Les Adieux de Clairemarie Osta, dernière scène filmée.

L’intimité du studio Bastille était parfaite pour la diffusion du film d’A.D. Duval, Les Adieux. Le film parle d’une étoile et de sa dernière scène. Clairemarie Osta a accepté le projet pour garder une trace, de cette émotion si particulière et unique. Le film montre la déroulement de la reprise d’un grand ballet classique. Tout commence à J-52, Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta sont dans le studio Chauviré en compagnie de Patricia Ruanne. Elles va leur faire répéter L’histoire de Manon de Kenneth MacMillan. Les deux danseurs étoiles enchaînent les pas. La mémoire du corps semble indéfectible, les danseurs sont eux mêmes surpris que tous les pas s’enchaînent sans blanc.

Le film se partage entre les moments de répétition en studio, la représentation du 13 mai, les coulisses et les entretiens filmés face caméra de la belle étoile. Les plans filés entre le studio et la scène sont très réussis. C’est un jeu, comme si on passait d’un côté et de l’autre du miroir.

Peu à peu, les répétitions gagnent en fluidité. Le petit compteur en bas de la pellicule, avec le nombre de jours restants,  nous fait revivre l’attente, l’excitation de cette ultime représentation.

Après les répétitions, il faut aller essayer les costumes, les perruques. Une fois encore, le miroir se retourne, Clairemarie essaye la perruque, Manon apparait sous nos yeux, cheveux court, robe effilée comme l’a voulue la danseuse. Accessoires et costume, Manon entre de plus en plus dans Clairemarie, elle l’envahit, elle prend de plus en plus de place.

Nicolas Le Riche est beaucoup filmé. C’est aussi un film sur lui. A la ville, les deux étoiles sont une famille avec deux petites filles. C’est avec lui qu’elle souhaitait danser ce rôle qu’elle aime tant. C’était en matinée pour que les deux enfants puissent aussi partager ce moment plein d’émotion. En bon partenaire, Nicolas Le Riche est attentif à sa ballerine. Il la rassure sur les sauts vrillés de la dernière scène. « Lance-toi, le reste c’est mon travail ». Il faut réajuster ces moments où chaque millimètre compte. La réalisatrice nous fait entrer  de plus en plus dans l’émotion. Sans dire aucun mot, juste en dansant, Clairemarie Osta dévoile ce personnage avec tant d’amour, qu’il n’y a besoin d’aucun commentaire pour comprendre ce qu’elle ressent.

Quand les duos et solos sont réglés, direction  le studio Petipa qui se trouve sous la coupole. Il fait les mêmes dimensions que la scène. Il est penché comme la scène. Le corps de ballet est là. Les solistes vont pouvoir se régler avec eux. L’étoile explique combien ce moment est important, car elle va se nourrir de tous ces danseurs, de tous ces personnages. Cela va continuer à façonner le personnage.

Jour de la représentation. Prendre le cours, aller se faire maquiller, coiffer, passer dans sa loge écouter du Boby Lapointe pour se détendre. Enfiler le costume. Ça y est Manon est en elle. Derniers pas dans le petit foyer de la danse. Derniers regards à Nicolas Le Riche pour certains pas.

Assise en coulisses, isolée des autres, on ne sait pas si elle médite ou si elle s’imprègne du rôle. Il y a quelque chose de mystique dans ce moment que, malgré la caméra, la réalisatrice a réussi à rendre. Elle entre en scène, la représentation se déroule, sans qu’elle n’ait trop le temps d’y réfléchir. Salle debout, ovation, paillettes, émotions. C’est filmé avec beaucoup de pudeur, comme l’est la danseuse. Ce film lui ressemble beaucoup.

Après la danse, Clairemarie Osta se voit remettre la légion d’honneur des mains de Brigitte Lefèvre. Quelques mots pour Nicolas Le Riche, dont on voit les larmes monter.

La lumière se rallume et c’est dix minutes d’applaudissements que la salle lui donne, comme un merci encore.

Cette projection était privée pour les membres de l’AROP, espérons qu’il sortira un jour en DVD.

Relire ma chronique sur la représentation du 13 mai, clic.
Relire ma chronique sur la rencontre AROP avec Clairemarie Osta, clic.

A lire ailleurs sur le film : A petits pas, Danses avec la plume.

2 réflexions au sujet de “Les Adieux de Clairemarie Osta, dernière scène filmée.

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