Abou Lagraa

Saison 2013 2014 à la maison de la danse de Lyon

L’an prochain, on va à Lyon pour voir de la danse ! Pourquoi ? Et bien parce que ce n’est pas loin de Paris, parce que Lyon c’est beau, parce qu’on y mange et on y boit bien, parce que cette ville consacre beaucoup d’évènements à la danse. Entre l’Opéra et la maison de la danse, il y a de quoi se faire plaisir, à petit prix. Amoureux de la danse contemporaine, bienvenus à Lyon.

La maison de la danse est dirigée par Dominique Hervieu qui met un peu entre parenthèse son talent de chorégraphe pour gérer avec un grand enthousiasme cette grande maison. La saison 2013 2014 réserve de belles surprises. Au niveau des tarifs, des prix doux, sauf sur les grands spectacles très demandés pour financer des festivals de nouveaux créateurs, des spectacles à moins grande visibilité médiatiques.

La Maison de la danse est très en avance sur beaucoup de théâtre et dépoussière avec beaucoup d’efficacité les vieilles habitudes. Elle renouvelle son public, développe des outils de communication très efficaces (comme « la minute spectateur » où Dominique Hervieu présente les chorégraphes aux spectateurs, clic), organise de nombreuses rencontres avec les artistes ainsi que des ateliers de pratique pour les amateurs. Elle collabore aussi avec 800 classes lyonnaises. Elle développe le merveilleux site numeridanse.tv, créé par Charles Picq, ressource merveilleuse qui contient de plus en plus d’archives.

Une belle saison que voilà :

  • Benjamin Millepied, L.A. Dance Project du 17 au 21 septembre

Avant de prendre ses fonctions comme directeur de l’Opéra, Benjamin Millepied continue de tourner avec sa compagnie de jeunes danseurs. On découvrira deux créations, dont une très attendue du jeune chorégraphe Justin Peck, très à la mode en ce moment. Puis, une pièce de Millepied.
Création Emmanuel Gat,
Création Justin Peck
Reflections de Benjamin Millepied
Voir un extrait vidéo pour découvrir les danseurs, clic.

  • Kader Attou du 24 au 28 septembre

The Roots est un spectacle de hip-hop avec une très jolie mise en scène. Le directeur du CCN de la Rochelle mélange les styles et crée un pièce pleine d’humanité.
Le spectacle sera filmé par ARTE Live Web
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  • Inanna de Carolyn Carlson du 1er au 03 octobre

Sept femmes pour évoquer une déesse. Avec Inanna, Carlson signe un ballet poétique et très sensuel.
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  • Dialogue avec Rothko de Carolyn Carlson le 05 octobre

70 ans, presque pas une ride et encore sur scène. Elle met en scène ce qu’elle avait déjà écrit dans un livre, sa rencontre en 1974 avec le peintre. Un seul soir à ne pas manquer.
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  • Ballet National de Marseille du 09 au 11 octobre

Avec Moving Target Frédéric Flamand continue son dialogue avec l’architecture. Cette pièce pour 15 danseurs montre toute la technique du ballet de Marseille associée à une belle scénographie.

  • Les Tiscits du 15 au 18 octobre

Les Franglaises  est un spectacle très drôle dont le principe est de traduire toutes les grands tubes de la pop anglaise en français. Pensez à Singing in the Rain….
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  • Via Katlehong du 5 au 8 novembre

Sophiatown, est une création mondiale en résidence et fait partie du cycle Afrique du Sud. Entre danses traditionnelles et musique jazz, cette création promet d’être explosive et pleine de fraîcheur.

  • Dada Masilo du 13 au 17 novembre

Le succès de son Swan Lake n’est plus à démontrer, il faut donc foncer retourner voir cette pièce, que vous pourrez aussi voir à Paris au Théâtre du rond Point.
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  • Mamela Niamza et les Soweto’s finest le 18 novembre

Mamela Niamza va crée pour ces Kids une chorégraphie pour la première fois. Ce qui est annoncé c’est quelque chose de très rythmé, et très urbain.

