Soyons clairs, je n’ai passé une bonne soirée. C’était même si long et si pénible que je suis partie avant la fin. Sur le papier pourtant cela faisait rêver. On parle dans la presse de Martin Schläpfer comme du nouveau Balanchine, que c’est LE maître du néo-classique. Soit j’ai du mal avec ce qu’on appelle néoclassique aujourd’hui, car je le trouve figé dans des formes et des extensions qui ne m’intéressent guère, soit je n’ai pas compris le propos du chorégraphe. La compagnie est par ailleurs très belle et j’aimerais la découvrir dans d’autres chorégraphies.
Est-il audacieux de danser sur La Truite de Schubert ? Franchement c’est plutôt ringard et cela fait assez gala de fin d’année. Forellenquintett se déroule dans les fonds marins et on peut dire qu’on touche le fond niveau scénographie, décor et costumes. On a donc des bandes argentées noires sur les côtés de la scène et dans le fond. Il ne manque plus que les bulles de savon… Les costumes sont fait d’académiques de couleurs criardes. On supposera que ça représente des poissons ou autres créatures marines. J’ai trouvé cela personnellement tellement laid, que cela m’a laissé indifférente à toute possibilité d’imagination. On trouve aussi un pêcheur, qui ne parvient pas à grand chose avec ses bottes de pluie. Parlons un peu de la danse, puisque finalement c’est tout de même ça qui aurait du me toucher. Ça a fait flop, j’ai vu des mouvements très difficiles à réaliser techniquement, des beaux danseurs à la technique solide, voire presque infaillible, des oiseaux dans le fond de l’eau, comme un cygne qui se noie, mais je n’y ai pas vu e beauté, de grâce. J’ai trouvé qu’on enchaînait des scènes, sans trop de sens, sans lien. La salle souriait et je faisais grise mine. Je me suis d’ailleurs étonnée de voir le public de la ville si enthousiaste, c’est parfois à ne plus rien y comprendre.
On m’avait dit que j’apprécierais peut être plus le deuxième ballet. Pièce pour 44 danseurs, du reste il n’y en a jamais eu autant sur la scène de ce théâtre, la chorégraphie se danse sur Morton Feldman. La musique ne m’a pas gênée, j’apprécie plutôt ce genre de proposition. Scénographie sobre, élégante avec ce bleu dégradé entre les costumes, les éclairages, j’ai plutôt adhéré à cette mise en scène. De ce que j’ai vu de la danse et qui m’a suffit, je suis partie à la moitié, je n’ai pas aimé le faux côté Cunningham avec ces unités qui dansent chacune dans leurs bulles. J’ai trouvé cela très prétentieux, très démonstratif, du genre regardez ces quatre femmes peuvent trouver la même émotion que le Tanztheater, ou regardez la souplesse des danseurs… On a eu du développé en veux tu en voilà, du grand écart, à en être écœuré. Je n’ai pas aimé du tout ces corps qui se disloquaient presque, j’y ai trouvé une violence non justifiée, quand d’autres derrière semblaient sortir d’un long coma. J’ai cru à une amplification, quand les corps étaient à moitié dévoilés derrière les rideaux, mais non, je me suis replongée dans l’ennui quelques minutes après. Des fois, il ne faut pas se forcer. Un bouquin avec un thé vaut mieux que d’être agacée par un spectacle.
Page du Théâtre de la Ville, clic.
A lire sur le web et dans la presse
Le Monde, Deux pièces, quarante-quatre danseurs : que du muscle, clic.
Danses avec la plume, clic.
Financial Times, Two Faces of Ballett am Rhein, clic.
France Inter, présentation du spectacle et interview, clic.
Impressions danse, clic.
Critiphotodanse, clic.