Angelin Preljocaj

Polina, un film d’Angelin Preljocaj et Valérie Muller

Aujourd’hui, sort en salles le film Polina – danser sa vie – de Valérie Muller et Angelin Preljocaj. Ce film est adapté de la bande dessinée de Bastien Vives. J’avais beaucoup apprécié la bande-dessinée, et j’appréhendais un peu le film. J’appréhendais, car passer d’un livre à l’écran n’est pas toujours chose réussie et deuxièmement, les films de danse sont – trop – souvent remplis de clichés. J’ai vu le film mercredi dernier, je vous livre quelques impressions.

Polina l'affiche

En interview sur France inter, Bastien Vives disait que si le scénario ne lui avait pas plu, il n’aurait pas donné les droits. Le film est à l’image de la BD : il se regarde avec beaucoup de plaisir. On trouve des plans qui sont identiques à ceux de la BD, comme la couverture du livre. Ainsi des cases dont on a quelques réminiscences, nous sautent aux yeux. Les yeux de Polina, le regard d’Adrien, un peu en arrière vers elle. Le détour du lac de Sainte Croix rappelle facilement les temps de détente après la danse dessinés dans l’album. Comme dans la BD, Polina y est omniprésente. Notre regard est sur elle.
Les décors sont somptueux : la Russie entre neige et usine nucléaire, les salles de danse, le très beau pavillon noir.

Le choix de filmer en scope – pour avoir les corps en entier dans certaines scènes – permet de voir très lisiblement les chorégraphies quand cela est nécessaire. Les deux réalisateurs ont aussi fait le choix de nombreux gros plans, sur le visage de l’héroïne notamment. On espère plonger dans ses pensées, comprendre cette chose qui l’attire toujours vers autre chose.

polina

L’histoire a été quelque peu modifiée, mais cela ne change pas la dynamique du scénario. On suit la vie de cette jeune fille, atypique, différente depuis l’enfance. Peut être est-ce cela d’avoir une âme d’artiste. C’est éprouver le monde autrement. C’est avoir des rapports aux autres différemment. C’est observer pour s’imprégner. L’histoire de Polina, c’est celle d’une jeune fille qui se construit avec ses réussites, ses détours et ses échecs. Entourée par les hommes de sa vie, son père, son professeur, ses amants, ses patrons, elle se fraye un chemin, dansant ça et là avec ses sentiments et ses choix.

Anastasia Shevtsova a ce visage, rond et doux, qui tranche avec un regard aiguisé sur le monde qui l’entoure. Elle est assez troublante et très crédible dans le rôle. Ses partenaires de jeu n’ont pas à pâlir non plus. Niels Schneider est celui qui m’a le plus impressionné : il a beaucoup travaillé en apprenant la danse aux côtés des danseurs de Preljocaj. On retrouve la fougue de Jérémie Bélingard, celle que l’on voyait sur scène il y a longtemps. Je l’ai trouvé excellent et le voir danser est un plaisir non dissimulé.

Si vous avez aimé la BD, vous aimerez le film. On suit avec beaucoup de plaisir la construction de cette jeune fille, ses doutes, ses joies, ses peines. On est ému par cette douce créature qui parvient petit à petit à devenir ce qu’elle est : une femme qui danse.

Jérémie Bélingard était dans le Nouveau Rendez-vous, l’émission de Laurent Goumarre, clic 

Bastien Vivès était l’invité d’Augustin Trapenard, clic

Des photos sur ma page facebook, clic

Réveillon dans le parc

Depuis plusieurs années, je passe mon réveillon de la Saint-Sylvestre à l’Opéra. Me voilà donc dans l’entrée, au pied du grand escalier paré de ses plus belles décorations. L’émerveillement est déjà là, les spectateurs ne se pressent pas, les appareils photos sont de sortie et il n’y a pas que les touristes qui immortalisent ce dernier jour de 2013.

Garnier en habits de fête

Je m’assieds dans ma loge, je regarde le public qui s’est mis sur son 31. Grandes robes, fourrures, bijoux clinquants, tout cela c’est bien trop pour moi mais j’aime les regarder, observer cette vieille dame, sur qui le maquillage ne peut plus rien et pourtant, on est à l’Opéra c’est soir de fête, alors cela vaut bien un peu de poudre aux yeux. Le noir est pour moi couleur de lumière, alors j’ai juste enfilé ma plus jolie petite robe noire, des escarpins assortis et j’ai ouvert grand les yeux quand le rideau s’est levé.

