Le Festival d’Automne a mis Bob Wilson à l’honneur cette année. Du 12 au 20 décembre, on pouvait découvrir au Théâtre de la Ville Peter ou l’enfant qui ne voulait pas grandir d’après le texte de James Matthew Barrie, mis en scène par Bob Wilson, joué par l’excellent Berliner Ensemble, avec des musiques de Cocorosie. Retour sur la soirée démente du 17 décembre.
Décor ouvert dès l’entrée des spectateurs dans la salle. Un petit garçon est debout, une sorte de lanterne à la main. Au mur, son ombre. Le spectacle commence on débarrasse le décor et tous les personnages apparaissent. Famille Adams recomposée, on distingue mal les genre des personnages par leurs visages. Visages blancs, maquillés à la manière des vieux burlesques, Bob Wilson nous rappelle qu’un conte peut aussi effrayer les petits enfants. Ce portrait de famille inquiétant est immédiatement mis sur un autre plan quand les chants commencent. La fée est absolument délicieuse d’espièglerie et de malice et sa première chanson nous emmène déjà un petit peu au Pays de Nulle Part. On plonge dans le bleu de Bob Wilson qui caractérisent tous ses spectacles. Personnages en ombre, coupes de cheveux sorties d’un dessin animé, tout est fait pour nous plonger dans un monde imaginaire.
Les musiques sont géniales ! On voudrait sortir du spectacle avec l’album intégral. Grinçantes, inquiétantes, drôles, entraînantes, je ne sais pas comment font les enfants pour rester sur leurs sièges mais moi, je me sens l’envie de me lever, de monter sur les nuages qui emmènent Wendy et ses frères, dans ce Pays de Nulle Part et d’aller taquiner le Capitaine Crochet. Bien sûr on sort avec l’air de « To die will be a great adventure ! », mais toutes les chansons sont mémorables. La musique rythmée de Lili la tigresse, ou la plus poétique du capitaine Crochet ne voulant pas perdre son seul ennemi/ami, ainsi que la chanson de Tinkerbell sont les must de la pièce.
On soulignera une fois de plus la performance du Berliner Ensemble. Quels comédiens ! Ils signent tous un jeu d’acteur virtuose. Les personnages semblent taillés sur eux. Pas une fausse note, tous les déplacements sont très chorégraphiés, les tableaux s’enchaînent avec une grande fluidité. On suit facilement l’intrigue en allemand et en anglais. Les deux langues se complètent à merveille pour servir les émotions des personnages. Les comédiens passent avec une incroyable aisance d’une langue à l’autre.
Ce Peter Pan est un vrai coup de cœur de cette fin d’année. Un spectacle complet qui mêle magie, un texte magnifique (dont le livret complet était vendu 6€ !), des comédiens fabuleux et des chants formidables. On voudrait en reprendre une deuxième fois ! Bob Wilson est vraiment un génie de la mise en scène !