux visages multiples.

Première de la soirée Roland Petit, j’ai espéré avoir une place, j’étais bien optimiste ! Samedi soir j’ai vu le ballet Eifman danser Rodin et son éternelle idole, j’ai passé une excellente soirée. Je repense encore à ces lignes et ses courbes que le chorégraphe a gravé dans l’espace. Un spectacle plein de beauté. Le reste de mon week-end était fait de répétitions de danse, assez intense, mais qu’il est bon de danser…

La semaine a été ensuite chargée du côté de mon travail, j’ai tout de même trouvé le temps, mercredi, d’aller voir l’exposition Noëlla Pontois à Elephant Paname. J’ai été très émue lors de cette visite, il y avait tant d’objets personnels, tant de photos émouvantes, les costumes la faisait redanser sous nos yeux. J’ai passé un très bon moment, la scénographie était vraiment très agréable. Relire ma chronique, clic.

Mercredi soir, on se pressait à l’entrée de la Briqueterie et pour cause, ce nouveau lieu de création chorégraphique fêtait son ouverture. On assiste à une première performance en plein, danse contact, que j’ai beaucoup apprécié. Simple, contemporain, efficace, cela a mis tout de suite le public dans l’ambiance du lieu. Parlons-en du lieu, qui est tout simplement magnifique. C’est une belle réhabilitation, avec un très beau studio de danse et un studio scène qui saura accueillir des performances nouvelles, à la manière de ce qui se fait au CND. Après les discours politiques, un peu longs surtout quand c’est dehors, on discute autour d’un buffet sympa. Des danseurs circulent autour de nous, dansent au milieu des conversations dansantes. C’est un lieu à découvrir. Plus d’infos sur leur site internet, clic

Studio de la Briqueterie

Vendredi soir, je file à la Colline pour voir Solness le constructeur d’Ibsen mis en scène par Alain Françon. Solness n’est pas le texte qui me touche le plus chez Ibsen , mais en voyant cette pièce, je me suis rendue compte qu’elle était plein de subtilités. La mise en scène de Françon est sobre, mettant le texte en valeur. Les comédiens sont très bons.J’ai passé une bonne soirée dans les méandres de l’esprit de Solness. j’essaierai de revenir dessus cette semaine.

Samedi soir, après une longue répétition de danse, je n’étais qu’à demi motivée pour accompagner Youssef voir Roméo et Juliette. Je n’ai pas regretté mon élan de motivation, car ce fut une très jolie découverte. Relire ma chronique, clic.

tour vagabonde Roméo et Juliette

Dimanche, après la danse, le cinéma semblait le meilleur endroit au monde. The place beyond the pines, ne m’a pourtant pas emballée et je me suis ennuyée. C’est très bien joué, le début du film est plutôt prometteur, mais très vite, j’ai trouvé le temps long.

Cette semaine, je vais enfin voir la soirée Roland Petit par deux fois.

  • Les sorties de la semaine

Solness le constructeur, d’Henrik Ibsen, mise en scène d’Alain Françon, du 23 mars au 25 avril 2013, au théâtre de la Colline. La pièce d’Ibsen est remarquablement jouée. La mise en scène est sobre, élégante. Sollness raconte l’histoire d’un constructeur, qui par le passé a brillé, par la construction de grandes églises. Après un drame dans sa vie personnelle, il a construit des foyers pour des ménages heureux. Suite à la rencontre d’Hilde, il lui pousse des ailes, comme si la vie pouvait être comme avant et se remet à construire une tour grandiose. La pièce est concentrée autour de son personnage principal qui fait son introspection grâce à Hilde. Il se confronte à la vérité, jusqu’à en avoir le vertige. Wladimir Yordanoff y est excellent, chaque mot est finement dit et prend sens dans l’action de la pièce.

avec Gérard Chaillou, Adrien Gamba-Gontard, Adeline D’Hermy de la Comédie-Française, Agathe L’Huillier, Michel Robin, Dominique Valadié, Wladimir Yordanoff

Infos et réservations, clic

Solness

Évidemment je vous recommande vivement le Roméo et Juliette que j’ai vu samedi soir. J’espère que ma chronique saura vous convaincre, clic.