Les jardiniers taillent la carte où les jeux amoureux vont se dérouler. Les gestes sont précis, rapides. Comme des chirurgiens de l’amour, ils ne laissent aucun geste au hasard. Nos quatre héros sont très précis, la musique électronique les porte, leur donne une certaine énergie que j’apprécie tout particulièrement. Leurs mouvements, sophistiqués,  écho aux chemins que vont parcourir les sentiments des acteurs de ce jeu amoureux.

Le Parc Agathe Poupeney

Un homme entre dans l’ombre, son chapeau sur la tête. Il marche. Il est rejoint par d’autres. Les femmes entrent. Regards. On se scrute, on s’observe discrètement. Les époques changent mais les codes ne changent pas, peut être est ce le message de Preljocaj dans ce ballet. On se dit des secrets (il paraît que celui ci change tous les soirs), on montre quelques bas de jambe, comme on dévoilerait un peu de son intimité. Les jeux d’approche, sont de petits moments délicieux, que l’on savoure comme des gourmandises. On sait bien ce qui se passe quand on ne joue plus, et quand les chaises musicales n’amusent plus, il est peut être temps d’avouer que ce regard qu’on a eu, que ce sentiment était loin de l’indifférence. Ce premier regard entre Nicolas Le Riche et Aurélie Dupont est fort ; il semble être le tout premier. Rencontre de deux âmes, sur la musique de Mozart, qui sait justement si bien en parler. Premier pas de deux. Les deux sexes dansent la même partition, les mouvements s’imitent et se répètent. Ils entrent chacun dans l’univers de l’autre. Ce ballet est un discours sur les sens, qui se mettent en éveil, au contact de celui vers qui on s’épanche.

« Quand ils commencèrent à danser, il s’éleva dans la salle un murmure de louanges. Le Roi et la Reine se souvinrent qu’ils ne s’étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. »
Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves.

 Les jardiniers reparaissent pour continuer leur travail. Ils tracent par le mouvement, un quadrillage, alternent leurs places, déploient une énergie plus forte. Sous les arbres, les jeux vont se montrer plus malicieux. Les femmes s’évanouissent avec beaucoup d’érotisme. Le même peut être qui fait entrer les hommes lascivement au sol, tels des fauves. C’est le moment de montrer son désir. Les couples s’embrassent et s’embrasent. Les corps débordent de sensualité. Ma voisine en serait presque choquée. Pourtant les mouvements, identiques chez tous les couples, regroupent tout ce qu’il se fait de mieux en amour. De belles courbes, une tendresse non dissimulée, les yeux à demi ouverts, chacun entre dans la découverte du corps de l’autre, en tâtonnant à peine. Après la conquête, la résistance, il ne faudrait point montrer trop de transport vers cette nouvelle passion. C’est avec encore plus de transport que pour ma part, je suis touchée par ce nouveau pas de deux entre Nicolas Le Riche et Aurélie Dupont. J’aime cette farouche affection avec laquelle il la porte, et ce timide coup de tête, avec lequel elle repousse des gestes déjà bien trop intimes.

« Je voudrais vous pouvoir cacher des sentiments qui sont assurément les plus emportés du monde. […] Que cet état est insupportable et qu’il me laisse peu espérer de repos et de joie ! Que de troubles, de fâcheuses réflexions, que de sensibles reproches et que de résolutions différentes, mais que de transports et que d’amour ! S’il est des moments où je souhaite de ne vous voir plus, il est des heures où je meurs d’envie de vous voir. »Mlle Desjardins, Lettres et billets galants.

La nuit, les jardiniers taillent même les rêves. Transforment-ils le sentiment amoureux? L’inconscient se multiplie par quatre et fait cheminer l’esprit endormi de la belle amoureuse. Qu’en restera-t-il au réveil ?
Je reste plus en retrait pendant les quelques tableaux qui suivent. Je n’en aime pas les costumes que je trouve vulgaires. Les femmes se lamentent, tandis que les hommes ont de l’ardeur… Cela me laisse perplexe. On arrive à la pamoison, mais là encore, je suis en reste. Même ma danse n’est pas aussi finement dessinée que dans les autres tableaux. Moment d’évasion, où l’on peut penser à autre chose puisque le ballet en est moins captivant.

