© Laurent Phillipe
Après le programme classique pas si classique, je m’attendais un peu à tout
en contemporain. J’ai trouvé le niveau des danseurs excellent, bien meilleur qu’en classique. Mais le choix des pièces… ne m’a pas convaincue. Je crois que je n’ai pas été la seule, je verrai
bien ce qu’écrit L*** dans son compte rendu.
© Laurent Phillipe
On commence avec Noces de Preljocaj qui est une pièce que j’aime beaucoup. A l’origine, Les Noces de Nijinska, soeur du danseur et chorégraphe
Nijinsky, fait partie de l’effervescence des Ballets Russes de Diaghilev. Sur une partition de Stravinsky, elle crée ce ballet en 1923. L’argument est simple, le récit d’une noce traditionnelle
russe en 4 tableaux : bénédiction de la fiancée, bénédiction du fiancé, départ de la fiancée, fête du mariage. Comme tous les grands ballets et les grands thèmes, il a été repris par de
nombreux chorégraphes parmi lesquels on compte Maurice Béjart (1962), Jerome Robbins, Kylian et Preljocaj en 1989. Dans la version de Preljocaj, seules la musique et les robes des jeunes femmes
rappellent la Russie traditionnelle. Cinq femmes commencent le ballet. Les hommes sont assis sur des bancs d’école, vêtus de chemises blanches et de pantalons noirs. Les hommes vont ensuite se
lever, l’espace scénique se forme et se déforme au gré des bancs que l’on bouge que l’on laisse à la verticale. Des poupées de chiffon font leur entrée sur scène, habillées en robe de mariée. Les
danseurs vont tantôt les abandonner, tantôt les faire danser. Elles vont parfois être un lien entre les hommes et les femmes qui se les lancent à travers la salle. Par cet intermédiaire, la
mariée est en fait absente du ballet, absente de la fête. On ne peut quitter ces poupées des yeux, mais elles ne sont vivantes et de la fête que lorsque les convives en ont décidé ainsi. On
retrouve dans Noces des thèmes que Preljocaj a notamment travaillé dans son Sacre du printemps. Les femmes sont oppressées dans ce ballet, qu’elles soient de chiffon ou bien
vivantes, elles subissent des chocs, sont jetées des bancs, tentent de faire face à ces cinq hommes masi c’est bien eux qui mâitrisent la cérémonie. On est dans une critique de la violence des
rapports hommes/femmes qui se lisent dans toutes les couches de la société. Les sauts répétés, le bruit des chocs, des bancs qui trainent sur le sol, tout cela monte en puissance jusqu’à la scène
finale où les hommes posent leurs bancs à la verticale (oui ce sont les seuls à les manipuler) et déposent dans différentes positions, les poupées qui semblent mortes. On dirait qu’elles sont
pendues, écorchées vives dans des barbelés, la dernière scène est un tableau macabre dont s’éloignent les couples. Les hommes reprennent leur jeune femme, leur cachant les yeux, car dans le
mariage on avance à deux leus yeux fermés… A méditer.
J’ai adoré, il n’y a absolument rien à redire, la pièce a été parfaitement interprétée par ces jeunes danseurs. J’ai été hapée du début à la fin. Bravo!
Pour voir la vidéo de l’INA et de Noces dansé par les danseurs de l’Opéra de Paris, suivez le lien.
© Laurent Phillipe
La suite… voilà le problème ! Indivision est une commande du CNSMDP pour le Junior Ballet féminin. C’est une création de Serge Ricci et Fabien
Almakiewicz. Les danseuses habillées de noir et perchées sur 10 cm de talons descendent le long des marches et envahissent la scène petit à petit. Elles vont commencer par se mettre en
cercle fermé et jeter leurs chaussures à travers la pièce. Deux danseuses se chargent de ranger et d’aligner côté cour ces escarpins. Les jeunes femmes se répartissent dans les salles et entament
chacune des morceaux de chorégraphies qui se font echo les unes par rapport aux autres. Elles se rassemblent de nouveau en cercle et une jeune femme en académique rouge s’extirpe de ce
rasemblement. Elle rampe au sol et le cercle se brise. C’est à partir de là que commence mon calvaire.