Et toujours, la soirée Roland Petit à l’Opéra de Paris, qui est donnée encore pour quelques représentations. A noter que la soirée de Gala Arop a lieu le mardi 26 mars 2013. Infos et réservations, clic

  • Le shopping de la semaine

La semaine dernière, la boutique Repetto de la rue de la Paix a fait peau neuve ! Un joli petit clip a été réalisé pour l’occasion par Jérôme Cassou. L’occasion d’aller refaire un petit tour dans cette jolie boutique où on trouvera désormais chaussons, vêtements de danse, mais aussi leurs jolies ballerines et leur nouvelle garde robe.

  • L’égérie de la semaine

Myriam Ould-Braham est la nouvelle égérie de la marque Bloch.

Myriam Ould-Braham pour Bloch

  • En vrac

Indiscrétion sur Twitter, Julien Meyzindi travaille déjà à une nouvelle chorégraphie. La soirée danseurs chorégraphes lui a donné des idées ? Si c’est aussi bien que sa première création, on en redemande !

Evgenia Obraztsova viendra danser La Sylphide en juin à Garnier avec Mathias Heymann.

Dimanche 31 mars, est retransmis dans les cinémas Pathé et Gaumont Esméralda, dansé par le ballet du Bolshoï. Plus d’infos, clic

  • La vidéo de la semaine

Voici un petit court-métrage de Frédéric Leschallier qui est une balade urbaine dansée.

Sans gravité from Leschallier on Vimeo.

Week-end à Bruxelles 2 : La Traviata à la Monnaie

La deuxième journée à Bruxelles, pas de soleil ce matin. Le froid est glacial et si la ville a du charme, ses températures beaucoup moins. Réveil en douceur et balade dans le centre avec mes amis. On peut y voir le grand sapin électrique qui ne manque pas d’originalité. La nuit, c’est très joli. Admirez :

Sapin de Bruxelles

Après un petit tour dans le centre, direction le Théâtre de la Monnaie. L’experte ninja qu’est E*** me permet de me replacer au deuxième rang d’orchestre pour une vue imprenable sur ce spectacle fabuleux. J’ai adoré cette mise en scène, n’en déplaisent aux réactionnaires, qui m’ont gâché quelques instants avec leurs cris idiots.

01La traviata copyright Bernd Uhlig

Le premier acte s’ouvre sur un salon moderne. De grands fauteuils en cuir, du champagne, des rires, des hommes et des femmes aux regards sensuels, pas de doute la soirée semble être bonne. Derrière un grand store, on voit par transparence des femmes dans des cases. Elles sont dans des poses très sexys, très suggestives. Plastique parfaite, elles ressemblent à des poupées dans des vitrines. Elles sont prêtes à être consommées. Le ton est donné. Ce qui va différencier ces femmes et Violetta n’est pas grand chose. Si elle croit maîtriser son destin, parce qu’elle a la parole et le désir des hommes autour d’elle, elle sera elle aussi victime des décisions des hommes. Elle sera l’objet de l’amour d’Alfredo, l’objet du contrat de Germont, l’objet de désir et d’attention des fêtes parisiennes. Elle est incarnée par Simona Šaturová qui est d’une beauté débordante. Si sensuelle et féminine, j’ai adoré sa voix pure, suave et son jeu d’actrice. Alfredo en revanche ne m’a pas emballée d’un point de vue vocal. Son jeu, par contre, était très juste. Jeune, fougueux, il est presque raillé arrivant avec pour seul cadeau l’amour, pour une femme qui croule sous les diamants. C’était vraiment dommage, surtout au premier acte, car sa voix était étouffée sous l’orchestre. La partition fut magnifiquement interprétée, ce fut un vrai régal musical.