Le Parc Aurélie Dupont: Nicolas Le Riche: Agathe Poupeney

L’abandon… Aux premières notes, on tremble déjà. Aurélie Dupont fixe Nicolas Le Riche. Le regard a changé, il a traversé tout un tas de sentiments. Sur la carte, les amoureux sont passés par de nombreux lieux-dits. S’abandonner à l’autre, lui laisser tous les chemins de son corps. On plonge dans l’intimité des corps et des âmes. Il y a une alchimie entre ces deux êtres, qui envahit toute la salle. La musique porte les baisers et les envolés dans les cœurs des spectateurs. On regarde, on écoute, on n’a pas le temps de penser que le langage de ces deux corps nous touchent dans ce qu’il y a de plus profond de nous mêmes. On s’abandonne nous aussi à la poésie des mouvements, et les souvenirs remontent et viennent se superposer aux images de la scène.

« Le cœur d’une femme se donne sa secousse à lui-même ; il part sur un mot qu’on dit, sur un mot qu’on ne dit pas. »Marivaux, La surprise de l’amour

Beaucoup d’émotions dans cette belle soirée, l’émotion aussi de voir deux immenses artistes, danser ensemble, sur la scène de Garnier, peut être pour la dernière fois. Le champagne en apothéose, non vraiment les réveillons à Garnier, sont ce qu’il y a de plus réjouissant.

Salut 2 Dupont Le Riche

Nouvelles de 2013 n°6

Je n’ai pas fait grand chose cette semaine, je devais aller au Théâtre du Rond-Point voir Le théâtre sans animaux, de Jean-Michel Ribes et je me suis rendue compte que la date était déjà passée… Selon mon ami Youssef Bouchikhi, je n’ai pas manqué grand chose, et le spectacle que nous avons vu ensemble jeudi était bien plus réjouissant. La belle et la bête de Pilon Lemieux fut un spectacle dont les images me restent encore en tête. D’une belle qualité visuelle, le texte et la mise en scène ne sont pas en reste, on passe vraiment un très bon moment. Relire ma chronique, clic.

Cette semaine, quelques sorties sympathiques en perspective, du côté de Bastille et surtout l’effervescence de l’annonce de la nouvelle saison. De mon côté, j’irai aussi faire un tour du côté du théâtre du Rond-Point ( sans me tromper de date cette fois-ci !) pour voir Tout est normal mon cœur scintille, repris cette année, que je vous conseille vivement, si vous l’avez manqué l’année dernière.

  • Les sorties de la semaine

Les danseurs chorégraphes s’installent à l’amphithéâtre Bastille pour 3 jours. Le principe ? Des danseurs de l’Opéra qui font une pause dans leur rôle d’interprète pour pour s’emparer d’une scène et d’y mettre leur langage et leurs idées. 25€ pour la place pour découvrir une autre facette de ces artistes. Voilà le programme :

Premier cauchemar (Prologue extrait du Rêveur) Chorégraphe et livret : Samuel Murez
Deux à deux Chorégraphie et costumes : Maxime Thomas
En attendant l’année dernière Chorégraphie : Grégory Gaillard
Kaléidoscope Chorégraphie : Allister Madin
Smoke Alarm Chorégraphie : Julien Meyzindi
Songes du douanier Chorégraphie : Alexandre Carniato avec Morgane Dragon
Stratégie de l’hippocampe Chorégraphie : Simon Valastro

Pour réserver, c’est par ici.

Amphithéâtre Bastille

A Chaillot, vous pouvez découvrir en famille le conte Babayaga inspiré de l’album de jeunesse de Rebecca Dautremer et dansé par la compagnie TPO. Le spectacle est interactif, chaque spectateur reçoit au début un petit boitier, qui va permettre de faire évoluer le personnage de Michette. La danse se mêlent aux images de l’illustratrice, dont je suis assez fan. Après La belle et la bête, la semaine dernière on reste dans cette continuité de spectacles où l’image prend une nouvelle place, devient un élément chorégraphique à part entière.
Plus d’infos et réservations, clic

tpo1

A voir aussi, si vous avez des places parce que c’est bien complet, Ce que j’appelle oubli, d’Angelin Preljocaj, jusqu’au 5 mars au Théâtre de la Ville, puis jusqu’au 10 mars au Centquatre. Plus d’informations, clic.

