« J’adore ce moment là..c’est le silence…tout le monde attend, très impatient.. » et là le chef d’orchestre arrive avec une vague d’applaudissements. Musique solennelle, le rideau se lève. Instant
magique, toute la scène est ouverte, jusqu’au foyer. Les petits rats commencent le défilé. toutes les classes se succèdent. C’est un florilège de fleurs blanches qui flottent sur le parquet de la
scène et s’envolent vers les sombres coulisses. La musique de Berlioz, simple et raffinée porte ces bulles blanches avec un naturel rarement égalé. C’est magique, tout le public est en osmose,
applaudit les dernière divisions de l’école (on sait bien que c’est l’année la plus stressante pour eux), attend les étoiles avec une impatience qui se sent dans toute la salle, là c’est sur tout
le monde est retombé en enfance. C’est toujours la même chose et pourtant ce n’est jamais pareil. Mathias Heymann très applaudi et félicité. Nicolas Le Riche clôt les défilé des étoiles, comme le
prince des lieux. Tout se mélange cinq secondes et voilà, chacun se met à sa place. encore un tour de magie de l’Opéra, cette compagnie si merveilleuse, si parfaite qui est capable de tout, qui se
renouvelle sans cesse. On ne peut qu’admirer, se laisser bercer par cette image enchanteresse.
Le précipité est bruyant, les spectateurs discutent des danseurs, dans ma loge on essaye de se concentrer sur ce qui va venir.
J’ai vu Joyaux plusieurs fois, je l’ai en DVD, je connais bien ce ballet. J’ai toujours apprécié le voir mais jamais comme ce soir. Joyaux est un triptyque. Trois pierres, trois pays, une
vague allusion à trois femmes. Cette trinité s’ouvre avec Émeraudes, hommage à la danse française sur une musique de Gabriel Fauré. C’est la partie que j’aime le moins. La musique ne parvient pas à
m’emporter. J’ai donc regardé cette partie avec un oeil technique. J’ai observé avec grand intérêt la scénographie de Joyaux. Tout y est rigoureux et géométrique. Des octogones se succèdent tant
dans le déplacement des danseuses que dans leur placement. Laëtitia Pujol, bonne technicienne et très appliquée s’en sort bien dans cette distribution. Pauvre Benjamin Pech complètement effacé dans
le trio! les deux danseuses qui l’accompagnent… catastrophe!
Welcome New York ! Gillot, Heymann, Dupont… Je vis un grand moment. Rubis est une performance technique incroyable. Marie Agnès Gillot nous offre ses jambes. On peut être crispée par cette
artiste au vu de son physique particulier. Mais là ce n’est pas discutable. Elle est la seule à pouvoir faire ce qu’elle fait. Tout est placé, elle est parfaite dans le coeur de ce rubis de
danseuses. Le couple Aurélie/Mathias… du rêve! J’adore Aurélie Dupont, j’aime sa grâce, ses qualités d’interprète. Ce que j’aime encore plus chez cette interprète, c’est sa capacité à se
surpasser et à en offrir toujours plus. Ce soir, Mathias et Aurélie se sont amusés. Ils étaient à Broadway, ils ont dansé West Side Story, nous ont offert un show de claquettes. Mathias
Heymann, le jeune prodige, s’est envolé ; tout est trop facile pour lui. Il s’élance, saute toujours plus haut toujours plus léger, tout aussi musical. C’était incroyable! Je vous conseille d’y
aller avec cette distribution.
Diamants vient fermer l’écrin précieux de ces trois pierres. J’en ai juste le souffle coupé. De nouveau, j’ai vu Agnès Letestu et José Martinez. C’est pour eux une routine, et pourtant on a
l’impression que c’est comme une première fois. Ces deux artistes ont une fraîcheur et une complicité telle que l’on dirait que la chorégraphie est gravée dans leurs corps, qu’elle s’écrit au fur
et à mesure sur le tutu.
Balanchine est un chorégraphe fou, qui a tout fait. Joyaux est une petite fenêtre sur son travail. courez voir Joyaux à l’Opéra de Paris, on ne s’en lasse décidément pas!
Distribution du mercredi 21 octobre 2009 :
IER PAS DE DEUX EMERAUDES FEMME | Laëtitia Pujol |
IER PAS DE DEUX EMERAUDES HOMME | Mathieu Ganio |
2EME PAS DE DEUX EMERAUDES FEMME | Clairemarie Osta |
2EME PAS DE DEUX EMERAUDES HOMME | Benjamin Pech |
PAS DE TROIS EMERAUDES FEMME |
Mélanie Hurel Muriel Zusperreguy |
PAS DE TROIS EMERAUDES HOMME | Alessio Carbone |
COUPLE RUBIS FEMME | Aurélie Dupont |
COUPLE RUBIS HOMME | Mathias Heymann |
LA SOLISTE RUBIS | Marie-Agnès Gillot |
COUPLE DIAMANTS FEMME | Agnès Letestu |
COUPLE DIAMANTS HOMME |
José Martinez . |
J’ai assisté aux Joyaux dans cette même distribution, et je dois dire que c’était formidable, surtout les Rubies, dont la chorégraphie est plus entraînante, et les interprète ici
parfaitement choisis. Quant aux émeraudes, qui contituent également la partie qui m’enthousiasme le moins, je crois qu’il faudrait le revoir encore une fois pour pleinement l’apprécier – avec
quelqu’un de plus fascinant que L. Pujol, aussi.
Eh bien moi j’aime bien la délicatesse de emeraudes, l’élégance non tape à l’oeil, pas spectaculaire mais harmonieuse. ET je vous trouve dures avec Pujol, qui est si fine, si déliée dans les bras,
dans le buste, si musicale. Très Balanchine je trouve.
Bon, Dupont dans Rubis c’est… exceptionnel! mais des danseuses comme elle combien y en a-t-il par siècle?