Quand l’orgie touche à sa fin, Alfredo peut enfin déclarer son amour infaillible à Violetta, qui est restée là, malade, crachant du sang de ses poumons. Annina, son amie, est la seule témoin, mais une témoin discrète plus préoccupée par son ivresse. Charmée par le discours, sans doute nouveau pour elle, de nouveaux sentiments naissent dans son coeur. Elle accepte de suivre son amant à la campagne. Changement de décor complet. Fini le vice, finie l’orgie, bonjour maison de campagne et camélias fleuris.

Au deuxième acte, l’histoire se corse. Le père d’Alfredo, le comte de Germont vient presser Violetta de quitter son fils. En effet, celui-ci doit marier sa fille et la réputation de Violetta nuit à cette alliance. La relation clandestine n’est pas du meilleur goût de son futur gendre. Par amour pour Alfredo, il lui faut donc le laisser. J’ai beaucoup aimé les échanges entre Violetta et le comte. La voix de Scott Hendrix a une belle épaisseur, symbolisant toute l’autorité d’un père.

La traviata

L’acte III est celui qui a crée la polémique et la stupeur des néo-réactionnaires. On est plongé au milieu d’une orgie. Un homme porte une enfant, puis la recouvre de chocolat. Des femmes se baladent en guêpières de velours, bas noirs, chaines autour du cou et masques blancs sur le visage. Qu’est-ce qui choque les spectateurs ? La violence ? Oui moi aussi, elle m’a remuée. Voir ces femmes utilisées comme des chaises ou comme des urinoirs, cela me retourne le ventre. Ici, c’est du théâtre, ce n’est pas la réalité. Or cela existe bel et bien dans la réalité. Andrea Breth a construit un pont entre les femmes de l’époque de Verdi et d’Alexandre Dumas à celles d’aujourd’hui. Les enfants sont exposés à la violence, les femmes la subissent, les hommes en jouissent. C’est sublimement mené, et le début de cet acte III est d’une intelligence rare, car il allie une esthétique théâtrale, belle et léchée à une violence qui vous remue les entrailles. Le chant des matadors arrive avec une grosse tête de taureau sanguinolente. Les voix sont superbes, tout est dit avec cette mise en scène. Ceux qui pensent que cela est un « scandale » comme ils disent, feraient bien de regarder la réalité du monde tel qu’il est. Ceci est du théâtre, cela signifie quelque chose, cela dit quelque chose du monde. Ce n’est pas cette mise en scène qui est choquante. Ce sont ceux qui ne la comprennent pas.

A l’acte IV, Violetta a sombré dans la déchéance. Elle a été délaissée par ses anciennes amitiés, seule Aninna est restée fidèle et fait quelques passes pour gagner quelques billets. Une prostituée fait le trottoir, une toxicomane se pique à quelques mètres de Violetta qui crache son sang dans sa couverture en plastique. Abandonnée de tous, elle n’a plus qu’à mourir là, dans la rue sombre. Alfredo arrive trop tard, maintenant qu’il sait la vérité. La mort de Violetta est tragique.

C’est un spectacle magnifique, qu’il ne faut pas manquer même en vidéo. Ne ratez pas cet opéra, qui m’a fait frissonner du début à la fin, par sa mise en scène, sa musique si joyeuse et entrainante tout du long, puis si tragique à la fin, et ses artistes tous fabuleux.

Affiche La Traviata

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Voir ou revoir La Traviata sur ARTE LIVE WEB, clic.
Le Soir, La Traviata : aveuglement et ignorance, clic.

DIRECTION MUSICALE Ádám Fischer
Orchestre symphonique et chœurs du théâtre de la Monnaie
MISE EN SCÈNE Andrea Breth
DECORS Martin Zehetgruber
COSTUMES Moidele Bickel
DISTRIBUTION
Violetta Valéry: Simona Šaturová,
Flora Bervoix: Salomé Haller,
Annina: Carole Wilson,
Alfredo Germont: Sébastien Guèze,
Giorgio Germont: Scott Hendricks,
Gastone: Dietmar Kerschbaum
Barone Douphol: Till Fechner
Marchese d’Obigny: Jean-Luc Ballestra
Dottor Grenvil: Guillaume Antoine
Giuseppe: Gijs Van der Linden
Commissionario: Matthew Zadow
Domestico: Kris Belligh