  • L’évènement de la semaine : la nouvelle saison de l’Opéra de Paris.

Elle sera dévoilée demain, les abonnements seront ouverts mercredi. Saison riche par ses émotions, puisque 3 étoiles quitteront la compagnie et pas des moindres. Agnès Letestu partira en début de saison avec La Dame aux camélias, puis ce sera le tour d’Isabelle Ciaravola dans Onéguine et enfin Nicolas Le Riche qui fera ses adieux lors d’une soirée spéciale, en juillet.

Brigitte Lefèvre fera elle aussi en quelque sorte ses adieux, puisque c’est la dernière saison où elle sera présente toute l’année. A son image, entre tradition et modernité, elle a programmé des grands noms de la danse contemporaine que l’on pourra voir dans 3 soirée mixtes, et d’autre part, des grands classiques, comme la Belle au bois dormant qui sera donnée à Bastille à Noël.Parmi ces chorégraphes, on retrouvera Trisha Brown, Jiri Kylian, Saburo Teshigarawa, Agnès de Mille, Birgit Cullberg, Preljocaj.

Comme promis par Lissner, le ballet va commencer des tournées en France. Dès janvier, un ballet tournera en région parisienne, pour permettre aux Franciliens de découvrir de façon peut être plus accessible cette compagnie.

Plafond de l'Opéra Garnier

Une seule compagnie invitée, mais de très grande qualité, puisque le Bolchoï viendra danser en janvier à Paris avec un ballet de Ratmansky.

Je ne vous en dis pas plus, vous découvrirez tout demain, chacun ira de son petit commentaire ! Personnellement, la saison 2013-2014 me plaît plutôt, hormis le programme de Noël.

  • En vrac

A lire et à voir, Noëlla Pontois, invitée de Telematin, revient sur son parcours, à l’occasion de l’exposition qui lui est consacrée à Elephant Paname, clic

A lire, un petit article sur ces garçons amateurs qui font de la danse classique, clic

Danses avec la plume a mis à jour son site, est passé sous WordPress, avec un joli thème. Il serait temps pour moi que j’en fasse de même, il est vrai qu’une fois passée sous WordPress j’ai eu la flemme de fouiller pour un thème. Bravo Amélie pour ce joli travail !

Camille de Bellefon quitte Paris pour Vienne. La jolie danseuse a été embauchée chez Manuel Legris.

Caroline Carlson créera un spectacle pour le ballet de Bordeaux en 2014 et devrait travailler avec Chaillot.

Plus que trois jours pour soutenir un joli projet de film documentaire, Comme ils respirent. Claire Orantin a suivi 5 danseurs pour faire un film différent. L’objectif de 7000€ est presque atteint, mais n’hésitons pas à lui donner un coup de pouce. Pour plus d’infos et contribuer au projet, clic.

Donner votre avis et tentez votre chance pour gagner l’économiseur d’écran Viva Danza, clic

  • La vidéo de la semaine

Nouvelles de 2013 n°1

Il est fini le temps des fêtes, retour au travail. Ma semaine dernière ne fut pas de tout repos. Au nouvel An je me suis réfugiée à Garnier pour profiter de la dernière soirée Forsythe Brown et je n’ai pas été déçue. Si j’ai, au début trouvé la salle un peu froide et un peu pauvre en applaudissements, les danseurs ne se sont pas démontés. La chaleur est montée et Pas/Parts fut une nouvelle fois le petit joyau de la soirée. Jérémie Bélingard en clou de la fête qui est arrivé les mains pleines de paillettes, la soirée avait vraiment des allures de fête.

J’avais dit que je ne prenais pas de bonnes résolutions, j’en ai tout de même prise une… Ne plus rater la danse par flemmardise (j’aime autant danser que flâner… un vrai dilemme!), j’ai donc renfilé mes chaussons pour ne pas se laisser aller avec toute cette nourriture avalée les jours passés. Si vous avez envie de vous y remettre pourquoi pas  essayer les cours d’Elephant Paname. Pour les infos, les tarifs, les horaires, suivez le lien. Du côté de Danse en Seine, un nouveau cours se met en place dès janvier, afro jazz. Des cours de danse à petit prix chez Danse ein Seine, pourquoi s’en priver ? Suivez le lien pour plus d’informations.

