Tout d’abord merci à Amélie pour sa place supplémentaire. La salle semble un peu plus pleine qu’à l’habitude pour une séance de travail. Les
premières loges de face sont pleines.
On commence la séance avec Laurent Hilaire au micro et sur scène on a le droit à Mathieu Ganio an Apollon et du côté des muses, Emilie Cozette (décidément très en forme, je l’ai vue dans
le Lac la veille) Myriam Ould Braham et Nolwenn Daniel mais mes yeux me font défaut alors je ne suis pas sûre de cette dernière. Apollon est sans doute un grand ballet de Balanchine mais je
m’ennuie beaucoup en le regardant. J’ai l’impression que c’est quelque chose de très difficile pour pas grand chose de rendu, j’ai l’impression de voir les artistes souffrir à chaque porté,
chaque pas. La musique ne m’emballe pas non plus. Je regarde la scène avec un point de vue purement technique. Emilie Cozette a fait du chemin depuis la rencontre du 27/11. Elle est en musique avec énergie et marque
correctement les accents que lui a imposé Laurent Hilaire. La lumière divine ne m’atteint pas et la fatigue de la journée se fait sentir. Je m’accroche car les séances de travail sont quand même
l’occasion de voir autre chose. Laurent Hilaire veut revoir la coda, donne ses corrections. Le beau visage de Mathieu Ganio en fait un Apollon parfait.
La suite est une création pour l’Opéra de Paris de 2004 de Trisha Brown. O’Zlozony/O’composite est un ballet avec un décor spatial, fait de points brillants comme des étoiles. En guise
de musique les vers du poète polonais Czeslaw Milosz qui font rentrer les danseurs et le public dans une transe. Pour la danse « postmoderne » nous avons le droit à Jérémie Bélingard, Alessio
Carbone et Muriel Zusperreguy. La fluidité de la chorégraphie tranche avec la raideur des danseurs dans Balanchine. Ici tout est rond, tout glisse sur le sol. Les deux hommes s’amusent de cette
danseuse qui portent, emportent partout dans l’espace. Le trio est bien accordé, cela fonctionne. Il y a quelques passages un peu longs mais la pièce est bien écrite. J’avais vu l’an dernier
l’exposition Trisha Brown au CND qui ne m’avait pas emballée, je le suis un peu plus au regard cette pièce qui n’est pas mauvais.
Arrive le moment tant attendu, LE Sacre ! C’est une pièce dont je ne me lasse pas, je peux la regarder en boucle, il y a toujours un truc que je n’ai pas vu, une énergie dont je n’avais
pas soupçonné la force. Il faut d’abord étaler la terre, normalement ils font ça à l’entracte en 20 minutes avec le public les yeux grands écarquillés. Là cela dure un peu plu longtemps mais les
Aropiens (oui parce que c’est pénible de toujours dire « membres de l’AROP ») ont aussi les yeux grands ouverts ! Ça aussi c’est un vrai ballet de voir tout se monde qui s’affaire à étaler la
terre, la mouiller, vérifier les côtés. Les danseurs commencent à s’affairer autour de cet espace. Petits pas, courses, sauts, mouvements d’épaule, le Sacre est une telle performance d’endurance
qu’il faut bien s’échauffer. Ouf ça commence! je n’en pouvais plus d’attendre. Ca commence et puis en fait non, plein de problèmes techniques viennent empêcher le bon déroulement des réglages. La
décision finale est de le répéter en plein feux. Ce n’est pas plus mal de le voir une fois comme cela, ce qui me permet de bien regarder toute la construction de ce ballet.
La répétition se passe à merveille. C’est musical, rythmé, accentué, et l’angoisse du sacrifice se lit sur tous les visages. Parmi les danseurs, Wilfried Romoli, Vincent Chaillet, Julien
Meyzindi, Josua Hoffalt, Aurélien Houette Miteki Kudo, Alice Renavand, Amandine Albisson, Caroline Bance. Non seulement ils sont tendus et comme soumis à cette musique, mais les musiciens le sont
aussi alors je ne vous parle même pas de moi ! Alice Renavand est l’élue de ce soir. Elle est tout simplement époustouflante. Elle se donne à fond, son expression du visage est effrayante, elle
va mourir de cette danse et cela se lit de plus en plus dans tout son corps. Elle met une tension incroyable, techniquement, il n’y a rien à redire. C’est une répétition et pourtant, quelle
beauté! Ah lala fichu concours… La répétition se termine à 22H30, tous les ramens du quartiers sont fermés, cela aurait conclu ma soirée en beauté ! Le sacre me reste en tête, quel chef
d’oeuvre définitivement !
Merci à JMC pour les photographies.
Pour voir un extrait de Trisha Brown suivez le lien.
APOLLON
Igor Stravinsky | Musique |
George Balanchine | Chorégraphie |
O’ZLOZONY/O’COMPOSITE
Laurie Anderson | Musique |
Trisha Brown |
Chorégraphie (Opéra national de Paris, 2004) |
Vija Celmins | Élément de Scénographie |
Elizabeth Cannon | Costumes |
Jennifer Tipton | Lumières |
LE SACRE DU PRINTEMPS
Igor Stravinsky | Musique |
Pina Bausch | Chorégraphie |
Rolf Borzik | Scénographie, costumes et lumières |
Je pense aussi que c’était Nolwenn Daniel dans Apollon. Mêmes impressions que toi (il faut dire que Balanchine, j’avoue, j’ai toujours du mal et puis c’était pas vraiment encore au point sur
certains passages). Trisha Brown, pas mal, plutôt poétique, j’ai bien aimé. Et puis Bélingard est excellent dans ce registre. Et le Sacre, quel souffle… Des danseurs hyper engagés, Alice
Renavand incroyable! J’aurais bien aimé la revoir mais ce sera Géraldine Wiart le soir où je dois y aller.
Mince, encore une occasion manquée de se rencontrer…
Je découvrais le sacre (le reste aussi, d’ailleurs) et il va falloir répéter (pas les danseurs, mais l’expérience de cette pièce…)