© Wiener Staatsballett-Dimo Dimov
Arrivée dans le carrosse de Y*** devant l’entrée de la Chapelle royale de Versailles, la nuit, avec toutes les lumières qui illuminent les dorures du château, cela m’a tout de suite donné un large sourire. Il m’est plaisant de sortir de Paris (le petit Rat a grandi extra muros…) et j’étais très excitée à l’idée de voir ce ballet.
Le personnage de Marie-Antoinette m’a toujours fascinée et je garde un souvenir exquis de la lecture que j’avais fait du livre de Zweig, pendant un été doux à Istanbul. Cet été, je suis retournée à Versailles avec une personne qui m’est très chère et ce fut un vrai plaisir de se balader dans les jardins du Petit Trianon. Hiver comme été, c’est à ne pas manquer. Tous les touristes s’entassent dans la chambre du roi pendant que quelques âmes se plaisent à errer dans la jardin anglais de Marie-Antoinette.
A Versailles, on est bien reçu. Deux invitations, deux programmes, deux coupes de champagne. Une petite bise à José Martinez, oh plein de membres de l’Arop comme c’est étonnant. Allez hop direction l’amphithéâtre qui est en fait le premier balcon, pour voir ce ballet.
J’ai beaucoup apprécié l’argument du ballet que j’ai trouvé intelligent. En effet, De Bana choisit pour accompagner son héroïne deux personnages, le destin et l’ombre. Comme si, dès sa naissance, la vie de la petite autrichienne était déjà écrite. Les duos et passages de ces deux personnages interprétés par un homme et une femme, sont tous très beaux, plein de poésie. Le début du ballet est très poétique, on est plongé dans l’univers du XVIIIème siècle. Les costumes d’Agnès Letestu sont magnifiques. Elle a un vrai talent pour cela. Ses costumes sont raffinés, élégants et les matières sont très belles. A la cour de Vienne, la chorégraphie commence à se dessiner. Le problème vient de là. C’est assez pauvre. Il y a tout au long du ballet un vrai travail de la scénographie, des costumes, des choix de musique. On peut d’ailleurs souligner que la musique enregistrée est plutôt de bonne qualité pour une fois. J’ai apprécié le travail avec les miroirs, dans les scènes du Trianon, de l’Attaque de Versailles qui permet de multiplier les personnages.
Ce qui ne va pas dans ce ballet c’est vraiment la chorégraphie qui est bien trop répétitive et qui perd le spectateur. En effet, je me demande quel sens veut-on mettre dans un chorégraphie répétitive quand on raconte une histoire ? On pourrait imaginer que tout le destin de Marie-Antoinette est déjà inscrit dans son corps et que les mouvements se répètent. Dans ce cas, les mouvements auraient du évoluer, devenir plus oppressants ou plus amples. Ce n’est pas le cas. Les poses de petites poupées à crinoline se multiplient, les attitudes derrière en saut, en équilibre se multiplient. On ne voit plus que ça, les mouvements sont tout le temps les mêmes. Les variations passent et se confondent. Heureusement les décors changent.
J’ai plus apprécié le deuxième acte, qui était plus rythmé et où les ensembles un peu plus travaillés m’ont séduite. J’ai aussi pensé que les personnages étaient plus aboutis. On sentait toute la tragédie et en même temps la fierté du personnage. Il faut dire que ce ballet est servi par des artistes remarquables. La compagnie est est jeune et fraîche avec une énergie sans limite. C’est un bonheur de voir de jeunes artistes s’éclater et profiter de ce moment. La jeune Olga Esina, qui tient le rôle titre, est absolument magnifique. La ballet vaut le coup d’être vu juste pour découvrir cette artiste fabuleuse qui je crois en a envouté plus d’un dans la salle. Elle interprète avec brio cette reine désespérée qui tente de fuir. A ce moment là on aurait aimé voir des portés plus risqués, plus démonstratifs du désespoir du couple royal.
Le deuxième acte est plus contemporain que le premier ce qui peut se comprendre si on prend un point de vue narratif. Le parti pris des demi-pointes est pour moi un choix judicieux. Il s’inscrit dans une tradition comme celle du Parc par exemple.Il y a de beaux passages, mais de manière générale le ballet est tout de même un peu faible. J’ai hâte de voir ce que la troupe donne dans un autre répertoire. Ca tombe bien, il paraît qu’elle vient aux étés de la danse 2013, avec son Lac des cygnes, pour les 20 ans de la disparition de Noureev.
Dans l’ensemble une bonne soirée tout de même, car comment ne pas apprécier ce lieu, et y voir un spectacle. Certes le ballet n’est pas fou, mais il y a matière pour le retravailler en faire quelque chose de plus puissant.
