© CNSMDP / Laurent Phillipe
Malgré une patte en moins et une sinusite qui me donne l’impression d’avoir un casque à la place de la tête, c’est avec ma belle F*** que je me dirige vers la porte de Pantin pour voir le spectacle du Junior Ballet contemporain. Trois spectacles sont présentés, trois chorégraphes avec trois univers différents mais des problématiques d’écriture et d’interprétation communes.
Le langage répétitif est le premier enjeu des trois pièces. Noces codifie les mouvements des couples qui se répètent comme les echos violents d’une réalité trop dure à affronter. Dans la répétition des chutes, des sauts dans les bras de l’autre, il y a la volonté de montrer la confiance aveugle dans l’autre, de cette confiancequ’on met dans
ses noces. J’avais déjà vu cette pièce mais j’en avais gardé un meilleur souvenir. La musique, des chants de femmes russes assez plaintifs, m’a un peu heurtée parfois. La fin de la pièce est mortifère, les poupées apparaissent comme des spectres pendus. Cette pièce a une force indéniable et ne peut laisser indifférent.
Dans Uprising, ce sont des schémas qui vont se répéter. Deux femmes vont se battre à trois reprises. Chaque fois, la même chorégraphie qui se répète et brode autour des
mêmes mouvements. Il y a beaucoup d’emprunts au hip-hop et aux arts martiaux, avec des phrases qui se déclinent, qui se répètent dans des orientations différentes.
Dans Quatre ciels de novembre, si le langage esr très riche et multiforme, c’est avec une même énergie, qui se décline en quatre années que la répétition se fait sentir.
Le chorégraphe est parti de 6 phrases chorégraphiques qu’il a découpées, dont il a changé les rythmes. Parfois un danseur entre sur scène, commence une phrase et repart. La phrase peut être reprise ou poursuivie par un groupe si bien que le regard du spectateur s’habitue peu à peu à ce vocabulaire, très dessiné dans l’espace.
La violence est présente dans les trois pièces. Dans Noces, si la chorégraphie est très violente, je suis parfois déçue par l’interprétation des danseurs. C’est un peu trop propre, un peu lisse. Deux jeunes danseuses sont cependant investies avec plus de soumission, plus d’engagement dans leur danse ; celle en robe noire, dansant souvent à jardin et celle en robe rouge. La violence est au coeur du propos d’Uprising puisque son inspiration est venue après les émeutes en banlieue parisienne. Le combat entre les deux jeunes femmes aboutit toujours à la mise au sol de l’une d’elle. Les pas impliquent beaucoup les genoux, les chutes épuisent l’énergie des danseurs. Les coprs s’atrophient, ne réagissent parfois plus. Avec cela, la scénographie utilise des contrastes entre des lumières éblouissantes, qui aveuglent le spectateur et des semi-obscurités. La variation entre les deux produit cet effet violent où on est baladé d’une ambiance à une autre, avec une certaine agressivité. J’ai beaucoup aimé cette pièce, les danseurs y étaient très investis et on sentait bien cette
joie de danser un pièce avec un langage bien spécifique.
Si la dernière pièce se montre plus subtile, la violence n’en est pas moins présente. Des arrêts brusques. Des danseurs qui entrent dans l’espace d’autres. Des chutes. C’est une
violence sourde comme si la chorégraphie s’imposait aux corps, comme si elle passait sur les corps comme les gris dans le ciel de novembre.
Thomas Lebrun
Création (2011)
Commande du Cnsmdp
Angelin Preljocaj
Noces (1989)
Musique : Igor Stravinski
Hofesh Shechter
Uprising (2006)
Musique : Hofesh Shechter
Daniel Agesilas, direction artistique
Silvia Bidegain, maître de ballet contemporain
Le Junior Ballet est en tournée, plus de renseignements ici.
Ce mois ci Ariane Dollfus a écrit un article sur le Junior Ballet dans DANSER. A lire en kiosque et le mois prochain sur le site du magazine.
Pensez à réserver le programme classique !
J’y ai passé une tres bonne soirée (avec Le Riche et Osta à deux rangs de moi, le bonheur), les piece etant graduelles en qualité, Noces m a laissé assez perplexe, les chants etaient vraiment trop
angoissants….. Mais c’est tres sympa de pouvoir apprécier les jeunes et grands talents du CNSM!