  • Alonso King du 22 au 29 novembre

Alonso King a une des plus belle compagnie américaine. Ses danseurs, de toutes origines, ont une technique assez impressionnante. On pensera à l’univers du NDT, avec des danseurs comme chez Alvin Ailey. A voir sans aucun doute. Deux pièces seront présentées : Resin et une création.
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  • Compagnie Diptik du 19 au 23 novembre

En Quête est une création de cette compagnie stéphanoise dirigée par Souhail Marchiche et Madhi Meghari, dans un style hip hop qui raconte le déracinement.

  • Cirque Eloize du 5 au 20 décembre

Gros succès qu’ID qui revient une fois de plus en France. A découvrir ou à revoir en famille.
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  • Ivana Müller du 9 au 20 décembre

Partituur est une création participative destinée au jeune public. A chaque soirée, une nouvelle création ! Les enfants ont un casque audio et suivent des consignes.

  • Akoréakro du 7 au 14 janvier

Pffffffff est aussi un spectacle destiné au jeune public. Entre acrobatie et danse, ce spectacle déridera petits et grands.

  • Hofesh Shechter du 17 au 21 janvier

Sun est une création qui comme toute la danse d’Hofesh Shechter est puissante, presque agressive, qui met en transe ceux qui l’expérimente. Sa danse est très précis, pleine de détail, mais toujours très rythmique, qui nécessite un engagement viscéral des danseurs.
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  • Parcours entre tradition et modernité

Abou Lagraa Univers… L’Afrique du 24 au 26 janvier Danser l’Afrique sur des airs de Nina Simone. Le chorégraphe algérien saura encore vous étonner. Voir un extrait, clic

Denis Plassard, Rites du 28 au 30 janvier. Cette pièce est intrigante puisqu’elle est annoncée comme une création conférence dansée.

DeLaVallet Bidiefono Au delà les 3 et 4 février. Création pour Avignon 2013

Enclave espagnol En plata du 6 au 8 février, est un voyage à travers l’Espagne et ses danses.

Sidi Larbi Cherkaoui et Shantala Shivalingappa :  Play du 12 au 14 février. Attention chef d’œuvre à ne pas manquer. Les deux artistes se rencontrent pour dialoguer par la danse de leurs racines. Voir un extrait vidéo, clic. Le spectacle sera filmé par ARTE Live WEB.

Arushi Mugdal Sutra le 16 février.

  • José Montalvo du 19 au 23 février

Le complice de Dominque Hervieu s’invite dans sa maison pour présenter son Don Quichotte du Trocadéro.
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  • Olivier Dubois les 26 et 27 février 

Tragédie est une pièce très forte. 18 danseurs nus, qui vont entrer dans une chorégraphie somptueuse et pleine de complexité. A voir sans aucun doute.
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  • Philippe Decouflé du 18 au 21 mars

Panorama est une dose de bonne humeur dont on ne saurait se passer !
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  • Festival Sens dessus dessous du 25 au 29 mars

Ulf Langeinricht
Catherine Gaudet
Simon Tanguy, qu’on retrouvera aussi dans la programmation du Théâtre de la Ville.
Alain Platel
Patricia Arpegi
N. Hubert et M. Mandel
Raphaëlle Delaunay

  • Pilobolus du 2 au 13 avril

Shadowland est un des gros succès populaires de l’hiver. A découvrir ou à revoir en famille.
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  • Emanuel Gat les 16 et 17 avril

The Goldlangbergs est la nouvelle création du brillant chorégraphe qui m’a époustouflée cet hiver avec Brillant Corners. Elle sera présentée bientôt à Montpellier Danse 2013.
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  • Thomas Guerry et Camille Rocailleux du 23 au 25 avril

Solonely est une création qui s’approche du cirque qui sera aussi à découvrir en famille.

  • Les ballets de Monte Carlo du 21 au 25 mai 

Jean-Christophe Maillot veint à la maison de la danse présenter son Lac  qui comme tous ses ballets promet d’être sublime. Cette relecture saura encore nous surprendre et nous émouvoir.
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  • Carlotta Ikeda du 4 au 6 juin

Cher Ikkyû est un spectacle qui se découvrira aussi en famille. L’occasion de découvrir le buto à travers un conte s’inspirant d’un personnage réel.
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  • CNSMD de Lyon les 12 et 13 juin

Il faut aller découvrir les jeunes danseurs qui danseront du répertoire et une création de Shlomi Tuizer et Edmond Russo.

