© Syltren/ Rêves impromptus
La pluie ne pouvait rien contre mon moral aujourd’hui. Je suis allée cet après midi aux ventes privées Brontibay avec ma belle F***, toutes ces couleurs s’accorderaient à merveille avec des BB Repetto. Après cette virée shopping nous nous sommes offert un massage à la Villa Thaï, la vraie vie en somme ! Le soir à l’Opéra avec la meilleure compagnie qu’il soit, quoi de plus réjouissant pour ensoleiller cette journée où le ciel lui me boudait et est resté gris.
Sur la distribution papier, pas de traces des surprises annoncées. On parlait de Clairemarie Osta, Laëtitia Pujol faisant une apparition au deuxième acte dans les amies de
Swanilda. Elles n’étaient pas au rendez-vous au 2ème acte mais d’autres surprises sont venues se glisser dans le ballet. Première surprise, ma compagnie a le vertige. Il est vrai que quand j’étais plus jeune l’amphithéâtre me mettait aussi mal à l’aise. Maintenant je me penche à loisirs pour jalouser les spectateurs du parterre. Tiens mais c’est Amélie qui s’installe au 3ème rang.
Le défilé commence toujours avec la même émotion pour moi. La musique, les petits rats, les tutus blancs, l’ambiance de la salle (tout le monde y va de son petit commentaire), je signe et persiste j’adore ! Aux abonnés absents : Aurélie Dupont (toute jeune maman) et Hervé Moreau (toujours pas une seul mot de l’institution à son propos, vivement une rencontre AROP avec Bribri pour que la question soit posée).
Ciraravola ouvre le bal des étoiles avec grâce, MAG, Gilbert et Letestu sont très applaudies. Côté garçons Mathias Heyman nous gratifie d’un petit pas sauté pour nous saluer, José Martinez est littéralement ovationné et Nicolas Le Riche n’est pas non plus privé de bravos. D’ordinaire, la dernière étoile appelle par un port de bras tout le corps de ballet. Mais là un petit monsieur en costume et noeud papillon descend la scène penchée de Garnier. C’est tout ému qu’il ouvre ses bras pour appeler ses danseurs, comme pour les accueillir une dernière fois dans ses bras. Ils arrivent plus lentement que d’habitude, l’ambiance tant sur scène que dans la salle. Les applaudissements sont très très nombreux, le corps de ballet applaudit son maître qui a tant fait pour en faire la star des ballets. Autant je ne suis pas amatrice des chorégraphies de Patrice Bart, autant il faut saluer l’étoile qu’il a été et le maître de ballet extraordinaire qu’il est devenu. On oubliera ses défauts, ses gueulantes (souvent vulgaires) mais qui faisaient tout de même son charme.
Premier Coppélia pour moi de la saison, hors répétitions. J’ai essayé de comprendre un peu plus l’histoire ce soir. J’avais relu L’homme au sable, où en fait le
personnage principal est Nathanaël alias Frantz dans le ballet. Patrice Bart a fait le choix, de mettre en avant le personnage de Coppélius qui s’éprend de Swanilda, une jeune femme du village qui ressemble à sa femme décédée, et à la poupée qu’il est en train de monter avec son compère Spalanzani. Il fait de Coppélius un séducteur, qui est plus à mon sens un vieux pervers, on ne comprend pas bien ce qu’il veut, veut-il voler l’âme de Swanilda pour la mettre dans sa Coppélia, veut il vivre une histoire d’amour vériatble avec elle? Et le Frantz dans tout ça? Dans le conte, il tombe amoureux de la poupée, et se rapatrie sur Clara/Swanilda (les noms varient d’un livret à un autre) car elle au moins est humaine. Là il se bat à peine opur sa bien aimée. Il montre une faible jalousie. Bart justifie l’attirance de Swanilda pour Coppélius avec la fameuse scène des papillons de Frantz qui la dégoûte un peu des passions de Frantz (franchement entre le beau jeune homme qui collectionne des papillons et le vieux qui joue à la poupée, le choix est vite fait!). Ensuite la scène du blé où Swanilda est élue reine du blé hypnotise Coppélius, ce qui rend son esprit confus. J’attends de voir la version de l’école de danse pour voir sous quel autre angle peut être lu ce conte. Je trouve intéressant d’avoir donné une place plus grande au personnage de Coppélius, mais la lecture qui en faite est loin d’être claire.