J’ai regardé pas mal de vidéos la semaine dernière, dont le Casse-Noisette de Béjart mon ami D*** m’en avait parlé il y a longtemps. Ma foi il y avait de l’idée. J’ai aussi découvert sur Arte Live Web Swan Lake de Dada Masilo et je suis pressée de voir cette œuvre sur scène l’an prochain au Théâtre du Rond-Point (septembre octobre).

Vendredi soir j’ai tenté l’expérience Preljocaj, mais cela n’a pas été très fructueux. Je n’ai pas du tout aimé le programme proposé par la compagnie invitée. La mise en scène d’Hélikopter semble combler une chorégraphie lisse et sans saveurs, avec une musique assourdissante comme pour vous faire oublier la notion du temps et de l’espace. Eldorado (Sonntags Abschied) est plutôt plaisant mais ne m’a pas non plus enthousiasmée. J’ai trouvé beaucoup de passages chorégraphiques identiques à ceux du Sacre du Printemps, du même chorégraphe. Enfin si la curiosité vous y pousse c’est jusqu’au 10 janvier. Plus d’infos et réservations, clic.

Le week-end, la maladie qui zone ces temps ci sur Paris m’a réattaquée ! J’ai lu ça et là des choses sur Noureev avec une pensée émue.

Tombeau de Rudolf Noureev Sainte Geneviève des bois

  • Les sorties de la semaine

L’évènement qui s’ouvre cette semaine, c’est le Festival de Suresnes. Festival de hip-hop, ce festival n’est pas à manquer. On y découvre des danseurs fabuleux, des chorégraphes inventifs, une utilisation des différents langages dits « hip-hop » toujours renouvelée. Allez trois spectacles à découvrir en priorité, mais n’hésitez pas à vous laissez aller !

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Compagnie Käfig, pour ces sublimes danseurs, des chorégraphies à tomber par terre, une énergie à réveiller les morts et une poésie du geste rare. Chorégraphié par le petit surdoué du genre Mourad Merzouki, c’est à ne pas manquer ! Du 18 au 20 janvier.

Abou Lagraa propose un voyage à travers la terre d’Afrique. Ce talentueux chorégraphe, qui a monté le ballet d’Alger et qui a fait une chorégraphie du Boléro que j’ai encore en tête, propose ici une confrontation et un mélange des cultures par la danse mais aussi par la musique. Du 1er au 3 février.

Si vous ne connaissez pas le travail de Pierre Rigal vous aurez sans doute plaisir à découvrir Standarts, qui est une pièce qui se regarde sans difficulté et dont j’ai un bon souvenir. Je vous conseille cependant d’aller un peu au hasard, la sélection de ce festival est toujours une grande réussite et on n’en sort jamais déçu !

Pour les réservations, cela se passe sur le site du festival, clic.

Don Quichotte du Trocadéro de Montalvo Hervieu commence cette semaine à Chaillot. Le chorégraphe s’est mis en tête, avec la même démarche que dans Orphée, de remonter un Don Quichotte moderne.

Jose_Montalvo

A lire sur le net :
Journal La Terrasse, clic
Artistikrezo, clic

Plus d’infos, photos, vidéos et réservations sur le site du Théâtre, clic.

  • Les replays à regarder cette semaine

Don Quichotte, ballet de l’Opéra de Paris, avec Dorothée Gilbert et Karl Paquette, clic.

Danse avec les papous, quand des danseuses du Lido chorégraphient avec une tribu papou, clic.

Concert du Nouvel An à la Fenice, clic

Nouvel an à l’Opéra Bastille, avec le Boléro, clic.

Gala de réouverture du Bolchoï, clic

Moulin Rouge, la vie de Toulouse Lautrec, clic.

Les étoiles du Moulin rouge, clic.

  • En vrac

Allister Madin dansera en alternance avec Vincent Chaillet le 1er solo de Kaguyahime.

La collection de justaucorps d’Isabelle Ciaravola sera disponible vers février chez Cas-Danse.

Petit portrait de Dorothée Gilbert par Philippe Noisette dans Paris Match, clic.

Article de promotion des bons résultats de l’Opéra de Paris, dans les Echos, clic.

Pour commémorer les 20 ans de la disparition de Noureev la monnaie de Paris a frappé deux pièces, une en or l’autre en argent, dessinées par Christian Lacroix, clic.

Le grand Saut est disponible en VOD sur ARTE vod, clic.