Pour vous abonner, c’est par ici.

El Djoudour par Abou Lagraa

Depuis mardi et jusqu’à samedi prochain a lieu à Chaillot le festival Sur les Frontières. L’occasion de découvrir de nombreux chorégraphes, dont Batsheva Dance Compagny, Ali Moini ou le plus connu du grand public, Abou Lagraa.

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El Djoudour est le dernier opus d’une trilogie après Nya et Univers…l’Afrique. Il raconte à travers cette pièce sa culture mulsumane, faite de mélanges, que ce soit dans les styles, le langage corporel ou les artistes choisis.
Cela commence avec une splendide jeune femme, habillée en rouge, qui danse. Autour des bidons d’aluminium. Au fond, se prépare une chanteuse. La danse commence, seule. C’est danse fluide et qui semble parfois écorchée quand elle prend des teintes de hip-hop. La voix se met en route, les chants sacrés résonnent et la danse prend alors une autre dimension. Le corps devient marqué par ces chants. Il devient lui aussi sacré, bien que la danseuse reprenne des phrases déjà dansées dans le silence.

Ce qui occupe une place centrale dans cette pièce, c’est la question des genres. Les danseuses entrent en premier et dansent quelque chose d’assez doux où la gravité du sol a une place très importante. Les hommes ensuite, dans un genre bien plus marqué hip-hop.L’opposition entre les deux sexes est marquée dans l’espace par des tringles. A jardin, les hommes, à cour, les femmes. Les corps s’attirent, les regards se toisent, ils dansent d’abord chacun de leur côté. Puis, ils se défient avec une belle énergie. C’est rythmé, hip-hop et danse contemporaine se mêlent et signent le style de ce ballet. Le ton monte, les corps transpirent, les tringles valsent, les battles se multiplient. Tout s’arrête. Essoufflés, les danseurs viennent s’assoir sur le devant de la scène et nous observent.

C’est un univers très poétique dans lequel nous plonge Abou Lagraa. Les corps marchent dans des directions aléatoires, se rencontrent, comme se rencontreraient des mots sur la page blanche du poète. Ils provoquent des résonances chez les corps des autres.Ainsi un danseur est placé au milieu des autres en cercle. Il tente malgré tout d’intégrer ce cercle,sans y parvenir provoquant seulement des vibrations. Les passages de pas de deux sont un autre moment de poésie. Emmenés dans des rotations, comme des derviches, les corps s’emmêlent pour ne former plus qu’un. Leur danse signe l’union de ces deux corps. Des chants sacrés les accompagnent, ce qui là encore, donne une autre dimension.

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Le rapport aux éléments clôt le voyage. Après une danse qui ressemble à un rituel, sur une musique marquant bien les temps de pause, de la terre est répandue sur le sol. Évocation parlante de ce que peut être une double culture, la terre devient l’élément avec lequel les danseurs vont devoir s’imprégner. On ne peut s’empêcher de penser au Sacre de Pina, d’autant que la terre colle à la peau et aux tissus, comme dans le chef d’œuvre de Bausch. L’eau fait son apparition, évocation là encore des rites d’ablutions ou de toilettes dans le monde oriental. Comment là aussi ne pas penser à Vollmond avec son rocher et sa pluie ? Les thèmes rappellent les origines du chorégraphes, quand la danse et l’esthétique s’imprègnent d’une autre culture. Le mélange des deux forme une harmonie cohérente. Lagraa ne tombe jamais dans les clichés et touche quelque chose de juste. Il nous retient à chaque fois par un soupçon de beauté, une suspension dans la danse, pour nous toucher tout le long de la pièce.

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A lire :
Le Monde, Trois questions à Abou Lagraa, clic
RFI, Mes racines, cette double culture, clic

avec Nawal Ait Benalla-Lagraa, Ali, Brainis, Sarah Cerneaux, Nassim Feddal, Jocelyn Laurent, Oussama Kouadria, Bilel Madaci, Marion Renoux, Fanny Sage, Féroz Sahoulamide, Tanné Uddén, Angela Vanoni, Bernard Wayack Pambe, Zoubir Yahiaoui, Houria Aïchi (Chants) 

Voir le spectacle pendant 182 jours sur ARTE Live Web