Pour chaque petite fille, le Lac des cygnes est un enchantement. Pour chaque petit rat, il est l’étoile qui guide une grande ambition. Pour l’amatrice de danse que je suis, il est un
évènement incontournable. C’est pourquoi choisir une seule place pour les étés de la danse fut chose facile. D’autant plus que le Lac des Cygnes sera dansé l’an prochain par l’Opéra de Paris, et j’ai très envie de voir les deux versions.
Le petit rat est en vacances et donc un peu décalé. Je n’ai pas fait attention à l’heure… Le petit rat a pointé son nez avec son photographe
préféré comme une fleur à 20H20… oups! Il m’a donc manqué 20 minutes de premier acte. L’ouvreuse parvient à nous caler au fond de l’orchestre avec d’autres joyeux retardataires.
Il y a une chose merveilleuse dans le lac, c’est la musique. Au Châtelet, cela devient un vrai délice. Je peux vous dire que ça change de l’horreur de La petite danseuse de Degas! Je me fais ensuite à cette danse russe si
particulière… Ces corps en filigrane, ces jambes plus longues qu’on ne pourrait l’imaginer, les petits sauts pour monter sur pointes.En comparaison de mon DVD avec Pietra et Dupont (1992 oui je
sais il faut que je me mette à jour et vite obtenir la version Letestu/Martinez) les costumes ne sont pas trop kitchs. Ce qui m’a surprise c’est la batterie des filles. Lors d’une des dernières
leçons de danse, mon professeur m’a dit que je sautais trop haut pour battre. Les filles ne doivent pas sauter trop haut sinon elle s’épuisent et ce n’est pas joli. Or là les filles avaient une
détente pour battre impressionnant! Mais il est vrai que ce n’est pas très joli…
Je rentre peu à peu dans ce merveilleux conte que j’aime tant. Le premier acte (du moins ce que j’en ai vu!) est très réussi et j’attends l’entrée d’Odette. Notre Odette s’appelle Elena
Vostrotina et est une grande rousse aux jambes interminables! La jeune femme a sans doute été choisie pour son allure. Elle a les bras d’un cygne comme je l’ai rarement vu. A la rencontre du
prince, elle est un véritable oiseau indomptable. La souplesse de ses bras, de son cou, de son buste et de sa taille de guêpe transfigure le personnage. Elle est divine. Siegfried parvient à
apaiser l’oiseau qui ajoute un peu plus d’humanité dans ses mouvements. Juste ce qu’il faut. L’acte II est toujours le meilleur moment du Lac, le public connaît par coeur ces airs de Tchaïkowsky.
Les quatre petits cygnes ne sont pas géniaux mais l’illusion suffit au public. Les trois grands cygnes sont dans cette version quatre et se rencontrent en étoile. La construction du IIème acte
est ma foi un peu vieillotte, mais cela n’est pas très important. Ce qui est beau dans les actes en blanc reste beau, la lumière bleutée, les tutus blancs et les pieds alignés.
A l’entracte, les programmes se vendent comme des petits pains. Je vais regagner ma place. Petit conflit avec la bourgeoise qui avait profité de ma place les deux premiers actes. « Vous n’aviez
qu’à être là à l’heure ». Je te la dégage fissa le petit rat n’est pas d’humeur à faire dans la dentelle, surtout vu le prix des places au Châtelet.
Le troisième acte est très réussi. Les trônes sont à cour ce qui reconfigure la chorégraphie. Odile fait son apparition avec un Rothbar très présent. Son rôle est bien plus fouillé dans cette
version. Techniquement notre Odile n’est pas franchement le top. Elle joue les majorettes dans ses tours en dedans. Elle ne parvient pas vraiment à rentrer dans ce rôle. Certes les bras du cygne
sont toujours aussi beaux mais il manque le maléfice, la séduction, le côté obscur du cygne noir. J’ai peur qu’Odile flanche au moment de ses fouettés, qu’elle peine à achever. La pantomime bien
réglée car exacerbée me fait frissonner quand la reine mère flanche de désespoir devant la tragédie de son fils dupé par Rothbar.
Le quatrième acte a les mêmes défauts que le deuxième, une construction un peu vieillie. La scène de l’orage est très réussie, l’agitation du lac est merveilleuse. Je ne veux pas que cela
s’arrête, la magie est trop belle, le rêve est bien trop doux. Siegfried choisit de rejoindre Odette car c’est la seule issue pour l’aimer à jamais.
- Distribution du 13 juillet 2010 à 20h
Odette/Odile: Elena Vostrotina
Siegfried: Roman Polkovnikov
von Rothbart: Mikhail Lifenstev
Le Bouffon: Mikhail Kemenov
La Reine Mère: Yulia Kutnyakova
Ballet en quatre actes d’après un livret de Vladimir Begitchev et Vassili Geltzer
Musique: Piotr I. Tchaikovsky
Chorégraphie: d’après Marius Petipa et Lev Ivanov révision d’Igor Zelensky (nouvelle production présentée le 29 mai 2010 à Novossibirsk)
Décors et costumes: Luisa Spinatelli
Ballet de Novossibirsk
Igor Zelensky, direction
Danseurs et solistes du ballet de Novossibirsk
Orchestre National d’Ile-de-France
Andrei Danilov, Alexander Novikov, Eugeny Volynsky direction
- Elena Vostrotina en vidéo
