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La Sylphide se lève à l’Est.

Moscou ! Une ville qui semble inatteignable. Souvent dépeinte comme lointaine politiquement mais si proche culturellement.

L’esprit slave est si envoutant. Lorsque je suis arrivé à l’approche de Shermentievo, les plaines de l’oblast de Mocba encore enneigées luisaient sous la pleine lune. Fascinant spectacle, le tout servi par le (très) charmant sourire d’une policière aux frontières russe de l’aéroport.

A l’occasion de cette visite de Moscou, je suis chanceux, La Sylphide me tend les bras depuis le Bolchoï. Dans l’idée, c’est comme aller écouter du Wagner dirigé par Karajan à Bayreuth ou bien aller à la messe de minuit à Saint Pierre de Rome.

La Danse en Russie ? Celle qui donna un grand coup de fouet(té) au début du XXe siècle et perpétue de nos jour le répertoire classique dans sa fidélité et sa réussite. Pour nous français, venir l’admirer n’est pas si simple. Le visa obligatoire pour le tourisme peut s’obtenir via l’ambassade après moult paperasses et après avoir obtenu le fameux « voucher touristique ». Pour ma part il était plus simple de passer par une agence. Bref aussi accessible qu’un Ballet classique à Garnier pour une famille de province. Après tout, ce parcours du combattant rend la conquête de la soirée vécue au Bolchoï encore plus savoureuse.

La neige est déblayée autour du Bolchoï, sa façade à colonnes Grecques brille de mille feux sous un soleil d’or. Les Uber Mercedes aux vitres teintées aux tarifs dérisoires déposent toutes sortes de familles ou groupes devant l’imposant monument qui figure également sur les billets de 100 RUB. En revanche c’est un peu plus à gauche que les choses se passent. La Sylphide se donne sur la « Nouvelle Scène » du Bolchoï inaugurée en novembre 2000 pour continuer les spectacles durant la rénovation du vrai théâtre.

Comme dans tous les restaurants de la ville, le vestiaire est très utilisé, garder son manteau pelisses d’ogres et manchons de vison à l’intérieur est tout à fait inhabituel. Heureusement car ce spectacle va réchauffer l’esprit. Bien que récente, cette salle pourrait fort bien être comparée à un opéra national d’un pays de l’est du fin XIX ou début XXe. Lustres chargés, dorures et marbre, le tout aux angles parfois vifs, constituent l’atmosphère chaleureuse et parfois lourde d’un monument Russe.

  A peine commencée cette Sylphide version Bournonville captive et défile à une vitesse vertigineuse, j’y ressens une très belle direction de la troupe et du spectacle. Pas de temps morts, enchainements parfaits. La composition met bien en valeur la ballerine. Nina Kaptsova, Etoile du Bolchoï et deux fois nominée au Benois de la Danse (excusez du peu) déploie une douce sensualité, dessine des arabesques parfaites, mes yeux ne la quittent plus, c’est si beau ! Nul besoin d’intellect ou d’effort, La Sylphide est là, incarnée et dominante.

  Semyon Chudin alias James a tout d’un beau danseur avec son physique, mais je suis plus séduit par son ennemi, le fameux Gurn. Pour ce dernier, le voleur de fiancée est joué par Artur Mkrtchyan avec une série éclatante d’entrechats 6 dont je n’avais pas le souvenir auparavant. La sorcière malicieusement interprétée par Kristina Karasyova jusqu’au bout, sera également applaudie comme il se doit par le publique. Tout cela vit très joyeusement. Quelque chose dans leurs veines coule et semble provoquer ce spectacle complet. L’ajout des pantomimes disparues et rajoutées dans cette version par Johan Kobborg en 2008 complètent avec délicatesse ce chant de l’âme de la Sylphide.

  Avec Pavel Klinichev à la baguette de l’orchestre du Bolshoï, on retrouve évidemment, dans la fosse, une grande qualité. Un ballet porté par un tel émoi musical donne aux solistes l’opportunité de développer davantage de reliefs et de virtuosité.

Cette nouvelle scène est intimiste avec un confort homogène. En effet, la jauge est plutôt faible au regard de la production consistante qui est offerte. Le tout avec un grand orchestre pour une scène large mais pas trop haute.

Le public relativement populaire est de tous horizons et de tous âge. Il n’hésite pas à applaudir de manière spontanée lors des premières apparitions. Seul endroit où j’ai croisé des français lors de mon voyage. Publique assez expressif. La fosse dont l’ouverture est profonde permet un véritable « curtain call ». L’allée centrale laissée libre permet au public de s’avancer et d’applaudir à deux mètres le couple du soir très gâté par les fleurs. Fleurs qu’il est interdit de jeter sur la scène, mais plutôt confiées à un service dédié qui les remet aux solistes lors des saluts dans le style d’une remise de médaille aux JO.

Selon l’agréable programme riche en contenus divers, il y est indiqué qu’il s’agit de la 203ème performance de La Sylphide au Bolchoï depuis 1994, je suis curieux de voir une date aussi tardive pour un ballet datant de 1832.

La soirée terminée, les belles femmes russes sur des talons de 10 cm repartent en berline teintée pour un restaurant sans doute copieux. En bravant les rafales glacées d’un hiver sans fin, les intellos pourront toujours aller visiter certains musées qui peuvent fermer jusqu’à 22h.

Le Ballet ne peut s’envisager dans le futur sans cette institution grâce à laquelle j’ai pu, avec le ballet de Vienne, multiplier cette année mes sensations chorégraphiques classique.

C’pas si bas, l’Bolchoï.

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Техникум (Tehnikum)

Ulitsa Bol’shaya Dmitrovka, 7/5с2, Moskva, Russie, 125009

Pub gastronomique idéal pour un avant ou après Bolchoï. Cadre agréable pour un Borsht qui ne reste pas longtemps dans l’assiette. A 200m de la salle. (Au moins il y a pleins de bons restau autour de cet opéra)

 

Мари Vanna (Mari Vanna)

Spiridon’yevskiy Pereulok, 10a, Moskva, Russie, 123104

Petit cocon merveilleux et chaleureux surveillé par un chat imperturbable à l’entrée, malgré un enfant qui joue de la trompette dans les oreilles de sa mère plutôt que de terminer son jus de groseille. Adresse très bonne et clairement incontournable.

Новодевичье кладбище (Cimetière de Novodevitchi)

Luzhnetskiy Proyezd, 2, Moskva, Russie, 119048

N’hésitez pas à vous perdre dans ce cimetière ou repose un grand nombre d’artistes ou personnalités Russes tel que Chostakovitch, Prokofiev, Galina Oulanova ou encore Anton Tchekhov. Accolé à un superbe couvent, un ballade poétique se dessine sous la neige ou l’ombre des imposantes pierres tombales.

 

Государственный музей изобразительных искусств имени А.С. Пушкина (Musée des beaux-arts Pouchkine)

Ulitsa Volkhonka, 12, Moskva, Russie, 119019

Beaucoup de musées à Moscou, en plus des plus importants comme le Kremlin ou Tretriakov, n’oubliez pas celui des Beaux-arts Pouchkine. Vaste collection avec finalement assez peu d’œuvres russes mais malgré tout un joli feu d’artifice artistique.

 

 

« La Sylphide » à la nouvelle scène du théâtre du Bolchoï à Moscou le 31 Mars 2018.