Côté danse, Mathias Heymann fait bien du zèle ce soir en essayant de passer des pas plus compliqués. Il ne s’en sort pas toujours, en oublie parfois la musicalité (plutôt rare
chez le jeune prodige), mais c’est fait avec le sourire avec un certain amusement, comme il me l’a dit plus tard dans la soirée, « c’était ce soir ou jamais ». Il est bien dans ce rôle de cet
étudiant sûr de lui, potache avec ses amis. Il offre tout ce qu’il a, avec générosité et le sourire. j’étais ravie de le voir, puisque depuis le début de la saison, difficile de le voir (le
cheval de Caligula n’est pas un rôle qui me plaît et dans lequel il pouvait exprimer tout
son talent…). J’étais ravie de le voir souriant, sauter et tourner avec toujours autant de facilité. Dorothée Gilbert, était comme à son habitude, merveilleuse. Pas d’erreurs
techniques, une interprétation juste, espiègle séductrice et joueuse, elle fait rire la salle et emporte tout le public avec elle. La gigue écossaise reste mon passage préféré, j’y aime les petits pas qui s’y glissent, le manège et la traversée finale. Les amies de Swanilda avaient réservé quelques surprises à leur maître de ballet, dont la plus drôle était celle de Mathilde Froustey qui est restée coincée un bon bout de temps perchée en haut de l’escalier de l’atelier de Coppélius. Ses copines lui ont filé un bouquin pour s’occuper. José Martinez est exemplaire, j’ai l’impression parfois que sa danse se perfectionne de jour en jour. En tous cas, il me touche de plus en plus, et ce soir c’était un vrai plaisir de le voir dans ce rôle un peu plus noir que les rôles de prince qui lui collent (un peu trop parfois) à la peau.
Le ballet s’achève sur la fuite de Swanilda et Frantz, venu au secours de cette dernière au moment où les choses commençaient à mal se passer dans l’atelier.
Aux saluts, Patrice Bart est convié par Dorothée Gilbert, seul sur scène, une pluie de pétales roses tombent. Tout le ballet, ainsi que Brigitte Lefèvre, Elisabeth Platel et bien d’autre viennent saluer une dernière fois le maître. Le moment est émouvant, touchant, on sent la tristesse mêlée à la joie de toutes ces personnes présentes sur scène.
La suite de la soirée se passe au Grand foyer où Patrice Bart se voir remettre le titre et la médaille de Commandeur des Arts et des lettres après un discours soporifique du
Ministre de la Culture (on aurait cru qu’il l’enterrait).
Au revoir Monsieur Bart…
- La distribution du 30 mars
SWANILDA | Dorothée Gilbert |
FRANTZ | Mathias Heymann |
COPPELIUS | José Martinez |
SPALANZANI | Fabrice Bourgeois |
Léo Delibes | Musique |
Patrice Bart | Chorégraphie et Mise en Scène (Opéra national de Paris, 1996) D’après Arthur Saint-Léon |
Ezio Toffolutti | Décors et costumes |
Yves Bernard | Lumières |
Orchestre Colonne
Koen Kessels Direction musicale
- Les adieux de Patrice Bart
Tous ces départs! sont tellement émouvants! ça me fait toujours quelque chose (même si moi non plus je ne suis pas du tout du tout fan des choré de P. Bart…).
Ah mince j’ai loupé la soirée au grand foyer! il fallait une invitation?
En tout cas c’était une bien belle soirée. Le défilé est toujours aussi magique. De beaux interprètes pour Coppélia…
C’est fou qu’on ne se soit pas croisées. J’étais en 4e loge de côté!