Du 17 au 25 octobre, le Théâtre de la Ville présente Dance (1979) de Lucinda Childs, dans le cadre du Festival d’Automne. Cette artiste américaine fait partie du courant minimaliste et a collaboré sur ce triptyque avec l’artiste Sol LeWitt qui a réalisé les films qui se superposent à la danse. Sur la musique de Philipp Glass, on se laisse emmener dans un voyage hypnotique. Avec Ty Boomershine, Katie Dorn, Kate Fisher, Sarah Hillmon, Anne Lewis, Sharon Milanese, Matt Pardo, Patrick John O’ Neill, Lonnie Poupard Jr., Stuart Singer, Caitlin Scranton, Shakirah Stewart en alternance John Sorensen-Joliink. Retour sur la soirée du 17 octobre.
Le programme annonce trois pièces mais on peut suivre la soirée comme une seule grande chorégraphie qui gagne en intensité à mesure que la soirée avance. La musique de Philip Glass démarre, et comme la répétition des notes les danseurs sortent des coulisses et traversent l’espace de manière rectiligne. Les bras passent, avec une étonnante régularité, de la première à la seconde, fluides et si puissants qu’ils portent tout le reste du corps. Les costumes, très sobres, permettent de mettre en valeur les lignes corps et les trajectoires. Peu à peu, une grille se dessine, la géométrie de la chorégraphie se laisse entrevoir et on entre dans le vertige de cette danse.
Les images d’un film viennent se superposer et la scène prend une autre dimension. Les danseurs sont multipliés. De toutes les tailles, la vidéo reflètent en relief les danseurs sur la scène. Le film, la musique et la chorégraphie sont à l’unisson. Ils semblent avoir été créées les uns pour les autres. D’ailleurs, Lucinda Childs ne revendique pas comme chez Cunningham, une danse qui serait superposée à la musique, mais au contraire, la musique et la danse sont « un flux continu », qui ensemble, avec le film, fonctionnent ensemble. Les mouvements en engendrent d’autres, qui tombent en parfaite harmonie sur les notes de Glass et qui viennent se répéter dans vidéo sur différents plans. En haut de la scène, en bas à jardin, sur tout l’espace, en biais, ; le travail vidéo est assez remarquable. On regrettera cependant de regarder peut être plus le film parfois, notamment dans Dance II, où la danseuse sur la vidéo – qui n’est autre que Lucinda Childs elle-même – n’est sans comparaison avec celle sur scène.
À la fin, on en ressort assez ébloui, on ne sait trop comment le temps s’est étiré, sans doute, l’effet Philip Glass. La danse, humble dans son écriture, prend toute sa force dans la répétition de la structure chorégraphique, traversées et cercles, qui semblent revenir infiniment. De quoi rêver un bon moment…