Samedi soir, je retente l’expérience grecque proposée par l’Opéra. J’ai un sentiment double ; j’y vais à reculons et j’aimerais en même temps être conquise. Pire j’envie tous ces spectateurs qui ont trouvé la soirée bonne et Psyché merveilleux. Il y a du monde ce soir. Mon amie L*** a atterri à l’amphi tandis que Palpatine et Pink Lady font les ninjas au parterre. J’ai par contre raté JMC. Je m’installe à l’orchestre, complètement à jardin. Malgré la conversation via texto de ma voisine qui devait être en train de se réconcilier avec un amant jaloux (elle est d’ailleurs partie à l’entracte sans doute pour le rejoindre…), je suis complètement entrée dans Phèdre. J’ai d’ailleurs préféré cette deuxième distribution. Je trouve Letestu très belle dans ce rôle. Elle s’impose sur la scène et son regard n’y est pas pour rien. Josua Hoffalt a quant à lui rien n’a envier à Karl Paquette. Avec Mathilde Froustey en Aricie, ils forment un duo séducteur et complice. Sabrina Mallem est une Oenone inquiète pour sa maîtresse. D’ailleurs je suis convaincue par le choix des duos des distributions, MAG/Renavand et Letestu/Mallem. Letestu est
une Phèdre généreuse qui est douce avec une gestuelle liée et arrondie. Mallem a les mêmes qualités, ce qui fait la force et la complicité de ce duo. J’apprécie encore plus la chorégraphie de Lifar avec ces danseurs. Chaillet fait une entrée triomphante. Quel Thésée ! Son jeu est formidable Il s’amuse de ce rôle tragique. Le costume lui va bien et donne à ses lignes de la longueur et de la puissance. Je suis très émue par sa prestation.
Ce ballet est tout de même un ovni. Quand on pense que ce ballet a été écrit en 1950, on imagine le choc du public. Celui de ce soir était déjà bien coincé, restant hermétique à l’esthétique de cette pièce. Je la trouve très riche pour ma part. La chorégraphie est très complexe et on peut saluer le travail de Claude Bessy qui a permis de remonter ce trésor. Si les costumes peuvent surprendre, moi je les ai finalement trouvé beau. Les matières, les couleurs, rappellent aussi celles qu’on peut parfois apercevoir sur les statues grecques. La Grèce était un monde colorée, et non de marbre blanc, que Lifar a su parfaitement mettre en scène dans ce Phèdre.
Pour Psyché, j’essaye vraiment de me concentrer sur la chorégraphie, sur l’histoire, sur la musique. Là aussi j’ai préféré cette distribution. Est-ce parce que Mathieu Ganio est effectivement synonyme d’Eros? Le rôle lui va super bien, il s’amuse lui aussi dans ce rôle. Avec Dorothée Gilbert, c’est vraiment un très beau partenariat. Leurs mouvements durent, ils essayent, autant que la chorégraphie le leur permet, de dessiner dans l’espace leur romance. Je suis toujours aussi atterrée par les costumes et les décors. Je trouve ça profondément laid, la danse toujours aussi vide de sens. C’est un sophisme chorégraphique. Je crois tout de même que le beau est quelque chose de difficile et que là, je n’ai pas du tout été touchée. L’élégance des deux interprètes, leur grâce malgré tout, et la musique ont sauvé mes 50 dernières minutes à Garnier. Vivement La source !
© Blog à Petit Pas
Phèdre
TRAGÉDIE CHORÉGRAPHIQUE DE JEAN COCTEAU
Georges Auric | Musique |
Serge Lifar | Chorégraphie |
Jean Cocteau | Rideau, décor et costumes |
Psyché
Création
César Franck | Musique |
Alexei Ratmansky | Chorégraphie |
Karen Kilimnik | Décors |
Adeline André | Costumes |
Madjid Hakimi | Lumières |
Choeur de Radio France | |
Denis Comtet | Chef de choeur |
Voici un petit lien vers une vidéo qui montre des extraits de Phèdre, mais pas sur la musique de Georges Auric.
- Distribution du 24 septembre 2011 20h00
Phedre | Agnès Letestu |
Thésée | Vincent Chaillet |
Oenone | Sabrina Mallem |
Hippolyte | Josua Hoffalt |
Aricie | Mathilde Froustey |
Psyché | Dorothée Gilbert |
Eros | Mathieu Ganio |
Vénus | Alice Renavand |
2 Soeurs | Mélanie Hurel, Géraldine Wiart |