© Laurent Phillipe
C’est vide, il n’y a rien chorégraphiquement. Les jeunes femmes vont se déhabiller et retourner leurs vêtements qui laissent place à des robes ou pantalons, qu’on aurait pu découper dans des
chutes de tissus.. Le ballet continue ainsi entre déshabillage, chutes au sol, et des entrées et des sorties que je ne comprends pas vraiment. Vers la fin (oui je regarde ma montre…) une jeune
femme avance telle une chenille enfermée dans son vêtement qui se transforme en « pharaon ». La dernière scène finit de m’achever, une femme en imperméable framboise (très joli par ailleurs celui
là) sur fond de comédie musicale des années 50, de nouveau perchée sur de jolis escarpins, chante, et sort de scène. Bravo aux danseuses qui sont excellentes, mais alors la pièce ne m’a pas plu
du tout.
© Laurent Phillipe
Voilà le tour des garçons dont du coup j’attends beaucoup pour me remonter le moral et me sortir de l’ennui. Là aussi mon enthousiasme est réduit à néant. The Him est
une pièce de Yuval Pick qui a pour décor un tapis de danse encadré de scotch blanc qui va pouvoir réfléchir différentes couleurs. Sur une musique très années 80 (New
Order), des hommes avec des t-shirts de couleurs vives sur lesquels il y a des numéros comme lors d’un concours de danse. Les hommes se succèdent sur cet espace et y effectuent
surtout des portés très complexes. Mais à part ça, je n’ai pas trouvé l’énergie que j’attendais. Ca reste assez mou, sans but, cela pourrait durer des heures comme cela, des portés, des portés,
des portés !! ah laissez les tomber un peu qu’on voit se qui se passe si ils vont au sol ces beaux danseurs. J’attends avec impatience de les voir dans autre chose.
© Laurent Phillipe
J’avais préféré la programmation de l’an dernier mais il est aussi important de voir ce genre d’oeuvres qui ne me correspondent pas du tout. Je reste par contre tout aussi enthousiaste par
rapport à la qualité des danseurs et des présentations du CNSMDP.
A propos pour la liste des manifestations en danse et en musique du CNSMDP consultez leur site. Tout ce qui s’y passe est gratuit
et de grande qualité. Il suffit de réserver.
Ce week end, j’oublie un peu la danse, je vais au théâtre voir une pièce Copi, Une visite inopportune au Théâtre de Verre (18ème) et samedi soir, Lulu au théâtre de la Colline.
Comme je ne mets jamais la danse trop de côté je vais tout de même faire un tour à la Galerie de l’Opéra dimanche à 17h me faire dédicacer le livre de Rosita Boisseau et René Sirvin que ma
mère m’a offert le week end dernier. Lucky me !
NOCES
Chorégraphie Angelin Preljocaj
Remontée par Noémie Perlov
Maître de ballet Silvia Bidegain
Musique Igor Stravinsky
Lumières Jacques Chatelet
Costumes Caroline Anteski
Création mai 1989 commande de la Biennale nationale de danse du Val-de-Marne.
INDIVISION
Chorégraphie Serge Ricci et Fabien Almakiewicz
Maître de ballet Silvia Bidegain
Bande son Montage musical
Lumières Boris Molinié
Costumes Catherine Garnier
THE HIM
Chorégraphie Yuval Pick
Maître de ballet Silvia Bidegain
Musique New Order
Lumières Nicolas Boudier
Costumes Eric Martin
Interprètes Junior Ballet contemporain.
Alexane Albert, Marie Barthélémy, Aymeric Bichon, Pauline Bigot, Arnaud Boursain, Cindie Cantet, Jean Capeille, Emma Daniel, Julien Ferranti, Marc Galvez, Lola Kervroedan, Sarah Lutz, Léa Poiré,
Alison Sapanet, Victor Virnot.
© Laurent Phillipe
- Vidéo de Noces de Preljocaj que j’ai trouvée mais je ne sais pas qui l’interprète.
Une réflexion au sujet de “Junior Ballet programme contemporain”