Suite en Blanc, Programme Lifar/Petit/Béjart 6/02/2009



La vue des tutus blancs, des perles, des strass… toutes les étoiles de l’Opéra sont sur scène… il y a de quoi faire rêver toutes les petites filles et les
novices de la salle. D’ailleurs un grand « ah » se fait sentir. Il ne fait que frémir car tout de même nous sommes à l’Opéra. Je dis cela sans moquerie aucune, mais que le regard des danseurs se
fixe sur le public la danse commence.  Il y a toutefois quelque chose qui me chagrine. Je trouve que les musiciens ne sont ni assez écoutés (il n’y a qu’à entendre le brouhaha qui régnait dans
la salle avant le lever du rideau) ni assez applaudis. Je m’égare revenons à ce lever de rideau. Le rideau se lève, un vague son d’émerveillement résonne jusque dans le lustre de l’Opéra de Paris
(connaissez vous l’histoire du lustre ?).
Suite en blanc est une succession de pas de deux ou de trios très techniques. De ce fait, il continue à perpétuer un cliché. Les noms de la moitié des étoiles et des premiers danseurs
promettent des prouesses techniques qu’un public adore applaudir. Personnellement applaudir avant la fin d’une série de fouettés m’est impossible.


La tension est telle ; la pointe de la danseuse, sorte de barre pour
un funambule équilibre la danseuse, revient toujours à la même place. Quand bien même je verrai une danseuse l’effectuer chaque soir, j’aurai toujours cette montée d’adrénaline quand la série
commence. Comment transformer un tel artifice, un tel travail en ce mouvement si fluide si naturel ? Je vous laisse le soin de chercher dans l’ouvrage de Rousseau Julie ou La nouvelle Héloïse la
réponse à cette question.
Toute cette digression pour dire que je n’applaudis pas pendant une performance. J’ai aussi l’impression (en réalité ce n’est pas qu’une impression) que cela casse le rythme, se mêle à la musique
et au final déconcentre la danseuse.
Ah arrêtons les écarts, revenons à notre lever de rideau. Oui je vais en parler de cette
Suite en Blanc !
J’ai été émerveillée par cette pièce que je n’avais jamais vu qu’en vidéo, ce qui ne procure aucun sentiment esthétique mais qui est très pratique pour une analyse de la chorégraphie. Je vais vous
éviter une nouvelle digression sur la vidéo en danse, j’essayerai d’y revenir dans un prochain article.
Ce ballet est sublime. Il cache mille trésors cachés. Sous l’apparence d’un ballet conformiste très classique, tutus blancs & Cie, ce ballet est d’un néoclassicisme rare. L’adage dansé par
Aurélie Dupont et Hervé Moreau montre des portés tous plus modernes les uns que les autres. La diagonale de la fin de l’adage est époustouflante. Le danseur porte la danseuse devant lui et marche.
Elle, flotte dans l’air comme si elle était tenue par un fil. Ses jambes n’en finissent pas de s’allonger et de monter.


Remarquons la très bonne prestation de Myriam Ould-Braham. Légère, pimpante dans la Sérénade, une petite fée après le passage un peu pénible de Stéphanie Romberg dans le thème varié.
Je conseille à tous d’aller voir et revoir (même en vidéo !) Suite en blanc pour voir à quel point ce ballet est moderne. Observez les portés, les ports de bras, la scénographie, les
entrées et les sorties de scène, les alternances de rythme dans la construction générale du ballet. Ce ballet ne raconte pas d’histoire, il se termine comme il a commencé. Le spectateur s’est
abreuvé de merveilles. Myriam a rayonné, Aurélie a flotté, Agnès a ébloui et Jérémie s’est envolé…

Suite en blanc : 411ème représentation
Musique : Edouard Lalo extraits de Namouna
Ballet créé pour le ballet de l’Opéra de Paris le 23 juillet 1943
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Suite en Blanc, Programme Lifar/Petit/Béjart 6/02/2009: La vue des tutus blancs, des perles, des strass… toutes les étoiles de l’Opéra sont sur …

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