  • La vidéo de la semaine

Compagnie Preljocaj à Garnier

Il est des soirs où il vaudrait mieux s’abstenir de voir de la danse. Si elle peut vous donner de grandes émotions, parfois sans effort, sans prérequis intellectuel, elle peut aussi vous laisser aussi de marbre comme une statue grecque perdue au milieu de milliers d’autres dans un grand musée. Peu d’émotions dans un ballet comme dans l’autre, les danseurs ne manquaient pourtant pas de grâce, mais la danse, le geste semblait ne rien vouloir me dire ce jour là.

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Helikopter est une pièce qui porte bien son nom. Le bruit des pâles qui se mettent en marche ouvre la pièce, avec un effet similaire sur le sol, réalisé avec un sol comme interactif de la musique et/ou du mouvement. La lumière est comme une danse graphique qui se déroule sur le sol (si vous êtes au parterre, vous ne verrez rien de tout ça). Les danseurs entrent, d’abord un, puis deux. La chorégraphie commencent sur le premier, le deuxième reprend en chœur avec le premier. Les costumes sont sommaires mais peu élégants. Grosses culottes noires qui grossissent les corps, t-shirts de couleurs vives et genouillères noires. Les gestes sont très académiques, très précis. Les bras tournent comme des pâles d’hélicoptère, à la seconde, avec le corps en rotation. La danse est fluide, mais peu rapide. Cela manque parfois de nuances, de matières. L’air semble trop vide, comme presque trop léger. Le sol se transforme à mesure que la chorégraphie et la musique change. Cette dernière devient peu à peu une cacophonie musicale, à laquelle on semble s’habituer. Le sol vibre comme de l’eau sous les pas des danseurs. Quand il sont au sol, on dirait qu’ils nagent dans le pétrole.

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On sent la recherche de l’épuration dans le mouvement voulue par le chorégraphe, mais cette épure ne sert pas l’émotion. Sans doute n’est ce pas le propos du chorégraphe, mais la pièce devient assez fatigante et assourdissante. La musique qui est crachée par les baffles posées dans la fosse d’orchestre vient se répercuter contre les murs des loges et vous envahit la tête. On en perd la notion du temps et presque de l’espace. Hormis le début de la pièce, il ne m’en reste pas grand chose, car cela fait beaucoup de bien quand ça s’arrête.

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Eldorado (Sonntags Abschied) est une pièce plus douce, qui se laisse regarder plus facilement. La scène est encadrée par des panneaux blancs, sur lesquels il y a des fleurs et parfois des hommes ou des femmes dessinés avec des lumières. Ces panneaux forment des petits alcôves, comme des refuges, propres à chaque danseur. La danse est souple, lente là aussi. On reste dans la même esthétique, par rapport à la première œuvre, mais celle-ci a plus de matière, de sensualité et cela me plaît bien mieux. Les formes se tirent et s’étirent. Un série de petits duos s’enchaînent. Les couples viennent se placer au milieu tandis que les autres restent de marbre devant leurs alcôves blanches. Le lino miroir reflète les danse dans un flou assez réussi. Les lumières sont douces, entre l’or et l’obscurité, la scénographie est travaillée et pas veine car elle sert la danse à défaut de l’écraser. Les corps envahissent peu à peu l’espace, formant des trios, des duos ou des quatuors indépendants. Puis les corps se rapprochent, on passe de la sensualité à une sexualité évidente. C’est moins subtil, cela ressemble au Sacre du Printemps (de Preljocaj). C’est plus puissant au niveau de l’image rendue, mais on perd en force chorégraphique. La pièce en garde tout de même une forte identité, grâce à la distension des rythmes, tout au long de l’œuvre, accompagnée par la musique, plus facile que la première.

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Le spectacle est au Palais Garnier jusqu’au 10 janvier. Plus d’infos et réservations, clic.

HELIKOPTER

Karlheinz Stockhausen Musique (Helikopter-Quartet interprété par le Quatuor Arditti)
Angelin Preljocaj Chorégraphie
Holger Förterer Scénographie
Sylvie Meyniel Costumes
Patrick Riou Lumières

ELDORADO (SONNTAGS ABSCHIED)

Karlheinz Stockhausen Musique (Sonntags-Abschied)
Angelin Preljocaj Chorégraphie
Nicole Tran Ba Vang Scénographie et costumes
Cécile Giovansili, Angelin Preljocaj Lumières