Il en faut du talent et de l’intelligence pour monter Roméo et Juliette de Shakespeare. Il faut que le spectateur soit ému par cet amour premier entre deux êtres, qu’il croit à la haine profonde entre deux familles, qu’il croit que seule la mort est l’issue de cet amour impossible et enfin qu’il rit, car le texte est truffé de bons mots. Hier soir, direction la Cité des Arts, pour découvrir un Roméo et Juliette monté dans un lieu bien particulier, La Tour Vagabonde. Si vous êtes déjà allés à Londres, vous êtes certainement passé devant le théâtre du Globe. Cette tour en est une réplique parfaite et c’est avec des yeux d’enfants qu’on entre dans ce petit théâtre.
La pièce est finement mise en scène. Tous les ressorts du lieu sont bien utilisés. Les trois étages créent des espaces différenciés, très utiles pour la scène du balcon. Les combats à l’épée sont magnifiés et se font jusque dans les airs. Le bal des Capulets est bien chorégraphié, mêlant la joie de cette fête et la tradition d’un bal. Les enchaînements des scènes se font en chantant, ce qui vous donne des frissons, tant les voix sont bien travaillées. Ainsi à la mort de Tybalt, le Lacrimosa était d’une beauté sans pareille. Les lumières sont également très bien pensées. Plein feux lors des combats, notes bleutées dans la cellule de Frère Laurent. La traduction utilisée ici (Jean Sarment) est excellente. Les scène sont drôles, on rit de bon cœur, grâce aux jeux de mots de Mercutio et Benvollio. Il y a tout ce qu’on veux trouver dans une bonne mise en scène de la pièce de jeunesse de Shakespeare. La temporalité s’envole, on est dans le temps de l’amour. C’est une vraie fête et le public vibre complètement avec les comédiens.
Parlons-en justement des comédiens ! On est absorbé par leur jeunesse. Juliette (Anne-Solenne Hatte) est d’une beauté juvénile, Roméo (Baptiste Belleudy) découvre l’amour à mesure qu’il lit sur ce visage pur. Mercutio (Paul Gorostidi, soit dit en passant, je suis de l’avis de la nourrice..) et Benvollio (Stéphane Peyran) sont de vrais bon compagnons, railleurs sans manquer d’honneur. La nourrice de Juliette (Sylvy Ferru) nous fait nous tordre de rire, sans oublier de rester tendre avec sa petite protégée. Tybalt (Sylvain Mossot) est un félin aux griffes acérées. C’est admirablement joué, sans prétention, mettant en valeur le texte sans en faire des tonnes. Chanteurs, danseurs, ces comédiens savent tout faire et avec un vrai talent. C’est un plaisir intense de voir cette troupe donner autant d’émotions. On en ressort complètement ému, après avoir rit et frémit. Du vrai bonheur ! Si vous aimez Shakespeare, les histoires d’amour, l’humour, les combats à l’épée, allez voir cette pièce. Le lieu, l’ambiance, tout est réuni pour passer une excellente soirée !
Après le spectacle, n’hésitez pas à vous rendre dans la petite auberge à côté du théâtre. On y dégustera vin chaud et raclette, normal, le projet de cette tour vient de Suisse. On pourra discuter de la pièce avec les comédiens, l’ambiance est bon enfant et très sympathique. Merci à Youssef B. pour cette jolie découverte. Il en parlera vendredi dans sa chronique sur France 2.
Le site de la compagnie Les mille Chandelles, clic
Roméo et Juliette, à partir du 20 mars et jusqu’en juillet.
Avec : Géraldine Azouelos, Baptiste Belleudy, Jonathan Bizet, Axel Blind, Gaspard Caens, Raphëlle Cambray, Laurent Evuort, Sylvy Ferru, Clémence Fougea, Thomas Gauthier, Jean-Luc Gillier, Paul Gorostidi, Anne-Solenne Hatte, Robin Laporte, Bernard Métraux, Sylvain Mossot, Françoise Muxel, Stéphane Peyran, Dominic Rouvillé, Frederico Santacroce, Jean-Laurent Silvi, Louis Yerli.