- Découpage du ballet
ACTE I
SORTIE DE L’OMBRE
Georg Philipp Telemann, extrait du concerto pour violon en G-Dur | Destin et ombre
À LA COUR DE VIENNE
Antonio Vivaldi, extrait du concerto pour violon en D-Dur « Il Grosso Mogul » | Marie-Thérèse, Marie-Antoinette, Mercy,
membres de la Cour de Vienne
Luis Miguel Cobo | Destin et ombre
BIENVENUE EN FRANCE
Chevalier de Saint-Georges, extrait de la symphonie concertante en G-Dur | Destin et ombre, Marie-Thérèse, Louis XV,
Marie-Antoinette, Louis XVI en tant que Dauphin, Madame Elisabeth, Mercy
Luis Miguel Cobo | Destin et ombre, membres de la Cour de Vienne et de Versailles
LA REINE DU ROCOCO
Wolfgang Amadeus Mozart, extrait de la symphonie en B-Dur KV Anh. 214 (45b) | Le bal
Georg Philipp Telemann, extrait de la suite en a-Moll pour flûte à bec, hautbois, instrument à cordes et basse continue |
Marie-Antoinette, Louis XVI, Madame Elisabeth, Mercy, Axel von Fersen
Antonio Vivaldi, extrait du concerto pour violon en D-Dur « L’Inquietudine » | Marie-Antoinette,Axel von
Fersen
Georg Philipp Telemann, extrait de la sonate en G-Moll pour 2 violons, 2 violes, violoncelle et basse continue | Louis
XVI
Luis Miguel Cobo | Destin et ombre
TRIANON
Georg Philipp Telemann, extrait de la suite en A-Moll pour flûte et instrument à cordes | Madame Elisabeth et membres de la
Cour
Antonio Vivaldi, extrait du concerto en G-Dur pour 2 mandolines | Marie-Antoinette, Axel von Fersen
Johann Christian Bach, extrait de la symphonie en G-Moll, op. 6.6 | Louis XVI, Madame Elisabeth
Luis Miguel Cobo | Marie-Antoinette
Jean-Philippe Rameau, extrait de « Les Boréades » | Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, Axel von Fersen, destin
et ombre
ACTE II
ATTAQUE DE VERSAILLES
Jean-Philippe Rameau, extrait de « Les Indes galantes » | Destin, les révolutionnaires
Luis Miguel Cobo | Marie-Antoinette, Louis XVI, destin et ombre
Jean-Fery Rebel, extrait de la sonate pour violon en D-Moll | Marie-Antoinette, Axel von Fersen
Luis Miguel Cobo | Destin et ombre, Axel von Fersen, Marie-Antoinette, Louis XVI, Vision Marie-Thérèse
TENTATIVE DE FUITE
Antonio Vivaldi, extrait du concerto en D-Moll pour viola d’amore RV 393 | Marie-Antoinette, Louis XVI, destin et
ombre
Jean-Philippe Rameau, extrait de « Les Indes galantes », retravaillé par Luis Miguel Cobo | Révolutionnaires, Louis XVI,
Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, destin et ombre
LA PRISON – SOLITUDE D’UNE REINE
Luis Miguel Cobo | Marie-Antoinette, destin et ombre
Antonio Vivaldi, extrait du concerto pour violon en E-Dur « Il Riposo » | Marie-Antoinette, Madame Elisabeth
Luis Miguel Cobo | Marie-Antoinette, destin, Madame Elisabeth
Antonio Vivaldi, extrait du concerto en D-Moll pour viola d’amore RV 395 | Madame Elisabeth
Luis Miguel Cobo | Madame Elisabeth, destin et ombre
Georg Philipp Telemann, extrait du concerto pour violon en A-Moll | Vision Marie-Thérèse, destin et
ombre
- Distribution et équipe technique
Chorégraphie et Mise en scène Patrick de Bana
Musique Georg Philipp Telemann, Antonio Vivaldi, Chevalier de Saint-Georges,
Wolfgang Amadeus Mozart, Johann Christian Bach, Jean-Philippe Rameau, Jean-Féry Rebel et Luis Miguel Cobo
Costumes Agnès Letestu
Décors Marcelo Pacheco, Alberto Esteban / Area Espacios Efimeros
Lumières James Angot
Marie-Antoinette Olga Esina
Louis XIV Roman Lazik (3 et 5 novembre) Vladimir Shishov (4 novembre)
Madame Elisabeth Ketevan Papava (3 et 5 novembre) Erika Kovacova (4 novembre)
Le destin Kirill Kourlaev
L’ombre de Marie-Antoinette Elisabeth Golibina (4 novembre) Alice Firenze (3 et 5 novembre)
Axel de Fersen Kamil Pavelka
Marie-Thérèse Dagmar Kronberger (3 et 5 novembre) Alena Klochkova (4 novembre)
Mercy Fabrizio Coppo
Louis XV Christoph Wenzel
La cour de Vienne, La cour de Versailles le ballet de l’Opéra de Vienne
- Bonus vidéo