Comme si ma semaine chargée ne me suffisait pas (demain je retourne à Garnier assister à la première du ballet de Hambourg), j’ai décidé ce soir de me rendre au Théâtre du Tambour royal (94 rue
du faubourg du temple dans le 11ème), pour voir le spectacle d’Orianne Moretti Les amants fous. Toujours intéressée par les expériences chorégraphiques des danseurs de l’Opéra de Paris
et un peu frustrée d’avoir raté l’an dernier son spectacle Incidences chorégraphiques, j’avais très envie de voir sa participation au spectacle d’Orianne Moretti.

Cinq dates supplémentaires ont été ajoutées (et ce jusqu’au 20 novembre) et j’ai profité de cette prolongation. C’est un spectacle de belle qualité, plein de poésie qui nous emmène dans la folie
de ses personnages. Les personnages se construisent à travers les textes et les chants qu’ils interprètent. Orianne Moretti parvient à mêler. théâtre, danse et chant avec talent. Ici il n’est pas
question d’histoire, le fil qui nous dirige est un peu comme le fleuve dans lequel repose Ophélie, noir et plein de mystères. On se laisse emmener dans les textes de Shakespeare, où la voix
d’Hamlet, torturée et pleine d’amour pour Ophélie, nous laisse deviner son destin tragique. Ophélie apparaît d’abord comme une image, un vague souvenir, une âme lointaine que le personnage
d’Hamlet ne peut atteindre. La danse de Bruno Bouché les rapproche comme dans un rêve, comme dans ce rêve où Hamlet pense à leur dernière valse. Cette danse est à l’image de la folie des
personnages, poignante et torturée. Elle est humble, ici rien de compliqué dans les pas, mais une danse qui reflètent l’âme fragile de ces deux amants. Les chants de Schumann, et Mahler entre
autres s’articulent de façon intelligente, un seul regret que nous n’ayons pas les textes car même si j’ai la chance de comprendre l’allemand, cela apporterait beaucoup d’avoir au mieux le
surtitrage, mais le texte nous suffirait. Bravo à la pianiste et au violoncelliste dont la prestation est formidable.

J’ai passé un bon moment devant cette pièce d’une poésie et d’un onirisme rare. La pièce est toute fraîche d’une quinzaine de jours et ne peut qu’évoluer et s’enrichir dans le bon sens. C’est un
beau projet à soutenir.